« Je voudrais éviter d’avoir un bleu » - Porphyre n° 509 du 28/01/2015 - Revues
 
Porphyre n° 509 du 28/01/2015
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Précisez la demande

« Quand et comment est-ce arrivé ? », « Pouvez-vous me montrer la zone atteinte ? », « Est-ce très douloureux ? » ou « Pouvez-vous bouger sans problème l’articulation ? »

Recherchez certains critères

« Prenez-vous des traitements ? » ou « Souffrez-vous d’une maladie particulière ? » évalue une situation à risque (anticoagulants) ou d’éventuelles contre-indications (asthme déclenché par un AINS) ou intolérances (au froid dans la maladie de Raynaud …). « Êtes-vous sujet à des allergies cutanées ? » vérifie la tolérance des topiques (AINS, teinture mère d’arnica…).

2 J’évalue

Les contusions à l’origine de bleus ou d’hématomes sont fréquentes et, en l’absence de signes de gravité, relèvent du conseil officinal. Un avis médical est nécessaire en cas de : douleur ou gonflement important ; impossibilité de bouger le membre ou la région atteinte ; de vision modifiée suite à un choc au niveau de l’œil ou à proximité ; chez les personnes sous anticoagulants devant tout choc important ou au niveau du crâne.

3 Je passe en revue

Traitements locaux

Après un choc, l’application de froid soulage la douleur et limite l’étendue des ecchymoses et des hématomes. Des traitements locaux, antalgiques/anti-œdémateux, voire anti-inflammatoires, peuvent être employés en relais selon l’importance de la contusion.

→ Application de froid. Le froid provoque une vasoconstriction qui limite l’épanchement de sang, donc l’œdème, et protège ainsi les tissus sains. Il exerce également une action antalgique locale en ralentissant la conduction nerveuse. Précautions : non recommandée en cas de syndrome de Raynaud. Bombes ou sprays réfrigérants : « brûlures » possibles. Sprays réfrigérants : souvent avec menthol, ils sont généralement contre-indiqués avant l’âge de 6 ans. Gels à effet froid : à base d’alcool et de menthol (dérivés terpéniques possibles).

→ Agents anti-œdémateux. Arnica montana est d’usage traditionnel reconnu par l’OMS en traitement local de la douleur et de l’inflammation dues à des blessures mineures (ecchymoses, hématomes) ; l’OMS la déconseille lors de la grossesse. L’æscine (marron d’Inde) favorise la résistance capillaire, limite l’épanchement de l’œdème et diminue la sensibilité et la douleur liées aux contusions. Le pentosane polysulfate, dérivé proche de l’héparine, a une action anti-inflammatoire et anti-œdémateuse. L’association lidocaïne (anesthésique) et sulfate de magnésium (anti-œdemateux) est utilisée (Osmogel).

Précautions : les dérivés terpéniques, sont contre-indiqués lors de la grossesse et exposent à des risques de convulsions chez le nourrisson et l’enfant, et à des confusions chez la personne âgée.

→ AINS locaux. Ils limitent la douleur et visent à réduire le gonflement : diclofénac, ibuprofène, salicylate de diéthylamine (dérivé salicylé), parfois associé au lévomenthol, qui procure un effet froid, et à l’æscine, vasculoprotecteur. La forme emplâtre vise à améliorer la diffusion de la molécule. Précautions : un passage systémique est possible. Déconseillés lors de la grossesse et d’ulcère gastro-duodénal et contre-indiqués avant l’âge de 15 ans et à partir du sixième mois de grossesse. Ils exposent à des réactions de photosensibilisation.

Par voie orale

→ Antalgique : selon la douleur, paracétamol en première intention ou ibuprofène. L’aspirine augmente le risque de saignement et n’est pas recommandée.

→ Enzymes à visée anti-œdémateuse : en traitement d’appoint des œdèmes post-traumatiques (Extranase, dès 6 ans) mais intérêt mal démontré.

