“Je voudrais un hydratant corporel” - Porphyre n° 504 du 28/06/2014 - Revues
 
Porphyre n° 504 du 28/06/2014
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Sur les signes et l’hygiène

« Que ressentez-vous ? La peau vous démange, vous tiraille ? » et « Depuis quand ? » orientent vers une cause ponctuelle. « Quel produit d’hygiène utilisez-vous ? » et « Hydratez-vous votre peau systématiquement après la toilette ? », selon le cas, « Avec quel soin ? » identifient une origine externe (voir « Le condiv »).

Recherchez d’autres causes

« Avez-vous récemment changé vos habitudes alimentaires ? », « Prenez-vous des médicaments ? » identifient des facteurs intrinsèques de déshydratation.

2 J’évalue

L’utilisation d’un hydratant corporel améliore l’aspect et le confort de la peau. Il limite tiraillements et démangeaisons, qui favorisent le grattage, et restaure les propriétés protectrices cutanées.

Consulter est nécessaire si la sécheresse ou les tiraillements ou démangeaisons persistent malgré l’hydratant, ou en présence de rougeurs et de démangeaisons, de plaques sèches résistantes (suspicion d’eczéma, de psoriasis…) ou de signes d’infections (lésions de grattage).

3 Je passe en revue

Une fois les causes gérées, les solutions palliatives consistent à limiter l’évaporation de l’eau et à fixer celle qui diffuse à l’intérieur de la couche cornée (voir encadré p. 39).Un soin hydratant freine l’évaporation, maintient l’hydratation du stratum corneum et renforce la cohésion intercellulaire de la couche cornée. Les actifs utilisés se répartissent en plusieurs catégories(1) auxquelles s’ajoutent parfois des actifs apaisants (niacinamide ou vitamine B3, eau thermale…).

Les filmogènes hydrophobes

Occlusifs, ils empêchent l’évaporation de l’eau présente dans l’épiderme : les hydrocarbures (vaseline, paraffine, squalane…) ; les cires animales (abeille, lanoline) ; les huiles animales, végétales (amande douce, bourrache, onagre…) et de silicone ; alcools gras (cétylique, stéarylique).

Les filmogènes hydrophiles

Les glycosaminoglycanes (acide hyaluronique, chondroïtine) forment un film hydraté et protecteur capable de maintenir le taux d’hydratation de l’épiderme et de ralentir l’évaporation sans être occlusifs, tout en conférant un aspect doux et velouté sur la peau (rôle de lubrifiant) ; le chitosane aurait les mêmes capacités de rétention ; les polymères substantifs (dérivés d’alcools polyvinyliques) créent une barrière hydratante polymérique. Autres polymères hydrophiles : gel d’aloès, galactomannanes et xyloglucanes, mucopolysaccharides des algues (Porphyridium cruentum, Zostera marina, Chondrus crispus) enrichis en zinc ou en cuivre (Algualane, Oligogeline), glycomannanes issues du Konjac Mannan…

Les hygroscopiques « hydratants »

Les humectants. Ils ralentissent la vitesse d’évaporation de l’eau, donc « imbibent » plus ou moins longtemps la couche cornée : les polyols (glycérol, glycérine, sorbitol…) agissent comme lubrifiants et émollients ; l’acide lactique et les lactates augmentent la quantité d’eau fixée ; les alpha-hydroxyacides (acides mandélique, leucique, glycolique, 2-hydroxycaprylique), non hygroscopiques, aux effets plastifiants sur le stratum corneum.

Les composants du NMF : l’acide pyrrolidone carboxylique (PCA) et ses sels ; le lactate de sodium ; l’acide glutamique et la glutamine ; l’urée hydratante à faible concentration (en se fixant sur les protéines de la couche cornée, elle augmente l’affinité cutanée pour l’eau) ; les acides aminés (sérine, citrulline, alanine, thréonine, ornithine, asparagine, glycine, leucine, valine, histidine…) sous forme d’hydrolysats de protéines fixent l’eau ; les sucres (glucose, lactose, tréhalose, désoxyribose, xylose, arabinose…) maintiennent l’eau.

Les lipides épidermiques

Les acides gras polyinsaturés. Les acides gras essentiels participent directement à la régulation de la perméabilité cutanée. Ils réalisent un film à la surface de la peau et sont susceptibles de s’incorporer au ciment intercellulaire : acide linoléique (huile de sésame, pin, tournesol, soja, pépin de raisin, noix, germes de céréales, Rosa moschata, macadamia, argan), acide gamma-linolénique (bourrache, onagre, kukui, pépin de cassis, groseille, framboise, huiles de poisson…).

Les antioxydants lipophiles : alphatocophérol, palmitate d’ascorbyle seraient hydratants après plusieurs semaines, via leurs propriétés antiradicalaires.

Les phospholipides, alcools et esters stéroïdiques, lanoline et dérivés : ils normalisent la fonction barrière et s’intègrent aux lipides intercellulaires.

Les céramides et glycosylcéramides (issus de la couche granuleuse et présents dans le stratum corneum) : indispensables à la bonne constitution et à la restauration du ciment intercellulaire, donc à l’hydratation de la couche cornée.

Le cholestérol.

Les différentes galéniques

Selon la teneur en corps gras – entre 15 et 35 % –, la texture du soin est plus ou moins « consistante » : gel, lait, crème ou baume dont la texture la plus riche est adaptée aux sécheresses sévères. Les huiles corporelles à base de lipides seuls, sans agents hydratants, peuvent ne pas suffire à compenser la sécheresse cutanée.

4 Je choisis

La galénique

La texture crème : un bon compromis entre onctuosité et facilité d’application.

Les textures « lait » ou « gel-crème » : s’étalent et pénètrent très facilement, mais ne nourrissent pas assez les peaux sèches à très sèches.

Les baumes : leur texture épaisse convient aux peaux très sèches ou à tendance atopique.

Le produit

Varier les marques permet de diversifier les actifs et de mieux compenser les éléments qui lui manquent.

5 J’explique

L’application d’un soin hydratant et nourrissant assouplit immédiatement la peau, ce qui améliore son aspect, le confort cutané et limite les complications.

6 Je conseille

Modalités d’application

Au moins une fois par jour, matin et/ou soir et tout de suite après le bain ou la douche, ou après une séance de piscine. Recommander une application durant au moins un mois.

Sur une peau propre, séchée par tamponnement car laisser l’eau s’évaporer à la surface de la peau aggrave la déshydratation. Appliquer une quantité suffisante et masser pour optimiser la pénétration, idéalement sur tous le corps, pieds compris, en insistant sur les zones sèches.

Une toilette de qualité

Privilégier un syndet, si la peau est irritée, à un savon dont le pH alcalin favorise les tiraillements et aggrave la sécheresse. Bien rincer. Proposer une huile de bain qui pallie les effets desséchants de l’eau en cas de sécheresse importante ; à éviter chez la personne âgée (risque de chute).

Éviter douches et bains trop chauds ou prolongés.

Hygiène de vie

> Éviter les brusques changements de température, les atmosphères surchauffées. Humidifier l’air s’il est trop sec.

> Avoir une alimentation assez riche en corps gras naturels (huiles, beurre).

> Boire au moins 1,5 l de liquide par jour.

> Au soleil, protéger sa peau à l’aide d’un photoprotecteur.

(1) Source : Actifs et additifs en cosmétologie, 3e édition, Éditions Tec & Doc.

Le condiv

La déshydratation apparaît lorsque la teneur en eau de la couche cornée est inférieure à 10 %. La peau devient rugueuse, moins souple, tiraille avec parfois rougeurs et squames. Facilement irritable, elle est davantage exposée au risque de démangeaisons, fissures, craquelures, crevasses et à un risque infectieux.

Une peau sèche (xérose) manque le plus souvent d’eau mais aussi de lipides car ces derniers sont indispensables au maintien de l’hydratation cutanée par leur effet « occlusif » (voir encadré page 39).

Facteurs de déshydratation : hygiène de vie (perte de poids répétée ou rapide, alcool, tabac…), l’âge (notamment aux âges extrêmes, avec en vieillissant une diminution de la sécrétion de sébum et de lipides cutanés ), facteurs pathologiques (pertes hydriques importantes, carences nutritionnelles, maladies, médicaments tels isotrétinoïne, hypocholestérolémiants, chimiothérapie…).

Facteurs externes favorisants : agressions mécaniques (épilation, frottement des vêtements ou des bottes en hiver, rasage, gommages corporels trop fréquents ou agressifs), agressions chimiques (cosmétiques non adaptés…) et climatiques (froid, soleil, climatisation…). Outre la déshydratation, la peau peut être le siège d’une sècheresse cutanée constitutionnelle ou secondaire à une dermatose (psoriasis…).

L’hydratation cutanée

Le derme, gros réservoir en eau de l’organisme, retient et cède l’eau en fonction des besoins, grâce à la présence de glycosaminoglycanes, essentiellement l’acide hyaluronique et les chondroïtines sulfates, capables de fixer plus de cent fois leur poids en eau. Alimenté en eau par le compartiment sanguin, le derme fournit à son tour l’épiderme. L’eau se déplace par diffusion vers la surface cutanée où elle s’évapore au contact de l’air ambiant en fonction de l’hygrométrie.

L’état optimal d’hydratation de la couche cornée se situe entre 12 et 15 %, ce qui confère à la peau ses propriétés biomécaniques (résistance, extensibilité et souplesse) et esthétiques (aspect et toucher).

La couche cornée assure la fonction barrière et régule les échanges hydriques entre l’intérieur et l’extérieur. Les cornéocytes captent et maintiennent l’eau grâce aux facteurs naturels d’hydratation ou NMF (Natural Moisturizing Factor) composés de substances hygroscopiques : acides aminés, acide pyrrolidone carboxylique (PCA), sels d’acide lactique, urée, sels minéraux, produits de dégradation de la filaggrine… Afin de garantir le maintien de NMF au sein des cellules et de limiter la perspiration, la présence de lipides, notamment sphingolipides, et céramides dans les membranes et les espaces intercellulaires est indispensable car ils contribuent à l’efficacité de la fonction barrière.

Un film hydrolipidique (FHL) de qualité permet de limiter l’évaporation grâce à son effet occlusif. Ainsi, un subtil équilibre entre apports hydriques (eau endogène, hygrométrie) et pertes (perspiration, sueur) donne une peau correctement hydratée, douce, souple, d’aspect agréable, lisse et résistante.

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