Faut-il craindre le moustique tigre en métropole ? - Porphyre n° 513 du 03/06/2015 - Revues
 
Porphyre n° 513 du 03/06/2015
 

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décryptage

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Implanté en métropole depuis 2004, le moustique tigre est un vecteur connu de la dengue et du chikungunya, dont le risque de transmission est avéré. Une épidémie est un scénario possible. Chacun peut participer à la surveillance mise en place par les autorités.

Où trouver le moustique tigre en France ?

Outre sa présence de longue date à La?Réunion et à Mayotte, son implantation en métropole, mise en évidence en 2004 à Menton (Alpes-Maritimes), n’a cessé de progresser : région Paca, Corse, puis Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Bourgogne… Des détections ponctuelles sont aussi répertoriées, par exemple en région parisienne. La carte de présence 2015(1) fait état de vingt départements où le moustique est implanté et actif et d’une quinzaine où il a été intercepté de temps en temps.

Est-il dangereux ?

La nuisance de ce moustique se limite surtout à sa piqûre, parfois à l’origine de réactions cutanées prurigineuses, plus ou moins importantes. Dans certaines situations, il peut être vecteur de maladies et transmettre des virus, en particulier ceux de la dengue et du chikungunya. Pour ce faire, un moustique s’infecte au contact d’une personne virémique (présence du virus dans le sang, jusqu’à sept jours suivant les premiers symptômes) et sera capable, après incubation, de transmettre le virus lors de piqûres ultérieures.

Y a-t-il des cas en métropole ?

Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH)(2), 1?493?signalements ont été recensés du 1er mai au 30 novembre 2014, dont 627 ont été confirmés dans les départements où le « tigre » était implanté : 167 cas de dengue, 454 de chikungunya et 6?co-infections. La plupart provenaient des départements français d’Amérique (DFA) pour la quasi-totalité des cas de chikungunya, et d’Asie du Sud-Est pour la majorité des cas de dengue. Néanmoins, 4?cas autochtones (n’ayant pas séjourné dans une zone endémique) de dengue et 11 de chikungunya ont été confirmés.

Est-ce plus que les années précédentes ?

Le nombre de cas de chikungunya importés a fortement augmenté (de 1 à 40 cas entre 2006 et 2013) en raison de l’épidémie qui sévit depuis décembre 2013 dans les DFA et du nombre de plus en plus grand de départements colonisés par le moustique. Les 11 cas autochtones étaient un même foyer autour de Montpellier, liés à un patient de retour du Cameroun. Quant à la dengue, le nombre de cas importés a reculé depuis 2010.

Craint-on une épidémie en métropole ?

Reprenant l’exemple de l’incursion de chikungunya en Italie en 2007 (près de 300 cas en Émilie-Romagne), le BEH(2) estime que « la survenue d’épidémies urbaines de chikungunya, voire de dengue dans les zones colonisées par le vecteur, fait maintenant partie des scénarios possibles. […] Avec l’intense circulation internationale des personnes et l’implantation croissante d’Aedes albopictus en zone tempérée, le risque est maintenant globalisé ». Le système de surveillance renforcé et le plan « anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole » mis en place depuis 2006 auraient permis, jusqu’ici, une diffusion limitée.

Quel est ce dispositif de surveillance ?

Il comprend deux dispositifs nationaux pérennes (déclaration obligatoire des cas confirmés et résultats de sérologies) et un dispositif local et saisonnier de surveillance renforcée (du 1er mai au 30 novembre, période d’activité du moustique en métropole), avec le signalement accéléré des cas aux Agences régionales de santé par les médecins et les biologistes dans les départements où Aedes albopictus est implanté. Selon le niveau de risque (implantation du moustique, circulation autochtone du virus…) et la définition des cas (suspects, confirmés, importés ou autochtones), des mesures de lutte antivectorielle sont mises en place par les autorités.

Comment participer à la surveillance ?

Tout particulier peut signaler l’implantation du moustique tigre autour de son domicile sur le portail officiel dédié www.signalement-moustique.fr, mis en ligne par le Centre national d’expertise sur les vecteurs (Cnev), en lien avec les autorités sanitaires et les opérateurs publics de démoustication. Attention, le site « Vigilance-moustiques » qui propose un « Plan national de veille citoyenne » n’est pas adossé aux autorités sanitaires ni aux organismes publics mais à une entreprise commerciale ; le recueil de signalements ne donne ainsi pas lieu à une confirmation des signalements, ni à un traitement par les autorités sanitaires.

(1) www.sante.gouv.fr/moustiques-vecteurs-de-maladies.html

(2) BEH n° 13-14, 28 avril 2015.

NOTRE EXPERT INTERROGÉ

Frédéric Jourdain, Centre national d’expertise sur les vecteurs (Cnev), centre IRD de Montpellier (34).

Repères

Moustique, fiche technique

→ Nom : Aedes albopictus.

→ Surnom : moustique « tigre ».

→ Origine : Asie du Sud-Est.

→ Taille : environ 2 à 8 mm d’envergure (→ 1 cm).

→ Couleur : noir, rayures blanches visibles sur les pattes et l’abdomen, ailes noires.

→ Particularités : insecte diurne, vol lent, aisément « écrasable » en vol.

Les cas suspects sont définis par les critères cliniques suivants.

→ Dengue : fièvre supérieure à 38,5 °C d’apparition brutale et au moins un signe algique (céphalée, arthralgie, myalgie, lombalgie ou douleur rétro-orbitaire) en l’absence de tout autre point d’appel infectieux.

→ Chikungunya : fièvre supérieure à 38,5 °C d’apparition brutale et douleurs articulaires invalidantes en l’absence de tout autre point d’appel infectieux.

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