Pourquoi avoir modifié la conduite en cas de contraception d’urgence ? - Porphyre n° 500 du 04/03/2014 - Revues
 
Porphyre n° 500 du 04/03/2014
 

S’informer

Décryptage

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Des précautions contraceptives renforcées doivent être prise par les utilisatrices d’ulipristal (voir repères) sous contraception régulière hormonale. La HAS en tient compte dans ses « Fiche mémo contraception »(1), mais le message est peu clair.

Qu’est-ce qui a changé dans le thésaurus depuis janvier 2014 ?

Désormais, le thésaurus, référentiel national des interactions médicamenteuses, déconseille d’associer l’ulipristal acétate (UPA) avec un progestatif, contraceptif ou non, en raison du risque d’antagonisme des effets du progestatif. Il indique de « ne pas reprendre un traitement progestatif moins de douze jours après l’arrêt d’ulipristal. »

Pourquoi ce risque d’antagonisme ?

L’UPA est un modulateur synthétique sélectif des récepteurs de la progestérone qui se lie avec une forte affinité aux récepteurs de la progestérone. Il peut ainsi diminuer l’activité des médicaments contenant un progestatif. C’est pour cela qu’il est recommandé de ne pas associer EllaOne au lévonorgestrel (Norlevo et génériques) sur un même cycle.

Qu’implique cette association déconseillée ?

Une association déconseillée doit être le plus souvent évitée, sauf après examen du rapport bénéfice/risque, et impose une surveillance étroite du patient. « Logiquement, il faudrait que les femmes sous contraceptif hormonal (progestatif seul ou combiné, pilule, patch, anneau…) ne prenne pas l’ulipristal ou alors qu’elles arrêtent leur contraceptif pendant douze jours au moins, ce qui est impensable. explique Françoise Tourmen, gynécologue. En raison du risque d’oubli de reprise, on se trouve dans la situation où l’arrêt de la contraception régulière aurait des inconvénients supérieurs aux risques. » Cela implique par contre que les femmes se protègent par une contraception mécanique (barrière) supplémentaire pendant au moins douze jours – voire plus compte tenu du délai de reprise d’efficacité maximale du contraceptif hormonal – contre les sept jours jusque-là recommandés lors de la prise d’un contraceptif d’urgence, les recommandations ayant été établies alors que seul était commercialisé le lévonorgestrel.

Comment a-t-elle été intégrée dans les dernières recommandations de la HAS ?

En cas d’oubli/décollement/expulsion de pilule, patch, anneau, au-delà des délais de sécurité et si un rapport sexuel a eu lieu dans les cinq jours précédents, la HAS recommande, tout en poursuivant la contraception hormonale régulière, que la prise de toute contraception d’urgence soit désormais associée à une méthode barrière jusqu’au retour des règles suivantes « dans la limite de quatorze jours ».

Pourtant le lévonorgestrel en contraceptif d’urgence n’est pas concerné par ce risque d’antagonisme ?

Non, le progestatif lévonorgestrel n’est pas concerné. En toute logique, il devrait donc être proposé en priorité aux femmes sous contraceptif hormonal lorsque le rapport sexuel à risque date de moins de soixante-douze heures. Cependant, la HAS ne distingue pas les deux types de contraception hormonale d’urgence en recommandant une contraception barrière complémentaire « dans la limite de quatorze jours ». « Cette nouvelle formulation risque de brouiller le message au comptoir » estime le docteur Tourmen.

En pratique, que faut-il dire au comptoir lors d’une contraception d’urgence ?

Pour le lévonorgestrel, rien de nouveau par rapport à la conduite utilisée depuis 2004 qui préconise sept jours de contraception barrière si le contraceptif d’urgence est pris suite à un décalage au-delà de ce qui est autorisé. Et remettre la carte « Que faire en cas d’oubli de pilule » distribuée par l’Inpes et le Cespharm. Pour l’ulipristal, cet « antiprogestérone » est susceptible d’inhiber l’action des contraceptifs avec progestatifs au moins douze jours (dans la limite de quatorze jours). Lors de sa dispensation sur prescription, prévenir d’utiliser une contraception barrière jusqu’aux règles ou au moins deux semaines.

(1) Contraception hormonale orale, Contraception œstroprogestative transdermique ou vaginale et Contraception d’urgence, HAS, février 2014, sur www.has-sante.fr et www.cespharm.fr

NOTRE EXPERTE INTERROGÉE

Françoise Tourmen, gynécologue, formatrice, spécialiste de l’interprofessionnel en contraception, Arras (62)

Repères

Ullipristal acétate est contenu dans :

→ Esmya indiqué en traitement pré-opératoire des symptômes des fibromes utérins. Les RCP stipulent que « l’utilisation concomitante d’un contraceptif oral contenant uniquement un progestatif, d’un dispositif intra-utérin libérant un progestatif ou d’un contraceptif oral combiné n’est pas recommandée (…).

Une méthode non hormonale de contraception est recommandée pendant le traitement ».

→ EllaOne, contraceptif d’urgence. Les RCP stipulent que bien que l’utilisation d’EllaOne ne constitue pas une contre-indication à l’utilisation continue d’une contraception hormonale régulière, EllaOne est susceptible de réduire son action contraceptive. Il est par conséquent recommandé, après une contraception d’urgence, que les rapports sexuels ultérieurs soient protégés par une méthode de contraception barrière fiable jusqu’au début des règles suivantes.

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