Dame nature - Porphyre n° 515 du 04/09/2015 - Revues
 
Porphyre n° 515 du 04/09/2015
 
LUCE GAYET

EXERCER

C’est vous

Auteur(s) : Vincent Béclin

Main verte à la croix verte… Le polar en vue de la rentrée littéraire ? Non, le quotidien de Luce, préparatrice spécialisée dans les plantes. Sans tourner autour du pot, elle cultive son jardin et délivre de précieux conseils au comptoir.

En arrivant devant la pharmacie des Écoles de Vence (06), de petits panneaux attirent l’œil. On peut y lire sauge, basilic, thym, romarin, menthe, capucine… Autant de plantes qui poussent là au gré des saisons sous l’impulsion de Luce Gayet. Issue d’une famille d’artistes et d’amoureux de la nature – son grand-père Samivel, écrivain, illustrateur et cinéaste, a notamment été à l’origine du parc de la Vanoise, en Savoie –, cette préparatrice énergique s’est peu à peu forgée une légitimité dans ce domaine, faisant de son passe-temps favori un atout dans sa pratique.

Plantations maison

Cette passion prend désormais racine devant l’officine : « La municipalité a fait installer des jardinières le long de la route. J’ai demandé à en bénéficier d’une pour y cultiver des plantes ». Toutes proviennent du jardin de Luce, qui s’étend sur 500 m2. « Je cultive des graines anciennes, provenant de l’association Kokopelli ou d’échanges avec d’autres jardiniers. Légumes d’été, d’hiver, tout y pousse parmi des vignes anciennes, des fleurs et des aromates. Je fais des macérats huileux de basilic et autres plantes aromatiques, des confitures et des conserves de légumes ». Cet amour des plantes se partage ensuite avec les enfants – une école est située en face de l’officine –, les clients – « Cela fait vingt ans que je travaille ici, j’ai noué des relations privilégiées, j’échange des plants avec certains » – et… les touristes, qui n’hésitent pas à photographier ce jardin pas comme les autres. L’occasion aussi pour le nouveau titulaire de se faire connaître. En parallèle, Luce crée des jeux en bois pour une association, dessine, tout en s’investissant dans la vie associative ou, durant un temps, municipale. Cette touche-à-tout a même fait dans les prothèses mammaires et capillaires, travaillé avec une maison de retraite et œuvré dans un magasin de motos. Choisir un métier n’a pas été aisé non plus, entre l’école d’infirmière et la pharmacie. Un stage dans un hôpital pour enfants à Antibes la déçoit fortement, à la différence d’un stage en phytothérapie, à Nice : « J’ai bien accroché. Il y avait un lieu pour les préparations. Cela m’a plu, c’était parti ! »

Les fleurs du bien

Étonnant quand on sait qu’elle a raté son brevet professionnel en 1988 à cause du préparatoire. Son titulaire de l’époque décide toutefois de la conserver. « Depuis, je travaille sans le diplôme. Mais cela va changer puisque le nouveau titulaire m’a demandé de le repasser en candidate libre et de suivre une formation qualifiante en aromathérapie pour développer ce rayon ». Il faut dire que la concurrence est rude à Vence, qui compte sept officines pour 20 000 habitants. « Nous donnons beaucoup de conseils autour des produits naturels, huiles essentielles, fleurs de Bach, etc. Cela crée du lien et attire du monde à la pharmacie, connue depuis longtemps pour ses rayons phyto et aroma ».

En vingt ans, ce pilier de l’officine a vu évoluer l’exercice mais est restée fidèle aux plantes : « Les patients ont changé, il y a beaucoup plus de maladies dégénératives. Notre métier, lui, a régressé. Nous devenons des marchands de tout et n’importe quoi. J’ai eu la chance d’avoir de bons titulaires et de développer ma passion ». Et demain ? « J’ai envie d’avoir un coin de boutique, pour y faire mes mélanges de plantes, proposer des produits bio ». En attendant, des cueillettes sont régulièrement organisées et une bourse aux plantes est déjà prévue sur le parking de la pharmacie.

Luce Gayet

Âge : 47 ans.

Formation : BEP sanitaire et social, une année en école d’infirmière, BP en cours.

Lieu d’exercice : Vence (06).

Ce qui la motive : tout ce qui est plantes aromatiques et la phytothérapie en général.

Si vous étiez une titulaire ?

J’aurais une belle pharmacie et je serais à l’écoute de l’équipe car, quand l’équipe est heureuse, les clients le sont aussi.

Si vous étiez une cliente ?

Je voudrais qu’on s’occupe bien de moi, qu’on réponde à mes besoins.

Si vous étiez un médicament ?

Une aspirine. Provenant de mère nature, je descends de l’écorce du saule pour finir en aspirine et vous délivrer de vos douleurs et inflammations.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


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