Autotest VIH, un outil de plus pour dépister davantage - Porphyre n° 516 du 03/10/2015 - Revues
 
Porphyre n° 516 du 03/10/2015
 
DÉPISTAGE DE L’INFECTION À VIH

S’informer

Actus

Auteur(s) : Christine Julien

Il est enfin arrivé en pharmacie ! L’autotest VIH, fabriqué par la société AAZ, a fait son entrée dans la liste des tests de diagnostic in vitro pouvant être vendus dans les officines et sur leur site Internet. Distribué par les laboratoires Mylan au prix public d’environ 28 €, il va permettre de débusquer quelques-uns des 28 000 à 30 000 séropositifs qui s’ignorent en France car « malgré l’apport des tests de diagnostic rapide, le dépistage du Plan national sida 2010-2014 est un échec », a regretté le professeur Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon (Paris), lors de la conférence de presse organisée par AAZ le 15 septembre.

Un test d’une grande fiabilité

Pour traiter les personnes, il faut les faire entrer dans le parcours de soins. Et ce, si possible avant l’apparition de complications. Pour cela, il faut diminuer les diagnostics tardifs au stade sida, lutter contre les occasions manquées de se faire dépister et bénéficier au plus tôt des antirétroviraux. « L’autotest vient renforcer les éléments de prévention, a ajouté le Pr Pialoux. Il n’est pas un test de substitution des autres tests ».

L’autotest VIH d’AAZ est « d’une très grande fiabilité et facilité d’utilisation, a précisé le Dr Thierry Prazuck, chef de service maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital d’Orléans. Son étude a montré que « 100 % des tests se sont révélés positifs chez les personnes atteintes et que le test était négatif chez 100 % des personnes indemnes. La fenêtre sérologique, c’est-à-dire l’apparition des anticorps anti-VIH, est fixée à trois mois par précaution ». L’autotest demeure un test d’orientation diagnostique. Tout résultat positif doit donc être vérifié par un test Elisa en laboratoire et confirmé par un test Western Blot (lire aussi « Matériel » p. 42).

S’adapter à chaque demande

« Cet autotest facilite l’accès au dépistage, a appuyé Alain Delgutte, président de la section A des titulaires à l’ordre des pharmaciens. Il s’agit pour les pharmaciens et les préparateurs de le délivrer en assurant la confidentialité et un accompagnement avec sérieux ». Aux officinaux qui s’inquiéteraient des réactions des clients selon le résultat, le Dr Arame Reymes-Mbodje, directrice de Sida info service (SIS), rappelle que le dispositif d’écoute de SIS a « une expertise mise à disposition de tous ceux qui auraient des questions ». Téléphone, chat, mail, forum, sans oublier de courtes vidéos pour mieux comprendre ce nouvel outil de dépistage de l’infection à VIH. Comme le souligne Alain Delgutte, « le devoir de l’officinal est d’orienter le patient » car le test n’est pas adapté à toutes les situations (voir encadré). Tout dépend du délai écoulé entre la prise de risque et la réalisation de l’autotest. « La règle des trois mois [sans prise de risque] permet d’affirmer dans 100 % des cas une négativité, a rappelé le Dr Radia Djebbar, coordinatrice scientifique de SIS. Mais gare aussi à ne pas trop s’immiscer dans l’intimité. On peut vendre un test même si la prise de risque remonte à moins de trois mois, mais il faudra expliquer. L’officinal devra s’adapter à la personne en face de lui ».

Formation (lire p. 52) et écoute attentive, les officinaux ont désormais la balle dans leur camp. La législation n’autorise pas encore la mise à disposition du test en accès libre, mais certains titulaires l’ont mis sur le comptoir ou à proximité pour inciter au dépistage. Une évaluation est prévue courant 2016. En attendant, n’oubliez pas de donner une boîte jaune Cyclamed lors de toute vente pour éliminer le matériel usagé.

80 000 tests sont mis à disposition des officines par le fabricant AAZ et commercialisés par le laboratoire Mylan, qui distribue aux officinaux cette vitrophanie pour informer leur clientèle.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !