À FOND DANS LES NOUVELLES MISSIONS !

Jeudi 14 octobre 2021, c’est le dernier jour de prise en charge par l’Assurance maladie des tests antigéniques Covid-19 pour les non vaccinés. En prévision d’une éventuelle ruée vers les derniers dépistages en mode “open bar”, Sandrine Beaurain, titulaire de la Grande Pharmacie du Rond-point à Hem, a demandé à une préparatrice supplémentaire de venir travailler. Car, elle veut assurer sa mission de professionnelle de santé. Il s’agit là d’une conviction ancienne, mise en musique chaque jour.

SUIVRE SA VOCATION.

« Je me suis lancée dans des études de pharmacie pour la santé publique, le conseil et toutes ces missions qui visent à éclairer le patient sur sa pathologie et à le soutenir », dit-elle droit dans les yeux et souriante. Depuis vingt ans, elle dirige cette pharmacie (90 m² en 2001) qu’elle a agrandie au fil du temps (210 m² en 2021). A la mi-octobre, Sandrine Beaurain est pleine d’énergie. La pharmacienne rentre tout juste de congés, après une période particulière. Avant ces vacances, elle venait à la pharmacie uniquement à l’ouverture et après 17 h 30. En fait, au plus fort de la campagne de vaccination anti-Covid-19, cette battante a officié pendant des semaines dans des centres pour répondre aux urgences imposées par la pandémie. Si elle s’est passionnée par cette mission extra-muros (lire l’article p 14), elle se montre tout aussi enthousiaste à l’idée de revenir dans son officine. Du haut de son “1 mètre 54 et demi”, Sandrine Beaurain n’en finit pas de faire virevolter sa robe à fleurs rouge, rose et orange. Cette amatrice de danses classique, moderne et rock (également fan de musique et d’art en général), ne reste pas en place. On la trouve tour à tour au comptoir pour servir ou répondre à une de ses collaboratrices, dehors en train de recoller un morceau de la vitrine… Dans les allées de son espace de vente de 210 m², elle profite d’une pause pour aligner les produits sur une étagère, déplacer une PLV, brancher un diffuseur d’huiles essentielles, s’interroger sur la pertinence de tel rayon…

MISER SUR LES NOUVELLES MISSIONS.

En toute logique avec ses valeurs de santé publique, Sandrine Beaurain s’est mise aux tests de dépistage Covid-19 dès le début. Il faut dire que ses locaux, réorganisés en 2019 en vue de développer de nouveaux services, se sont révélés adaptés aux missions du pharmacien survenues pendant la crise sanitaire. En rachetant la pizzeria voisine en 2019, la surface totale de l’officine est passée de 220 à 330 m² et un cabinet médical s’est construit à côté. Son point de vente devient alors le premier à prendre les habits du nouveau concept de son groupement, Giropharm, résumé dans le slogan “Votre santé, notre mission”. D’emblée, le plan inclut trois salles de confidentialité : pour les entretiens pharmaceutiques et les prothèses capillaires ; pour l’orthopédie et la contention ; ainsi que pour la vaccination et le dépistage avec un accès possible directement sur la rue, plus pratique pour évacuer les personnes positives au Covid-19 !

L’ART DE THÉÂTRALISER.

Côté produits, l’agrandissement a été pensé pour développer davantage le MAD (un showroom avec lit, fauteuil et autre chaise percée occupe la zone froide à droite de la porte d’entrée), et le rayon “bébé” sous forme de mural. Également conçue comme un pilier de la future croissance, "la médecine douce" s’étend désormais dans une alcôve octogonale, marquée au sol par un carrelage différent. Dans le parcours client, ce recoin est précédé d’un mur végétal, un élément voulu par la titulaire et finalement introduit au catalogue de Giropharm. « Je perds volontairement de l’espace de vente pour mieux théâtraliser l’endroit », confie Sandrine Beaurain, titulaire d’un DU d’aromathérapie. Le rayon est aussi décoré d’une sculpture aux allures d’un bosquet de bambous. « J’aime l’art et je passe plus de temps ici que chez moi », dit-elle pour expliquer cet investissement.

OSER LA DIGITALISATION.

Ces travaux ont permis une plus grande modernité. Un robot Meditech, hybride (avec canal rapide pour les grosses rotations), permet d’optimiser le temps et l’espace (le stock hors machine est installé dans une coursive autour de la surface de vente (lire l’interview ci-contre)). « Je regrette de ne pas avoir automatisé dès mes premiers travaux en 2008 », commente Sandrine Beaurain. Plus original, six écrans interactifs situés au fond du point de vente, attirent le regard dès l’entrée. « J’ai tout de suite repéré où étaient les caisses, sans même voir les files », commente Oifae, une cliente venue ce jour-là pour la première fois. Disposés derrière les comptoirs, les écrans où les messages tournent en boucle ont vocation à rendre le conseil plus efficace et à recevoir le produit plus vite. Un clic d’un membre de l’équipe et le produit arrive directement du robot. Au quotidien, le système est utilisé pour accélérer le mouvement. Ici, on n’a pas encore le réflexe de conseiller avec un tel support. De même, la patientèle ne s’est pas approprié les deux autres écrans installés, l’un devant le matériel médical, l’autre au cœur des gondoles de parapharmacie. « Je ne savais pas qu’on pouvait le toucher. Dommage, ça peut faire gagner du temps », remarque une jeune cliente qui vient de passer devant l’écran de la “para”. Résultat de cette stratégie, le C.A augmente malgré deux années de pandémie. Il est passé de 1,7 M€ à la veille des travaux en mars 2019 à 2,4 M€ à fin septembre 2021. Et ce, hors tests antigéniques, qui ce jour-là n’ont finalement pas connu la ruée à laquelle l’équipe s’attendait.