Mon enfant a des vers - Porphyre n° 505 du 02/09/2014 - Revues
 
Porphyre n° 505 du 02/09/2014
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

1 Je questionne

Précisez la demande

« Avez-vous observé ces vers ? Où ? », « Comment se présentent-ils ? », « Votre enfant est-il en collectivité ? D’autres enfants de son entourage sont-ils touchés ? » permettent de vérifier qu’il s’agit bien d’une demande liée à des parasites.

Vérifiez certains critères

« Quels sont les symptômes ? Depuis quand ? Sont-il accompagnés de fièvre, de diarrhées, d’un amaigrissement, d’une perte d’appétit ? Votre enfant a-t-il voyagé à l’étranger récemment ? Avez-vous déjà essayé un traitement ? »

2 J’évalue

Les parasites intestinaux sont des protozoaires (une seule cellule) comme les giardia ou les amibes, ou des vers ronds ou plats (helminthes) type oxyure, ascaris ou tænia.

L’oxyurose

Seule l’oxyurose, parasitose très fréquente chez l’enfant (voir condiv) est du ressort officinal. Les vers femelles blanchâtres de 1 cm de long peuvent être visibles à l’œil nu au niveau de la marge de l’anus. L’affection est fréquemment asymptomatique. Quand il existe, le signe clinique principal est un prurit anal à prédominance nocturne (réveils, cauchemars, sommeil agité), voire des lésions de grattage. Chez la petite fille, des démangeaisons vulvaires sont possibles. L’enfant, fatigué notamment par le manque de sommeil, peut être irritable, agité. Les signes digestifs, douleurs abdominales, diarrhées, sont inconstants. L’association au bruxisme nocturne (grincement de dents) est souvent avancée, mais non prouvée. Exceptionnellement, les oxyures sont mis en évidence après appendicite.

Autres parasitoses intestinales

→ La giardiose, due à Giardia intestinalis, est également répandue chez les enfants – et chez les animaux –, plus fréquemment dans les régions chaudes et humides, mais aussi tempérées, notamment dans les crèches, où la transmission s’effectue par l’intermédiaire des mains ou des objets contaminés. Elle peut être asymptomatique ou générer des diarrhées aiguës ou chroniques. Le diagnostic nécessite une consultation et un examen parasitologique des selles. Le traitement repose sur les nitro-imidazolés, métronidazole (Flagyl) ou albendazole (Zentel), uniquement disponibles sur ordonnance.

→ L’ascaridiose et l’amibiase sont possibles, mais plus fréquentes dans les pays en voie de développement. L’infestation s’accompagne en général de signes digestifs (diarrhées, douleurs abdominales), de fièvre, d’un amaigrissement, voire d’une toux sèche (ascaridiose). Le tænia saginata (« ver solitaire », tænia le plus répandu en France), contracté par ingestion de viande bovine ou porcine mal cuite, est limité dans l’Hexagone grâce aux contrôles vétérinaires. Des anneaux (segments de ver) sont parfois visibles dans les selles.

Quand consulter ?

Orienter vers le médecin si : fièvre, amaigrissement, diarrhées, inefficacité d’un traitement précédent bien conduit, retour d’un voyage à l’étranger, doute du diagnostic. Le médecin pratiquera alors le « Scotch test » (prélèvement via un ruban adhésif à la marge de l’anus le matin au réveil) pour confirmer au microscope la présence d’œufs invisibles à l’œil nu.

Attention : certains parents associent systématiquement troubles comportementaux et vers intestinaux, même en l’absence d’autres symptômes. Or, ils peuvent révéler d’autres affections qui, si elles perdurent, nécessitent un avis médical.

3 Je passe en revue

Les médicaments allopathiques

Deux antiparasitaires sont disponibles en conseil pour traiter les oxyuroses. Ils se prennent en prise unique, renouvelée deux à trois semaines plus tard pour prévenir le risque d’auto-réinfestation.

→ Le flubendazole (Fluvermal). Cet anthelminthique intestinal à large spectre de la classe des benzimidazolés est actif sur les nématodes (oxyures, ascaris…) par blocage des mécanismes d’absorption nutritive des vers. Posologie dans l’oxyurose : 1 cuillère-mesure sans limitation d’âge ou de poids pour la suspension buvable à 2 % ou 1 comprimé à 100 mg.

Effets indésirables : rares, à type de douleurs abdominales, nausées, diarrhées ou réactions allergiques (urticaire, rash et œdème de Quincke rapportés).

→ Le pyrantel (Combantrin ; Helmintox réservé aux DOM-TOM). Cet anthelminthique agit par blocage neuro-musculaire des parasites. Il s’utilise chez l’enfant dès 12 kg, à la dose de 10 à 12 mg/kg en prise unique. Soit en suspension buvable dosée à 125 mg/2,5 ml : environ 1/2?cuillère-mesure correspondant à la graduation 2,5 ml par 10 kg de poids chez l’enfant, 3 cuillères-mesures chez l’adulte de moins de 75 kg et 4 cuillères-mesures au-delà de 75 kg. Les comprimés à 125 mg s’emploient dès 6 ans : 1 comprimé par 10 kg de poids pour l’enfant, 6 comprimés chez l’adulte de moins de 75 kg, et 8 au-delà. Effets indésirables : rares, nausées, vomissements, anorexie, diarrhées, douleurs abdominales et augmentation transitoire des transaminases. Céphalées, vertiges, asthénie, troubles du sommeil, rash cutanés sont exceptionnels.

