“Si la branche officine souhaite rediscuter d’un BTS, nous la recevrons avec grand plaisir” - Porphyre n° 515 du 04/09/2015 - Revues
 
Porphyre n° 515 du 04/09/2015
 
L’INTERVIEW

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Actus

Brigitte Trocmé, chef du bureau des diplômes professionnels à l’Éducation nationale.

Quel est le rôle de l’Éducation nationale concernant la rénovation du diplôme de préparateur ?

Nous, l’Éducation nationale, sommes en quelque sorte « en bout de chaîne ». Nous ne construisons un diplôme qu’en réponse à des besoins avérés et explicités par les professionnels. À partir des souhaits exprimés par la branche, nous pouvons engager une rénovation dans le cadre qui nous est possible, celui des diplômes existants.

Qu’est-ce qu’un BTS de l’Éducation nationale ?

Le brevet de technicien supérieur est un diplôme professionnel défini et élaboré avec les représentants du monde économique afin de répondre à des besoins identifiés et donner à ses diplômés une qualification et une insertion professionnelle immédiate. Il comporte des périodes de formation en entreprise. Les BTS sont forcément élaborés - et modifiés - au sein des commissions professionnelles consultatives (CPC). On ne peut pas rénover ou créer un BTS, ou tout autre diplôme, sans l’avis des professionnels, employeurs et salariés, qui d’ailleurs participent activement aux travaux d’écriture du référentiel. La branche officine semble pour le moment orientée vers un diplôme d’État, mais s’ils souhaitent rediscuter d’un BTS, nous les recevrons avec grand plaisir.

Dans les BTS, il y a toujours une partie d’enseignements généraux. Il semble que ce frein soit important pour imaginer un BTS pour le préparateur en pharmacie.

Oui mais ce n’est pas énorme car on est quand même en post-bac et l’on considère que le socle de culture générale est acquis. Il n’y a pas d’histoire-géo ou d’éducation physique, mais tous les BTS ont une unité culture générale et expression, ainsi qu’une langue vivante, ce qui ne semble pas illogique pour un métier où le contact avec le public est important. Beaucoup de BTS ont des unités de maths et de sciences dans une sorte de cœur commun à plusieurs d’entre eux. Un BTS de préparateur en pharmacie aurait à n’en pas douter une dimension scientifique spécifique, en lien avec les particularités et exigences de ce métier.

Un BTS peut-il se faire uniquement par l’apprentissage ?

Non, c’est impossible réglementairement. Tous les diplômes professionnels peuvent être préparés par toutes les voies : initiale scolaire, apprentissage, formation professionnelle continue, etc. Et ce, y compris dans d’autres établissements que ceux de l’Éducation nationale. Tout établissement privé peut ouvrir un BTS, mais c’est l’Éducation nationale qui reste le certificateur du diplôme, qui « fait passer l’examen », puisque le diplôme est délivré, non pas par l’établissement de formation mais par le recteur d’académie au nom du ministre. Le BP est un cas particulier car il ne peut être préparé par la voie scolaire mais seulement par les voies de l’apprentissage ou de la formation continue.

Autre frein au BTS, le temps de présence très fort en centre de formation et très faible en entreprise…

Dans un BTS en apprentissage, la durée de la formation dispensée en CFA est réglementairement au moins égale à 1 350 heures sur deux ans. Dans le cadre de la formation professionnelle continue ou contrat pro pour les diplômés de niveau IV, genre bac, le minimum est de 1 100 heures en centre. Par la voie scolaire, les BTS ont en général, sur les deux ans, entre huit et quatorze semaines de stage en entreprise.

Serait-il possible d’envisager un BTS suivi d’une licence pro pour les préparateurs ?

Un BTS est un diplôme professionnel, ce qui signifie qu’il faut déterminer les emplois susceptibles d’être occupés avec ce diplôme lorsqu’on l’élabore. Si la rénovation du diplôme de préparateur s’orientait vers un BTS suivi d’une licence professionnelle, cela voudrait dire qu’il y aurait deux niveaux d’emploi. Il faudrait dire que le BTS prépare à tel emploi et la licence pro à tel autre. De plus, il faudrait déterminer, s’agissant d’une profession réglementée, quel est le diplôme requis pour être préparateur. Le BTS ou la licence professionnelle ? On ne créera pas de BTS s’il n’a aucun sens du point de vue de l’accès à l’emploi car ce diplôme doit garder sa vocation professionnelle.

Serait-il cohérent de créer par exemple un BTS de technicien de pharmacie, qui aurait de nombreuses tâches sauf la délivrance des médicaments, suivi d’une licence pro Assistant du pharmacien avec possibilité de délivrer ?

C’est tout à fait imaginable mais ce n’est pas à l’Éducation nationale de le dire. Cela impliquerait des modifications du code de la santé publique sans doute. Et il faudrait que la branche nous décrive les activités et compétences attendues de ce technicien sortant au niveau du BTS. Cela voudra dire que la branche identifie dans la convention collective ces deux métiers-là. Mais cela aurait-il du sens à l’officine d’avoir ces deux professions ? On sait que le BP, de niveau IV, est massivement préparé par des gens avec un diplôme de niveau supérieur et qui ont des responsabilités non négligeables, donc pourquoi pas, mais cela ne viendrait-il pas percuter d’autres emplois dans la convention collective comme celui de pharmacien adjoint ?

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