Il était une fois les préparateurs… - Porphyre n° 500 du 04/03/2014 - Revues
 
Porphyre n° 500 du 04/03/2014
 

Enquête

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut*, Christine Julien**, Christel Leclercq***, Fabienne Rizos-Vignal****

À l’aube d’une quatrième réforme du métier de préparateur en pharmacie, Porphyre a souhaité pour ce numéro 500 rappeler les faits marquants de votre profession dont le besoin s’est fait sentir dès 1845… Connaître ses racines et s’approprier son histoire permet parfois de mieux comprendre sa situation actuelle et d’imaginer un futur. Même si les réformes semblent toujours avoir un train de retard…

L’histoire du métier de préparateur en pharmacie est étroitement liée à celle du pharmacien.

L’évolution du métier de pharmacien est à l’origine de la profession de préparateur en pharmacie dont les premiers statuts datent du 24 mai 1946, année où les femmes votent aussi pour la première fois en France.

Dès la fin du XIXe siècle, le métier, mais aussi le nom du préparateur en pharmacie a soulevé de vives discussions. L’histoire est témoin que la place de la profession des « aides » ou « auxiliaires » du pharmacien a toujours suscité de vifs débats. Et ce n’est pas fini…

AVANT ÉTAIT LE PHARMACIEN ÉPICIER…

Jusqu’au Xe siècle, l’art de guérir est surtout pratiqué dans les couvents, les communautés religieuses et confié à un seul homme, à la fois médecin et apothecarius (apoteké = magasin, lieu de dépôt) qui récolte les simples (plantes médicinales au Moyen Âge) et prépare les remèdes.

Au XIIe siècle apparaissent l’apothecarius laïque et le medicarus ou fisicus, tous deux remplaçant le médecin-apothicaire. Les apothicaires ne sont d’abord que l’une des catégories de marchands de drogues végétales spécialisés dans la vente des matières premières pour la confection des médicaments. À l’époque, les marchands d’épices et ceux de drogues médicinales s’appellent indifféremment espiciayres ou apothicaires selon qu’ils vendent surtout des épices ou des drogues.

À partir du XIIIe siècle, la préparation et la vente des drogues devient l’apanage des apothicaires, auxiliaires des médecins. C’est ainsi que Saint Louis leur donne un statut en 1258 (statut revu par Philippe le Bel en 1312, puis par Jean le Bon en 1339).

Au XIIIe et XIVe siècles, la profession pharmaceutique organise peu à peu sa réglementation dans le cadre d’une « communauté », comme tous les métiers. Les apothicaires édictent des statuts et des règlements pour une ville déterminée et approuvés par ordonnance royale afin de protéger le consommateur (eh oui…) et de veiller à la bonne qualité des drogues. Des inspections régulières – les visites – sont menées…

En 1484, l’Édit de Charles VIII interdit formellement l’apothicairerie à l’épicier à moins que ce dernier ne soit aussi apothicaire. En 1514, Louis XII dit : « Qui est épicier n’est pas apothicaire, mais qui est apothicaire est épicier. »

DE L’ENSEIGNEMENT TERRAIN AU COLLÈGE

Les apothicaires, ancêtres des pharmaciens, débutent leur carrière par un apprentissage de deux à dix ans chez un maître.

Au XVe et XVIe sièclesi et jusqu’au XVIIIe siècle, la formation technique du futur apothicaire a lieu chez un maître. Cette instruction est surtout pratique car les médicaments sont préparés dans une boutique ; le mot « pharmacie » désigne la profession.

→ Les candidats apprentis doivent posséder une certaine situation sociale, des connaissances intellectuelles – le latin est recommandé pour lire les prescriptions du médecin –, un âge déterminé – de 14 à 25 ans selon les villes – et parfois, être de religion catholique.

→ L’instruction chez le maître commence par la période d’apprentissage – quatre ans en moyenne – où l’apprenti ou serviteur apprenti, nourri, logé et blanchi, acquiert les rudiments de son art : opérations pharmaceutiques, préparations galéniques, onguents, cérats, pilules… Il doit aussi reconnaître les drogues. Pendant la seconde période dite de compagnonnage – six ans pour Paris –, il aborde d’autres disciplines et se déplace de ville en ville.