En complément

Certains traitements « naturels » sont demandés en prévention en cures ponctuelles. Ils ne remplacent pas un antiparasitaire allopathique en cas d’infestation avérée. Il est courant de les voir conseillés au moment de la pleine lune ou de la nouvelle lune, un lien empirique étant avancé entre ces phases lunaires et la ponte des vers au niveau de l’anus.

→ L’homéopathie. Cina est la souche type de l’irritabilité nerveuse avec mouvements spasmodiques nocturnes, troubles digestifs et démangeaisons anales liés à une parasitose intestinale. Cina 9 CH, à raison de 5 granules deux à trois fois par jour, peut être proposé en complément du traitement allopathique.

→ Phyto et aromathérapie. Le Sirop végétal du massif de la Chartreuse est traditionnellement utilisé contre les vers intestinaux, à raison 2 cuillères à café (entre 3 et 13 ans) ou à soupe (au-delà de 13 ans) le matin à jeun trois jours de suite, à renouveler vingt jours plus tard. Les décoctions d’ail à boire deux fois par jour (difficile chez l’enfant !) et les graines de courges ajoutées à l’alimentation ou écrasées dans du miel sont citées pour leur action antiparasitaire. Les huiles essentielles de thym à linalol (dès 7 ans) ou de camomille romaine seraient antiparasitaires, à raison de 1?goutte dans une cuillère de miel, à laisser sous la langue 2 minutes trois fois par jour durant trois jours.

4 Je choisis

Selon le condiv

→ Infestation avérée : un antiparasitaire allopathique est conseillé.

→ Enfant < 12 kg : flubendazole.

→ Insuffisant hépatique : les doses de pyrantel doivent être réduites. Mieux vaut conseiller une consultation ou préférer le flubendazole.

→ Femme enceinte : le manque de recul ne permet pas de conclure à un éventuel effet embryotoxique ou tératogène des antiparasitaires, mais à ce jour aucun événement inquiétant n’a été signalé. Le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) conseille, si le traitement est nécessaire, de préférer pyrantel au premier trimestre, pyrantel et flubendazole étant utilisables aux deuxième et troisième trimestres.

→ Femme allaitante : peu de données existent sur le passage dans le lait des antiparasitaires, mais la concentration plasmatique étant négligeable, le Crat estime que flubendazole et pyrantel peuvent être employés.

Selon la galénique

Chez les moins de 6 ans, conseiller une suspension buvable en raison du risque de fausse route. Au-delà et chez l’adulte, suspensions buvables ou comprimés.

5 J’explique

Les oxyures sont des parasitoses fréquentes de l’enfant, en grande majorité bénignes, mais très contagieuses. Il faut traiter simultanément l’entourage de l’enfant (parents, fratrie, enfants gardés dans la même collectivité…), même en l’absence de symptômes. Les œufs de parasites pouvant être disséminés dans l’environnement, il faut les éliminer pour éviter les réinfestations. Le traitement nécessite une prise unique, mais il est préconisé de le renouveler systématiquement pour limiter le risque de réinfestation après quinze jours ou trois semaines, délai nécessaire pour un cycle de vie des parasites. Les démangeaisons peuvent durer jusqu’à une semaine après traitement. Si les symptômes persistent, il faudra consulter le médecin.

6 Je conseille

Modalités de prise

Une prise unique, à renouveler quinze ou vingt et un jours après à la même dose. Les comprimés peuvent être pris avec un peu d’eau ou croqués (Fluvermal) pendant les repas. Les solutions buvables ne nécessitent pas de précautions particulières de conservation, mais ne pas les utiliser plus de trois mois après ouverture. Fluvermal a un arôme banane, Combantrin caramel.Ni purge, ni jeûne préalable, ni régime alimentaire ne sont nécessaires avant, pendant ou après le traitement.

Traiter « large »

→ Environnement. Le jour du traitement, nettoyer les sols, laver la literie, les sous-vêtements, les pyjamas, les doudous, les peluches et changer tout le linge de toilette.

→ Les humains. Traiter tous les membres de la famille le même jour et de la même façon que l’enfant infesté.

Prévenir les réinfestations

Garder les ongles coupés ras, se laver les mains soigneusement après le passage aux toilettes ou changement de la couche, et systématiquement avant de passer à table. Aspirer/nettoyer les sols et la literie très régulièrement.

Le condiv

Les oxyures ou Enterobius vermicularis sont des vers ronds (nématodes), blanchâtres, de 5 mm de long (mâles) à 1 cm (femelles). Ils sont présents partout dans le monde, mais plus fréquemment dans les régions où le niveau d’hygiène est bas. L’oxyurose est une parasitose intestinale humaine très contagieuse et très répandue chez les enfants.

La contamination se fait par l’ingestion, voire l’inhalation d’œufs de parasites présents dans le milieu extérieur (draps, objets ou sol). La recontamination est fréquente par portage à la bouche de doigts souillés après grattage anal.

Le cycle parasitaire : après ingestion, les œufs embryonnés deviennent larves, puis adultes en deux à quatre semaines dans l’intestin grêle au niveau de la région cæco-appendiculaire. Seules les femelles gravides migrent vers l’anus et franchissent le sphincter anal, où elles pondent environ 10 000 œufs sur le pourtour anal avant de mourir, généralement le soir, d’où le prurit nocturne. Les œufs, très résistants, peuvent vivre deux semaines en dehors de l’hôte.

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