UN REMBOURSEMENT À PRÉVOIR - Pharmacien Manager n° 209 du 01/05/2021 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 209 du 01/05/2021
 
PRÊT GARANTI PAR L’ÉTAT (PGE)

PRATIQUES

GESTION

Auteur(s) : François Pouzaud

Rembourser son prêt garanti par l’État (PGE) implique une réflexion stratégique, qui s’appuie sur un prévisionnel chiffré prenant en considération la situation financière de l’entreprise et ses perspectives. En particulier, il faudra veiller à ce que les capacités de remboursement ne soient pas prises en défaut.

GÉRER LA SORTIE DE CRISE SUPPOSE D’ANTICIPER.

Même si la pharmacie a fait preuve de résilience, un état des lieux s’impose sur le plan financier. Joël Lecœur, expert-comptable du cabinet LLA et président du groupement CGP, recommande d’établir un prévisionnel d’exploitation à la hausse ou à la baisse. « En premier lieu, le titulaire doit recenser sur le compte de résultat les éléments exceptionnels liés à la situation sanitaire (ventes de GHA, SHA, de masques, vaccination, réalisation de tests antigéniques…). Une fois ce travail d’identification effectué, il faut revoir les hypothèses d’activité à la hausse (ventes de produits axés sur la naturalité, services, e-commerce…) ou à la baisse (homéopathie, conseil OTC…) et neutraliser les aides obtenues (PGE, report de prêt sur 6 mois ou plus…) ». A partir de ce prévisionnel, le titulaire se fixe un budget de trésorerie, intégrant le remboursement du passif lié à la crise. « Ce plan de trésorerie doit tenir compte des échéances bancaires consécutives au remboursement du PGE, de la reprise du paiement de certaines charges (charges sociales TNS notamment) et de la fin des aides d’Etat. L’objectif sera de maintenir un niveau de trésorerie suffisant, pour continuer à investir », expose-t-il.

Budget prévisionnel : Et de deux !

Même si le Covid-19 a jusqu’ici peu impacté l’équilibre financier des officines, la réalisation d’un budget prévisionnel de résultat et d’un budget prévisionnel de trésorerie est essentielle. Ils permettront d’anticiper les difficultés financières éventuelles, au moment où la période du “quoi qu’il en coûte” prendra fin. « L’objectif est de faire les bons choix en matière de solutions de financement, pour limiter les charges financières, signale Emmanuel Leroy, expert-comptable chez KPMG. Les prévisions d’exploitation et de trésorerie établies annuellement, avec un découpage mensuel, permettent de vérifier que la solvabilité à court terme est assurée. Ces données sont indispensables lors de la reprise d’activité, compte tenu de l’importance de l’endettement général mis en place ». En pratique, élaborer ces deux documents budgétaires consiste à regarder le bilan du dernier exercice clos, d’en extraire les créances et les dettes présentes à la clôture de l’exercice et qui seront encaissées ou décaissées sur le nouvel exercice.

Ensuite, le compte de résultat prévisionnel permet de projeter les encaissements à partir des produits (C.A, services…) et les décaissements à partir des charges. « Il est nécessaire d’avoir une idée précise des délais d’encaissement des créances et du règlement des dettes », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Le dirigeant doit estimer sa capacité d’autofinancement pour les années à venir, mais aussi la croissance éventuelle de ses besoins liée, par exemple, à une activité qui se développe ».

Amortir le choc.

Pour les 10 % d’officines qui ont eu recours au PGE il y a un an, les premiers prêts souscrits arrivent, aujourd’hui, à échéance. Le titulaire a, alors, le choix entre différentes options : le remboursement immédiat ou différé d’un an supplémentaire, total ou partiel, du prêt et son amortissement sur plusieurs années (sur 1 à 5 ans). « Profitant de l’effet d’opportunité de ce prêt, 8 clients sur 10 partent sur l’amortissement », observe Jérôme Capon, directeur du réseau d’Interfimo. « Dans ce cas, le chef d’entreprise doit tenir compte de ses engagements passés, appuie Emmanuel Leroy. Les emprunts en cours ont, peut-être, eux-mêmes, été décalés et rallongés. Il est donc primordial de vérifier que les remboursements futurs ne soient pas trop élevés, par rapport à sa capacité de remboursement ». Cet expert recommande un amortissement sur quatre ans, sans différé supplémentaire d’un an, pour ne pas générer des mensualités trop élevées. En effet, l’entreprise qui bénéficie d’une deuxième année de différé de remboursement du prêt, disposera d’une année de moins pour le rembourser. Donc, elle devra s’acquitter chaque mois, d’échéances de remboursement plus élevées. Au contraire, Michel Watrelos, expertcomptable du cabinet Conseils et auditeurs associés, préconise, lui, la durée de remboursement maximum. « Le PGE est un ballon d’oxygène pour les entreprises. Il permet de gagner 3 à 4 ans et de reporter l’analyse financière, par rapport à une éventuelle renégociation du prêt d’installation avec la banque », explique-t-il. En cas d’incertitude, « il faut prendre la durée maximale de remboursement et si souhaité, rembourser par anticipation une fois sa trésorerie sécurisée. Il serait “stupide” de se mettre en défaut de trésorerie par un remboursement trop hâtif, car le découvert et les pénalités de dépassement de découvert peuvent être largement supérieurs au coût global du PGE », poursuit-il.

Continuer à investir.

Si le titulaire a des projets d’investissement, le risque est que son taux d’endettement freine sa capacité d’emprunt. « Le PGE, dont la durée de remboursement est plus courte que la durée d’utilisation d’un bien (informatique, robot…), n’a pas vocation à financer un investissement nouveau. Celui-ci doit être financé pendant une période identique à celle de son utilisation, afin de ne pas pénaliser la trésorerie courante », glisse Michel Watrelos. Pour mutualiser le risque financier, Emmanuel Leroy prône un financement par crédit-bail.

LES MODALITÉS DE REMBOURSEMENT

Quelles sont les possibilités de remboursement offertes aux entreprises, qui ont souscrit à un PGE ? Il faut savoir que plus la durée de remboursement du prêt sera longue, plus son taux d’intérêt sera élevé. La modalité de remboursement peut être définie selon la formule 1+1+4 : 1 an de différé pendant lequel seule la garantie étatique est due (0,25 % de la somme empruntée), 1 an d’aménagement de l’amortissement sur demande des entreprises (seuls les intérêts et la garantie seront à payer) et 4 ans maximum de période de remboursement avec un taux progressif d’emprunt selon la durée retenue (entre 1 et 1,5 % pour des prêts remboursés d’ici à 2022 ou 2023 ; entre 2 et 2,5 % pour ceux remboursés d’ici à 2024 et jusqu’en 2026).

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