Le nombre d’apprentis par maître est limité à un – parfois deux – afin de réduire le nombre de futurs concurrents et de permettre aux compagnons de trouver du travail au cours de leurs déplacements.

→ Accéder à la maîtrise nécessite des conditions administratives et des épreuves scientifiques : l’examen de lecture avec explications de formulaires, l’acte des herbes – des « recos » de plantes et de drogues simples – et l’épreuve du chef-d’œuvre. Cette dernière consiste à effectuer des préparations difficiles telles l’onguent de la mère ou onguent brun, maturatif et suppuratif à base de matières grasses, de litharge (protoxyde de plomb) et de poix noire (Dorvault, 23e édition) ou un électuaire, pâte molle composée de poudres très fines divisées soit dans un sirop, soit dans du miel ou une résine liquide.

À noter : dans certaines villes, existent des cours publics de chimie et de botanique.

→ Posséder la maîtrise est indispensable pour devenir apothicaire et tenir boutique. Seuls les gens aisés peuvent faire face aux dépenses engen drées par l’apprentissage (l’apprenti paye une somme à la corporation), la confection du chef-d’œuvre et la rémunération des examinateurs.

→ Le maître dispose donc de main d’œuvre grâce à ces auxiliaires apprentis puis compagnons, mais il recourt aussi à d’autres auxiliaires ou serviteurs, souvent d’anciens apprentis qui n’ont pas eu la possibilité d’ouvrir boutique, et qu’il rémunère. Pour le professeur Olivier Lafont, président de la Société d’histoire de la pharmacie et membre de l’Académie de pharmacie, « ceux qui restaient compagnons peuvent être considérés comme les ancêtres des préparateurs ».

Le 25 avril 1777, le Collège de pharmacie est créé. Une déclaration royale sépare, à Paris, le commerce de l’épicerie de l’exercice de la pharmacie ; elle réunit tous les maîtres en pharmacie de Paris en un Collège. Les statuts du 10 février 1787 règlent les conditions exigées des candidats à la maîtrise : avoir au moins 25 ans, connaître la langue latine et justifier d’un stage de huit années dans une ou plusieurs « officines » ; ils se présentent ensuite à un examen. Il faut attendre le décret du 2 mars 1791 pour que cela s’étende en province.

L’apprenti s’appelle pour la première fois « élève en pharmacie ». La déclaration du 25 avril 1777 établit les droits des pharmaciens à l’enseignement vis-à-vis de la Faculté de médecine. Elle consacre l’importance de la science pharmaceutique et prépare l’avènement de la chimie moderne.

Le 11 avril 1803, la loi du 21 germinal an XI (calendrier révolutionnaire) crée trois écoles de pharmacie, à Paris, Montpellier et Strasbourg (en 1834). C’est un véritable fait historique pour la pharmacie ; cette loi sous Bonaparte met un terme aux pratiques antérieures et souligne l’importance de l’enseignement théorique pour compléter la formation professionnelle. La durée des études pratiques et théoriques est fixée.

L’enseignement au début n’est pas obligatoire. La loi crée deux voies pour devenir pharmacien. Les candidats ont le choix entre deux parcours :

→ 1ère voie, nationale : avoir exercé trois ans dans une pharmacie et avoir suivi pendant trois ans les cours d’une école (ce qui va correspondre en 1854 au pharmacien de 1ère classe).

→ 2e voie, départementale : avoir exercé au moins huit ans dans une pharmacie et ce, sans avoir jamais suivi de cours théoriques, (il sera appelé pharmacien de 2e classe en 1854).

Les épreuves pour les deux voies sont identiques, mais le pharmacien de 2e classe ne peut s’installer que dans le département où il a passé l’examen.

Peu à peu les officines ne sont plus en capacité d’assurer un enseignement suffisant et les connaissances scientifiques plus approfondies s’avèrent indispensables. Cependant, « le faible nombre d’écoles ne permet pas aux pharmaciens de ramener de huit à trois ans la durée de leur stage, continuant ainsi à participer au fonctionnement des officines », écrit Elie Bzoura, membre de l’Académie de pharmacie en 1994.

