Un enfant avec des molluscum contagiosum - Porphyre n° 514 du 01/07/2015 - Revues
 
Porphyre n° 514 du 01/07/2015
 

SAVOIR

L’ordo

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Zoé, 4 ans, a des lésions cutanées au coude, identifiées par son médecin comme des molluscum contagiosum. Ses parents souhaitent éviter le curetage par un dermatologue. Ils consultent un homéopathe, qui prescrit un traitement à renouveler si besoin jusqu’à disparition des lésions.

Prescription

Dr G.,

médecin homéopathe

Enfant Zoé M.,

4 ans, 0,95 m, 17 kg

• Cinnabaris 9 CH

• Dulcamara 9 CH

• Nitricum acidum 9 CH

5 granules de chaque matin et soir, sauf le dimanche.

• Vaccinotoxinum 15 CH

1 dose les premier et troisième dimanches.

• Medorrhinum 15 CH

1 dose les deuxième et quatrième dimanches.

Ce que je dois savoir

Législation

Cette ordonnance respecte la législation.

Condiv

C’est quoi ?

• Cette ordonnance prend en charge des lésions cutanées dites molluscum contagiosum. Elles sont dues à une infection par un virus de la famille des Poxvirus, bénigne mais contagieuse et très fréquente chez les enfants.

• La transmission se fait le plus souvent par contact cutané direct avec un patient infecté, plus rarement via les serviettes de toilette, les vêtements… La période d’incubation varie de quinze jours à quelques mois.

Symptômes

• Les lésions se présentent comme de petites excroissances cutanées de 2 à 5 mm de diamètre, perlées et ombiliquées (légère dépression en leur centre), le plus souvent en groupe.

• Elles se localisent généralement chez l’enfant au niveau du cou, des aisselles, du tronc, du visage, des membres ou des fesses.

Évolution

Sans traitement, cette affection bénigne guérit le plus souvent spontanément, mais lorsque certains molluscum s’en vont, d’autres peuvent survenir par contamination de la peau avoisinante. Il peut s’écouler de six mois à cinq ans pour que tous disparaissent définitivement sans traitement(1).

Objectif

L’objectif du traitement est de faire partir les lésions, à la fois dans un but esthétique et pour limiter le risque de contagion à un proche ou d’auto-contagion.

Médicaments

Cinnabaris

Souche préparée à partir du minerai de sulfure rouge de mercure, indiqué notamment pour lutter contre les rougeurs qui entourent fréquemment les molluscum.

Dulcamara

Souche préparée à partir des jeunes tiges feuillées et fleuries fraîches de la douce-amère (Solanum dulcamara), indiquée contre les lésions molles, transparentes, en gouttes, notamment contractées après un passage en piscine.

Nitricum acidum

Souche préparée à partir de l’acide nitrique pour lutter contre les excroissances cutanées type verrues ou molluscum.

Vaccinotoxinum

Biothérapique obtenue par dilution du vaccin antivariolique indiquée dans les éruptions cutanées vésiculeuses ; il y a une possible immunité croisée entre la variole et les Poxvirus, d’où son indication systématique en cas de molluscum.

Medorrhinum

Biothérapique obtenue à partir d’écoulements urétraux blennorragiques utilisée pour lutter contre les néoformations cutanées.

Repérer les difficultés

Rythme et durée du traitement

Le traitement homéopathique doit être pris très régulièrement, au moins un mois, renouvelable jusqu’à disparition des lésions. Si les parents de Zoé ne sont pas habitués à l’homéopathie, il faut aussi leur expliquer les modalités de prise.

Risque de contagion

Le risque de contamination de l’entourage ou d’auto-contagion (propagation des lésions à un une autre partie corporelle) est possible tant que les lésions sont présentes, le virus étant retrouvé dans le liquide à l’intérieur des excroissances perlées. Il est donc important de rappeler aux parents les mesures de protection pour l’ensemble de la famille, notamment en cas de proches immunodéprimés chez qui l’infection est fréquente et plus volontiers profuse.

Ce que je dis au patient

J’ouvre le dialogue

« Ces lésions de molluscum contagiosum sont très fréquentes chez les enfants. Le traitement homéopathique est une alternative au retrait des lésions chez un dermatologue par curetage, qui peut être douloureux, donc difficile à réaliser à cet âge. Il est néanmoins plus long et doit être suivi très régulièrement. Avez-vous déjà recouru à des médicaments homéopathiques pour vous ou vos enfants ? » La maman de Zoé avoue utiliser rarement l’homéopathie et toujours en aigu.

J’explique le traitement

Mécanisme d’action

• Ces lésions sont bénignes et, sans traitement, elles finiraient par se dissiper dans les mois, voire les années à venir. Cependant, elles contiennent un virus qui peut se propager. Les éliminer limite donc ce risque.

•  n’agit pas directement sur le Le traitement homéopathiquevirus mais vise à faire disparaître les lésions. Il s’appuie sur le principe de similitude, c’est-à-dire qu’il contient des substances dont les effets à dose toxique seraient similaires aux symptômes de Zoé. En les utilisant à doses très diluées, elles ont au contraire un effet thérapeutique et luttent contre les molluscum.

Horaires d’administration

• Cinnabaris, Dulcamara, Nitricum acidum : cinq granules de chaque à sucer ou laisser fondre sous la langue matin et soir, sauf le dimanche.

• Vaccinotoxinum : une dose entière les premier et troisième dimanches du mois.

• Medorrhinum 15 CH : une dose entière les deuxième et quatrième dimanches du mois.

Effets indésirables

Aucun n’est attendu.

J’accompagne

Surveillance

• Poursuivre le traitement un mois, voire trois mois, jusqu’à disparition des lésions. Surveiller l’éventuelle apparition de nouvelles.

• Les lésions peuvent devenir inflammatoires, plus rouges que rosées, en cours de traitement, ce qui est en général le signe d’une prochaine disparition. Dans ce cas, ne pas arrêter le traitement et poursuivre jusqu’à extinction totale.

• Chez certains enfants atopiques ou à la peau sensible, de l’eczéma survient parfois au niveau des lésions de molluscum : démangeaisons, rougeurs, desquamations… Conseiller de consulter à nouveau le médecin.

Conseils de prise

• Un calendrier est utile pour éviter les confusions entre les dimanches.

• Les granules sont sucés, laissés sous la langue ou même croqués, l’important est de les garder en bouche jusqu’à ce qu’ils soient fondus. Si Zoé préfère, on peut les diluer dans un verre d’eau avant de les administrer à la cuillère ou à la pipette. Mieux vaut les prendre hors des repas pour que les aliments ne gênent pas l’absorption et, le soir, avant le brossage des dents pour limiter le risque de caries lié au sucre des granules. On peut toucher les granules avec les doigts mais, pour l’hygiène, mieux vaut employer le compte-granules incorporé aux tubes.

Hygiène de vie

Pour limiter la transmission :

• éviter le plus possible la promiscuité et les contacts avec les lésions : la piscine, lieu privilégié de transmission du virus, les bains avec des proches, les contacts « peau à peau » ;

• ne pas partager les affaires de toilette ni les vêtements de Zoé ;

• ne pas gratter les lésions car il y a un risque d’auto-contagion et de contagion. Se laver les mains après les avoir touchées.

Vente associée

• Pour couvrir les lésions lorsque le contact cutané ne peut être évité, conseiller des pansements, résistants à l’eau pour les activités aquatiques (Urgo Waterproof, Mepitel…).

• Si les parents souhaitent associer un traitement local, les solutions d’hydroxyde de potassium (Molusderm, Molutrex, Poxkare…) sont indiquées pour le traitement des molluscum.

• En prévention des récidives, préconiser une dose de Vaccinotoxinum 15 CH par semaine.

(1) Source : www.abimelec.com

Un livre sur l’homéo

Ce protocole de traitement ainsi que de nombreuses autres affections courantes du nouveau-né, de l’enfant et de l’ado sont à retrouver dans l’ouvrage Pédiatrie, coécrit par Michèle Boiron et François Roux, pharmaciens spécialisés, en collaboration avec Pierre Popowski, pédiatre homéopathe.

Pédiatrie, Homéopathie, Les dossiers de l’expert, Éditions Le Moniteur des pharmacies, 40 €.

La maman me demande

« Le grand frère de Zoé, qui a 8 ans et pas de lésions, côtoie un enfant malade qui a des problèmes d’immunité. Y a-t-il un risque de transmission ? »

Oui. Votre fils peut être porteur du virus sans avoir pour l’instant de lésions puisque la période d’incubation varie de quinze jours à plusieurs mois. Pendant cette période, il peut transmettre le virus à son copain. Je vous conseille donc de respecter particulièrement les mesures de protection avec cet enfant.

« En tant qu’adulte, puis-je attraper ce virus ? »

Oui, même si c’est plus rare que chez l’enfant. Chez l’adulte et l’adolescent, lorsque les lésions siègent sur les parties génitales, le virus est également sexuellement transmissible.

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