→ Homéopathie. Arnica 5 ou 7 CH, 3 granules toutes les 15-20 minutes après le choc, à espacer selon amélioration, Arnicalme

4 Je choisis

En fonction du patient

→ Âge : pas d’AINS avant 15 ans. Pour les autres références, vérifier systématiquement les limites d’âge.

→ Pathologies : le froid n’est pas recommandé en cas de syndrome de Raynaud ; il peut être mal supporté en cas de rhumatisme inflammatoire chronique.

De la symptomatologie

→ Dans tous les cas : froid et homéopathie ont un effet bénéfique.

→ Contusions « importantes » : AINS.

→ Contusions légères : arnica et autres anti-œdémateux conviennent.

La galénique

→ Froid. En crépitant (microbulles) : effet ludique. En spray : à éviter chez l’enfant et près du visage. Poche : pour tous, mais limite l’activité et nécessite un refroidissement préalable.

→ Emplâtre d’AINS : prêt à l’emploi.

→ Gel (AINS ou autres) : adapté à toutes les localisations ; nécessité de masser.

5 J’explique

Le traitement limite la douleur et l’étendue du gonflement ou du bleu. Le cas échéant, il peut être nécessaire de mettre au repos la zone atteinte. Consulter en l’absence d’amélioration après 48 heures d’automédication ou devant l’apparition de signes d’alerte. Les traitements locaux s’emploient quatre à cinq jours maximum.

6 Je conseille

Un protocole en cas de contusion

Le protocole GREC peut être proposé pour limiter le gonflement : Glace, Repos, Élévation du membre et Compression.

L’application de glace est d’autant plus efficace qu’elle est réalisée rapidement après le traumatisme, durant une vingtaine de minutes selon la tolérance ; puis bandage compressif avec une bande simple ou cohésive pour limiter la progression du gonflement. À répéter plusieurs fois dans la journée. Selon le cas, maintenir le membre en position surélevée pour ne pas aggraver le gonflement.

En cas de contusion légère, passer la blessure plusieurs minutes sous l’eau froide réduit l’apparition d’ecchymoses.

Respecter le bon usage

Les applications de froid ou de topiques se font sur peau non lésée (sans plaie, ni eczéma), à distance des yeux et des muqueuses pour les topiques et jamais sous pansement occlusif.

→ Poches de froid réutilisables : à placer avant usage au congélateur ou au réfrigérateur (une à quatre heures). Ne jamais appliquer sur la peau mais dans la housse fournie ; laisser en place selon la tolérance, environ 20 minutes ; à renouveler plusieurs fois dans la journée.

→ Spray froid : à pulvériser à au moins 15 ou 20 cm de la peau avec un mouvement de balayage.

→ Topiques : en massage doux et prolongé deux à trois fois par jour. Placer le tube au frais pour créer ou renforcer un effet de froid. Se laver les mains après.

Le condiv

→ Les contusions correspondent à une atteinte des tissus cutanés sans effraction de la peau suite à un choc direct avec celle-ci. Sans gravité apparente, elles se manifestent par une zone sensible au toucher, voire douloureuse lorsqu’on la bouge. Souvent, une ecchymose ou un hématome est présent. → L’ecchymose ou bleu signe un épanchement de sang sous la peau. Il ne s’efface pas à la pression et peut évoluer en prenant différentes teintes. → L’hématome correspond à un épanchement de sang plus important ; la zone apparaît bleutée et gonflée ; il peut être plus ou moins gênant (œil « au beurre noir » empêchant d’ouvrir la paupière correctement) et/ou douloureux (ongle violacé suite à un hématome sous-unguéal).

→ Causes : chocs brutaux ou légers mais répétés (au niveau plantaire chez les coureurs de marathon), chute d’un objet lourd. Ecchymoses et hématomes peuvent survenir spontanément lors de maladies perturbant la coagulation ou sous médicaments (anticoagulants, antiagrégants plaquettaires, corticoïdes au long cours).

→ Évolution : bleus et hématomes guérissent en quelques jours sans complication mais s’assurer de l’absence de lésions plus graves (entorse, fracture, lésion oculaire…).

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