En 1840, vingt et une écoles de pharmacie sont créées. Le baccalauréat devient obligatoire et vise à faire disparaître les pharmaciens de 2e classe. Les durées de stages commencent à se réduire car les élèves en pharmacie peuvent remplacer deux ans de stage par deux ans d’étude.

Le 22 août 1854, l’enseignement théorique devient obligatoire et le statut de pharmacien de 1ère et 2e classe est officialisé par un décret. Les aspirants au titre de pharmacien de 1ère classe doivent justifier de trois années d’études dans une école supérieure de pharmacie et de trois années de stage dans une officine. Ceux aspirant à la 2e classe, de six ans de stage et de quatre inscriptions dans une école supérieure de pharmacie et de médecine.

La loi du 14 juillet 1887 prévoit trois ans de stage et trois ans de scolarité pour les 2e classe.

La loi du 19 avril 1898 supprime le diplôme de pharmacien de 2e classe.

Un décret du 29 juillet 1909 prévoit un an de stage et quatre ans de scolarité pour les pharmaciens.

LES AIDES DU PHARMACIEN

Les pharmaciens ont toujours eu besoin de se faire aider par des collaborateurs, mais la nécessité devient urgente à partir de 1840.

Dès 1840, la réduction du stage à trois ans provoque une désertion progressive des officines par les futurs pharmaciens. En 1845, le pharmacien Feillatre écrit dans le Répertoire de pharmacie : « Dix-huit mois à peine se sont écoulés depuis la mise en exécution de l’ordonnance royale… et déjà la rareté des élèves est telle que pour s’en procurer les pharmaciens sont obligés de choisir nos apprentis dans les classes peu aisées qui, ne sachant où placer leurs enfants, nous les laissent prendre pour trois ou quatre années de leur jeunesse, moyennant quoi nous leur donnerons gratis la nourriture et le logement. »

En 1860, les pharmaciens se plaignent encore. Lors d’un Congrès des pharmaciens à Reims, un pharmacien déclare en termes relativement discutables : « Il suffit de prendre chez nous des jeunes gens intelligents, mais sans formation et sans instruction suffisante, de les former au service de la pharmacie et de nous les attacher par des appointements de plus en plus élevés. Nous pourrions ainsi nous attacher des aides, heureux de leur position, souvent plus laborieux que ceux qui favorisés par leur naissance ont goûté l’émancipation de la fortune et d’une instruction libérale. »

En 1876, au Congrès de Clermont-Ferrand, la question est à l’ordre du jour : « Employés en pharmacie devant suppléer à l’insuffisance numérique des stagiaires. » Depuis le décret de 1875, les élèves manquent. Un congressiste de Bordeaux déclare qu’il « serait très avantageux de façonner de jeunes gens au service de l’officine. L’expérience montre que dans les rares pharmacies où on a réussi à former et conserver ces aides, on en retire les meilleurs services ».

Dès 1872, certaines sociétés de pharmacie créent à titre privé un examen destiné aux élèves en pharmacie qui regroupent à la fois des élèves en cours d’études pharmacie et des professionnels de la pharmacie appelés aides-pharmaciens.

DES AUXILIAIRES AUX PRÉPARATEURS

Progressivement, les pharmaciens remplacent les stagiaires par ces aides-pharmaciens ou aides en pharmacie. Ces nouveaux auxiliaires du pharmacien ont deux préoccupations : se faire reconnaître par une appellation officielle et obtenir un statut.

En 1891, naît le premier syndicat des personnes employées en pharmacie appelé « Association syndicale des élèves en pharmacie de France et des colonies » afin d’améliorer leur situation matérielle et morale (sept ans après la loi qui autorise la création de syndicats professionnels).

En 1903, le secrétaire général du syndicat des préparateurs de Paris propose de créer une fédération propre aux préparateurs en pharmacie.

