Agitateur d’idées - Porphyre n° 513 du 03/06/2015 - Revues
 
Porphyre n° 513 du 03/06/2015
 
CALOGERO SANFILIPPO

EXERCER

c’est vous

Auteur(s) : Vincent Béclin

À la différence de son homonyme chanteur qui vit « en apesanteur », Calogero Sanfilippo a les pieds bien sur terre. Observateur attentif, il entend dynamiser le métier de préparateur, ce qui passe par quelques coups de griffe…

Quand ce ne sont pas ses jambes avant une séance de course à pied, ce sont les idées qui fourmillent chez Calogero, préparateur énergique. Pourtant, rien ne le destinait à ce métier. Alors qu’il se rêvait médecin, il bifurque vers des études de biologie et d’écologie à la fac. En 2005, il choisit la vie active plutôt qu’une thèse. Maîtrise en poche, il entend parler d’une pharmacie cherchant un apprenti. Il s’y présente, motivé et attiré par un univers qu’il imagine dynamique. « Je voulais apprendre même s’il fallait repartir de zéro. Je restais toutefois dans le monde de la science ». Tout n’est pas facile : « J’étais assez solitaire, souvent dans les salles de manipulation ou le nez dans les livres ». Si les études sont une formalité, les premières semaines à l’officine, à Rive-de-Gier, commune de 15 000 habitants située entre Saint-Étienne et Lyon, sont délicates. Un vrai choc pour Calogero : « Il a fallu collaborer avec des gens qui n’étaient pas trèséclairés”. J’ai appris à parler juste et à me mettre au niveau de mes interlocuteurs, à devenir accessible ». Très vite, le contact avec les clients le libère et il embrasse la profession à bras-le-corps.

La santé et rien d’autre

Dix ans de pratique plus tard, le sentiment est plus mitigé : « C’est un monde plutôt sclérosé dont la formation est dépassée. Les jeunes ne sont pas bien armés. Il n’y a pas de bases de communication, de conseil. En CFA, on ne parle jamais de bas de compression, de ceintures lombaires, de chevillères… » Pour lui, la partie pratique de l’enseignement doit être réduite ou disparaître, au profit du commentaire technique d’ordonnance, plus utile au comptoir.

S’il peut en découler de la frustration chez certains, Calogero s’adapte, entre les ordonnances et les conseils aux patients. « Même si nos études ne sont pas les mêmes, on a parfois du mal à voir la différence avec un pharmacien. Dans la pratique, les clients attendent la même chose de nous ». Un changement de statut – « Pourquoi pas assistant en pharmacie » ? – et une meilleure reconnaissance lui semblent nécessaires, même si, là aussi, les choses évoluent peu : « Depuis des années, on entend dire que le diplôme va changer. La législation bouge, le marché bouge, le monde bouge, mais pas notre statut ».

Autre position bien tranchée, l’évolution de l’officine : « Le conseil associé, c’est de l’épicerie même s’il faut que la boutique tourne. On va dans le mur, il y a de moins en moins de différences avec les Leclerc quand on regarde les vitrines, les promos. Il faut assumer ce que l’on est, notre métier c’est la santé et pas autre chose ». Il se veut également favorable à l’ouverture du capital et à l’élargissement des entretiens pharmaceutiques aux préparateurs.

La formation est la clé

À écouter Calogero, qui a envie de faire bouger les choses, on l’imagine défendre son métier au sein d’une association ou d’un syndicat. Il n’en est rien : « Les syndicats sont à côté de la plaque. Fini le temps de la lutte des classes, il faut être pragmatique ! » En attendant, il livre ses réflexions sur les réseaux sociaux, notamment sur sa page Facebook… ou dans certaines enquêtes de Porphyre.

Pour lui, la formation est la clé. Un domaine qui pourrait le faire à nouveau changer de chemin pour y mettre certaines idées en pratique. « J’ai toujours voulu enseigner, ce que j’ai pu faire occasionnellement à Saint-Étienne durant deux ans, à raison de deux heures par semaine. Il y a toujours beaucoup à apprendre ». De soi et des autres.

Calogero Sanfilippo

Âge : 33 ans.

Formation : préparateur en pharmacie, maîtrise de sciences biologie et écologie.

Lieu d’exercice : Rive-de-Gier (Loire).

Ce qui le motive : les gens ! En rencontrer de nouveaux, les découvrir, les aider.

Si vous étiez un titulaire ?

Je serais une main de fer dans un gant de velours. Je ne changerais en rien ma relation avec les gens, attentif à leurs besoins, tout en restant concentré sur l’objectif.

Si vous étiez un client ?

Le pharmacien ayant un monopole, je serais exigeant avec mon interlocuteur, en attente d’informations précises. Et si ça ne va pas, je n’hésiterais pas à le dire.

Si vous étiez un médicament ?

Un psycho-stimulant qui donnerait de l’énergie, l’envie d’avancer.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !