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Un bénéfice supérieur aux risques
Truvada a été choisi en raison de son efficacité et de sa tolérance. « Ses effets secondaires à court terme sont tolérables, mais qu’en sera-t-il en cas d’usage prolongé ?, pondère le Dr Pichancourt. En cas de très mauvaise observance, la transmission de l’infection sous Truvada comporte le risque théorique de fabriquer une résistance ». Le Dr Cotte nuance : « Le médicament n’est pas voué à être consommé indéfiniment car la sexualité évolue selon les moments de la vie ». L’essai va durer encore au moins un an et inclure davantage de personnes, notamment pour en évaluer la tolérance. Vincent Pelletier, directeur général d’Aides, espère bien plus tôt une généralisation du traitement aux personnes « dont on sait qu’elles contracteront un jour le virus : les HSH, les personnes en couple avec un malade atteint du VIH et les travailleurs du sexe ». D’où la demande d’une recommandation temporaire d’utilisation (voir encadré ci-dessous). Ce qui ne veut pas dire arrêter les autres moyens de prévention, dont le préservatif. « D’après les études, le recours au traitement ne ralentit pas son utilisation, relate Vincent Pelletier. En revanche, se priver d’une telle solution reviendrait à dire aux femmes de se passer de la pilule en avançant que le préservatif permet déjà d’éviter la grossesse ». Le Dr Gilles Pichancourt n’est pas favorable à l’élargissement du Truvada « à la demande » : « Les prostituées que je soigne recourent au préservatif, pointe le praticien. Et chez les couples sérodiscordants, la prévention la plus efficace est le traitement de la personne malade. Lorsque la charge virale est contrôlée, le risque de transmission se réduit de 96 % ». Les associations se disent prêtes à accompagner tous les séronégatifs sous Truvada si sa prise en préventif obtenait une RTU. Dans un rapport, en juillet 2014, l’OMS recommandait « fortement aux hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes de considérer la prise d’antirétroviraux comme une méthode supplémentaire de prévention face au VIH ».
> Vers une RTU pour Truvada en préventif ?
Après la révélation d’une réduction de 42 % des contaminations par la prise de Truvada en continu, l’association Aides a demandé, en janvier 2013, à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) d’étudier une recommandation temporaire
d’utilisation (RTU). Les résultats de l’essai Ipergay ont accéléré la procédure. « La ministre de la Santé a demandé à l’ANSM d’instruire cette demande le plus rapidement possible », a déclaré Dominique Martin, directeur de l’ANSM, avant d’annoncer la création d’un
groupe de travail de scientifiques et de sociologues. En préventif, Truvava dispose d’une AMM aux États-Unis depuis 2012.
> Truvada en bref
> C’est quoi ? Truvada est un antirétroviral. Il se présente
sous la forme d’un comprimé bleu contenant 200 mg d’emtricitabine et 245 mg
de ténofovir disoproxil, respectivement inhibiteur nucléosidique et inhibiteur
nucléotidique de la transcriptase inverse.
> Dans quelle indication ? Il intervient dans le traitement des adultes infectés par le
VIH-1, en association avec d’autres antirétroviraux, et dans le traitement préventif
des contaminations accidentelles par le VIH.
> Est-il remboursé ? Oui, seulement dans ces indications, sur un schéma d’une prise
par jour (si clairance basse, un jour sur deux).
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À lire dans Porphyre n°508 de décembre 2014-janvier 2015
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