En 1904, l’auxiliaire du pharmacien s’appelle préparateur. Élève, aide-pharmacie ou préparateur, le litige est réglé en 1904 à Paris lors du deuxième congrès des auxiliaires du pharmacien qui entérine le titre de préparateur. Cette dénomination est admise par l’administration en 1907.

Ce terme est bien connu de la pharmacie car le préparateur est à la fois le pharmacien qui prépare les cours et les TP dans les écoles et facultés de pharmacie, et le préparateur en droguerie, employé en pharmacie qui faisait peu ou prou les mêmes tâches que les aides-pharmaciens.

À l’époque, les pharmaciens n’apprécient guère cette appellation car pour eux, le terme de préparateur en pharmacie est un titre universitaire réservé aux pharmaciens… Petit à petit, « préparateur en pharmacie » devient le terme usuel pour désigner une personne sans diplôme spécial qui confectionne les médicaments sous la responsabilité du pharmacien.

VERS UNE DEMANDE DE STATUT

Obtenir un statut est plus difficile pour les préparateurs car seul le pharmacien était autorisé à exercer la pharmacie personnellement depuis la loi de 1803 (loi de Germinal). D’autant que les pharmaciens sont réfractaires à voir rétablir un niveau moins élevé de connaissances comme l’était la voie des 2e classes.

Les préparateurs sont ignorés, mais certains syndicats locaux décident de monter des cours et des examens. Un député proposa même que les préparateurs qui avaient fait un stage de cinq ans puissent entrer dans une école de pharmacie !

Dès 1900, les syndicats se battent pour obtenir la reconnaissance légale de leur activité par un diplôme. Les pharmaciens ne voient pas la nécessité de délivrer un diplôme à des auxiliaires dont ils sont entièrement responsables. « Un diplôme ne leur accorderait rien d’autre que ce qu’ils avaient déjà et risquerait d’avoir une répercussion sur la santé publique car cet examen serait une excuse pour ceux qui exerceraient une surveillance insuffisante. » (1932).

Les syndicats de préparateurs souhaitent pour obtenir le titre de préparateur en pharmacie deux examens : un brevet professionnel qui succèderait au certificat d’aptitude professionnel.

Rien de tangible n’est fait jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1944, le problème du statut pour le préparateur en pharmacie est relancé auprès du ministre de la Santé publique de l’époque qui sollicite le Comité consultatif de la pharmacie. Le projet de loi tient compte des propositions de diverses organisations patronales et ouvrières et du rapport Bedel, professeur de législation, de déontologie et d’histoire de la Faculté de pharmacie de Paris.

Le 24 mai 1946, la loi officialise le titre de préparateur en pharmacie avec l’élaboration d’un diplôme et la création d’un statut. La loi indique que le pharmacien est autorisé à se faire aider dans son officine par un ou plusieurs préparateurs en pharmacie. Le pharmacien habilite les préparateurs à préparer tous les médicaments sous toutes formes, et ces manipulations sont exécutées sous le contrôle effectif d’un pharmacien, mais la responsabilité pénale des préparateurs est entière. Les cours, programmes et épreuves des examens sont fixés par décret des ministères de la Santé et l’Éducation nationale après avis d’une commission regroupant pharmaciens, inspecteurs de l’enseignement technique et syndicats.

Le 10 mai 1948 est créé un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) et d’un brevet professionnel (BP).

→ Le CAP d’aide-préparateur est délivré après examen aux candidats âgés de 18 ans accomplis et justifiant d’au moins trois années de pratique professionnelle dans une officine en qualité d’apprenti (ou quatre ans avec une autre qualification).

La voie normale consiste à faire un apprentissage sous contrat dans une officine, suivre pendant douze heures par semaine les cours d’un CFA ou des cours par correspondance. Sans apprentissage, il suffit d’avoir travaillé quatre ans en pharmacie de ville ou d’hôpital et de réussir les épreuves de l’examen.

→ Le BP de préparateur en pharmacie est ouvert aux candidats âgés de 21 ans accomplis qui justifient de cinq ans au moins de pratique professionnelle en qualité d’aide ou d’apprenti préparateur et qui possèdent depuis deux ans au moins le CAP d’aide-préparateur.

Les candidats au CAP et BP doivent passer des épreuves pratiques, orales et de reconnaissance. Attention, le détenteur du CAP d’aide-préparateur n’est pas autorisé à préparer les médicaments.

Au début des années 1900, les cours sont d’abord le fruit d’initiatives de syndicats de préparateurs puis de syndicats de pharmaciens (cours par correspondance), voire des deux comme en 1934 où est fondée à Paris l’association Cours professionnels pour les travailleurs de la pharmacie.

UNE PREMIÈRE RÉFORME EN 1977

Dès la loi de 1946, l’autorisation accordée aux préparateurs de préparer les médicaments est quasi obsolète puisqu’en 1958, moins de 2 % de l’activité officinale est consacrée aux préparations (voir encadré p.22).

L’essor des spécialités entraîne une modification de l’exercice officinal et pour légitimer cette évolution, les conclusions de la commission Peyssard, inspecteur des affaires sociales, conduisent à la loi du 8 juillet 1977.

En 1977, le nouvel article L 584 du Code de la santé prévoit que seuls les préparateurs brevetés sont habilités à seconder le pharmacien dans la préparation et la délivrance des médicaments destinés à la médecine humaine et vétérinaire. D’où la nécessité d’une formation théorique plus poussée, moins uniquement basée sur les pratiques de comptoir.

La loi et son décret d’application institue un nouvel accès à la formation et précise les programmes et règlements applicables aux différents niveaux de formation. C’est aussi la loi de 1977 qui supprime l’âge minimum exigé pour se présenter au BP (21 ans), et exige le port d’un insigne distinctif pour le pharmacien et le préparateur.

Pour accéder au BP nouveau régime. Outre deux années de pratique officinale ou hospitalière et 250 heures de cours annuels, le candidat doit être titulaire du brevet d’études professionnelles préparatoire aux carrières sanitaires et sociales (créé en 1969) ou du brevet préparatoire aux carrières sanitaires et sociales (créé en 1985), diplômes préparés en deux ans après le BEPC (en troisième), ou du bac F7 et F7’, ou avoir fait un an d’étude en faculté de pharmacie.

Que faire des anciens CAP d’aide-préparateurs ? Avec la réforme de 1977, la dernière cession pour passer le CAP d’aide-préparateur a lieu en 1983, celle du BP en 1985. Si les titulaires du CAP d’aide-préparateur ne passent pas le BP avant fin 1985, leur « simple » CAP est vide de sens et ne leur donne aucun droit. Ils ont malgré tout la possibilité de seconder le pharmacien dans la délivrance de médicaments jusqu’en fin 1981 à la condition qu’ils poursuivent leur formation en vue d’obtenir le BP.

En 1980, création du CAP d’employé en pharmacie et sa mention complémentaire (MC). Une autre voie pour se présenter au BP 1977 est d’obtenir le CAP et la MC d’employé en pharmacie après deux ans d’apprentissage et 360 heures d’enseignement annuel. La mention complémentaire a pour objectif la mise à niveau des titulaires du CAP en vue de passer le BP nouveau régime.

Pourquoi avoir créé un autre CAP d’employé en pharmacie après avoir supprimé le CAP d’aide-préparateur ?

Après la suppression de la filière en quatre ans, CAP d’aide-préparateur, puis le BP, les préparateurs sont désormais formés en deux ans au grand dam des pharmaciens qui « revendiquent le retour à l’apprentissage de niveau V dans le cursus de formation » explique Noémi Dessus dans son rapport de 1999 (voir De 2000 à 2014). Les syndicats patronaux se battent et finalement, un nouveau CAP d’employé en pharmacie est créé, suivi de sa mention complémentaire, pour permettre aux élèves de CAP de se mettre à niveau pour réussir le BP. La filière pour devenir préparateur comprend alors cinq ans.

UN NOUVEAU RÉFÉRENTIEL EN 1997 POUR LE BP

Le10 septembre 1997, les conditions de délivrance du brevet professionnel de préparateur en pharmacie sont fixées. Il s’agit d’adapter l’enseignement aux pratiques, au plus près des nouvelles tâches du préparateur. La formation scientifique, technique et commerciale s’articule autour de l’analyse (d’une prescription, d’anomalies…), de la gestion de la qualité, de l’exécution, de l’organisation et du suivi (commandes, stock…), de la collecte et du traitement de l’information et de la communication. L’enseignement pratique (préparations, reconnaissance…) occupe encore plus de 20 % de l’enseignement en 2006.

DE 2000 À 2014

En mars 2000, le CAP d’employé en pharmacie et sa mention complémentaire sont supprimés.

Suite au rapport de Noémi Dessus de 1999 à la demande de la commission en charge des diplômes professionnels, le CAP d’employé en pharmacie et sa mention complémentaire sont supprimés car ces diplômés délivrent larga manu sans en avoir le droit. Le syndicat Force ouvrière relève que « le métier d’employé en pharmacie n’existe pas, ni en officine ni dans le milieu hospitalier, ni dans un autre secteur de la santé. […] Le CAP n’est pas un diplôme de poursuite d’études : seuls 10 à 20 % des candidats entrés en CAP sortent diplômés du BP. La filière est désuète et incohérente ». De même, « lorsque l’apprenti délivre, la santé publique et la sécurité du client sont remises en cause d’une part, par ailleurs, les signes de l’emploi d’une main d’œuvre à bon marché font surface. »

La dernière cession du CAP d’employé en pharmacie a lieu en 2003, celle de la MC, en 2004.

En avril 2001, le diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière voit le jour.

En 2014, une réforme du diplôme de préparateur en pharmacie est souhaitable. Malgré l’enseignement de qualité dispensé par les CFA – les régions ont en charge l’apprentissage depuis 1993 –, le programme est parfois loin des exigences du métier officinal.

Nos sources :

« Contribution à l’histoire des préparateurs en pharmacie », thèse de Suzanne Gay, 30 avril 1952, Paris.

« Histoire de la pharmacie ou 7000 ans pour soigner l’homme », Patrice Boussel, Henri Bonnemain, éditions de la Porte Verte, 1977.

« Les Préparateurs en pharmacie », Élie Bzoura, Les Actualités pharmaceutiques n° 326, décembre 1994.

« La Formation des préparateurs en pharmacie », Élie Bzoura, Les Actualités pharmaceutiques n° 182, novembre 1981.

« La Pharmacie française : ses origines, son histoire, son évolution », Georges Dillemann, Henri Bonnemain, André Boucherie,1992.

« Évolution du métier de préparateur en pharmacie », thèse de Serge Shang, 2011, Paris.

« Évaluation du CAP employé en pharmacie » rapport de Noémi Dessus, octobre 1999.

Porphyre fête son 500e numéro

→ Porphyre naît en janvier 1950 à Poitiers. La première revue professionnelle nationale destinée aux préparateurs en pharmacie est fondée par Jean Guillon, préparateur en pharmacie. À l’origine de la création de cours professionnels pour les jeunes et de nombreux ouvrages et cours, il est secrétaire de la première Association académique des cours professionnels de pharmacie créée en 1953.

→ Porphyre paraît tous les trimestres sous format de 28 pages avec des articles de formation et d’actualités, et des corrigés d’examen. Pharmaciens inspecteur et ordinal et préparateurs forment le comité de rédaction.

→ Les Éditions du Porphyre naissent en 1977. Les 60 pages du magazine intéressent alors 2 000 abonnés qui souhaitent une parution mensuelle.

→ Porphyre devient mensuel en octobre 1977 avec le numéro 112.

Onze numéros paraissent chaque année.

Régulièrement, les rubriques et la maquette évoluent. Dans le numéro 120 d’octobre 1978, la rubrique bleue « examens et corrigés » occupe le centre du journal. Dans celui d’août-septembre 1979, un mortier apparaît en couverture, ainsi qu’un nouveau logo qui sera utilisé jusqu’en 1994. Une nouvelle collection de livres voit le jour en 1982. De mai 1984 à juin 1988, il y a des fiches détachables de formation.

→ Les campagnes de promotions débutent en 1985. Les cadeaux font leur apparition pour les nouveaux abonnés.

→ Le passage de témoin. En 1994, Porphyre et les éditions sont rachetés par le groupe Liaisons, puis par Wolters Kluwer et enfin par Newsmed fin 2013.

Quand les écoles sont devenues facultés

« En 1803, on crée les écoles spéciales de pharmacie à Paris, Montpellier et Strasbourg. Elles seront incorporées à l’université dans les années 1840 et appelées écoles supérieures. En 1920, après 14-18 où les pharmaciens avaient rendu des services dans la guerre chimique, les écoles supérieures de pharmacie ont été transformées en facultés. » Olivier Lafont, président de la Société d’histoire de la pharmacie, membre de l’Académie de pharmacie.

Le saviez-vous ?

L’ouvrage fondamental du pharmacien est le Codex, prévu par la loi Germinal : « Le gouvernement chargera les professeurs des écoles de médecine, réunis aux membres de l’école de pharmacie, de rédiger un Codex ou formulaire, contenant les préparations médicinales et pharmaceutiques qui devront être tenus par les pharmaciens. Le formulaire devra contenir les préparations assez variées pour être appropriées à la différence de climat et de productions des diverses parties du territoire français : il ne sera publié qu’avec la sanction du gouvernement et d’après ses ordres. » L’Ordonnance royale du 8 août 1816 ajoute : « Le nouveau formulaire intitulé Codex medicamentarius seu Pharmacopæ gallica sera publié par les soins de notre ministre de l’Intérieur. » La première édition en 1818 est en latin. En 1837 paraîtla seconde en français, etc.

Spécial 500

Étienne Coquet préparateur, BP 1977. Responsable de formation à l’UFA pharmacie de Douai (59).

J’ai débuté en passant mes journées entières au préparatoire de la pharmacie de la Potennerie à Roubaix. Deux personnes y travaillaient à plein temps, c’était une véritable petite industrie. Nous réalisions toutes les formes galéniques : suppos, ovules, sirops, crèmes, collyres, ampoules. Nous avions également nos préparations, « remèdes secrets » que les gens venaient chercher de très loin. Nous faisions nous-mêmes l’élixir parégorique avec de la poudre d’opium et de l’essence d’anis. En ce temps-là, les préparations ne devaient pas être libérées par un pharmacien, nous étions le Maître dans notre préparatoire !

Quand la préparation « fout le camp »

Les divs de Histoire de la Pharmacie en 1963 rappellent qu’au début du XXe siècle, « 80 % des ventes moyennes réalisées à l’officine provenaient des préparations, 10 % des spécialités, le reste provenant des produits hygiéniques et diététiques ». En 1958, Pharmacien de France indique que les préparations magistrales représentent moins de 2 % du chiffre d’affaires (70 à 77 % pour les spécialités). En 1975, les préparations pèsent 0,5 à 1 % du CA (rapport Delaneau).

Spécial 500

Sandra Sibel diplômée de 1987, en officine de campagne depuis 1987, Gard (30). Spécialisation en dermo-cosmétique.

En vingt-sept ans, j’ai eu le temps de voir évoluer ce métier ! Au début, sans informatique, on s’arrachait les cheveux pour tarifier, mais c’était pourtant moins compliqué qu’aujourd’hui où on fait en permanence le tampon entre les lois et les patients. Il faut expliquer, justifier, les génériques, les modifications de prise en charge, c’est usant au quotidien. Pourtant, je reste convaincu par ma profession, c’est enrichissant, ça évolue sans cesse, si je n’y croyais pas, je n’aurais pas encouragé ma fille dans la même voie. Je me suis spécialisée en dermo-cosmétique pour gagner en autonomie et en qualité de conseil, mais la considération des patients vient de la profession de préparateur, c’est elle qui me vaut leur confiance depuis vingt-sept ans. Tout dépend aussi du lieu d’exercice, préparateur en officine, c’est un gage de qualité et c’est une chance. L’ouverture des points para en grande surface, c’est plutôt inquiétant.

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