L’écobiologie dans la peau

Certaines utopies donnent naissance à de belles aventures ! Lorsqu’il formule en 1977 Nodé, le premier shampooing non détergent du marché, Jean-Noël Thorel un pharmacien biologiste de Manosque, pose les fondations d’une vision utopique et humaniste de la dermocosmétique : l’écobiologie. Et d’un groupe qui prend véritablement son envol dans les années 2000, surfant sur la vague de son best-seller lancé en 1995, l’eau micellaire démaquillante Crealine H2O. « L’écobiologie constitue aujourd’hui encore notre ADN, assure Philippe Perruchet, le directeur général de Naos France. Elle vise à préserver l’écosystème de la peau en renforçant ses mécanismes naturels pour l’aider à retrouver son équilibre par elle-même. Tous nos produits sont donc formulés avec des ingrédients issus de la peau, comme l’acide hyaluronique ou le squalane, ou qui miment ses composants naturels via le biomimétisme ». Sur ce credo, les trois marques du groupe adressent des cibles clairement identifiées. Quand Bioderma met la biologie au service de la dermatologie, l’Institut Esthederm place, lui, l’écobiologie au cœur de l’esthétique. « Etat Pur, lancée en 2011, se positionne, elle, comme une marque de soins biomimétiques, apportant à la peau uniquement ce dont elle a besoin, par le biais d’actifs ou de soins émollients », ajoute-t-il.

L’innovation comme moteur.

C’est à Aix-en-Provence, où se trouve le siège, et sa seule unité de production, qu’une centaine de biologistes, chimistes et biochimistes œuvrent au sein du département R&D. « Nos ingénieurs et chercheurs identifient les futurs actifs et évaluent leur efficacité. Tout d’abord in vitro, sur des cultures de cellules cutanées humaines, puis ex vivo et lors d’études cliniques », confie Christelle Graizeau, la directrice des programmes de recherche. Les candidats actifs ayant fait la preuve de leur efficacité passent ensuite au pôle “développement”, où des ingénieurs chimistes assemblent les différents ingrédients et s’assurent de leur compatibilité. « Chaque année, nous en testons une centaine pour au final en exploiter une dizaine dans des produits innovants ou sur de nouveaux concepts scientifiques », précise Marie-Pierre Dulau, la directrice du développement produits. Cette quête de l’innovation permanente a permis au groupe de déposer huit brevets l’an passé.

Un contrôle qualité très poussé.

Pour agrandir le site de production de deux nouveaux bâtiments HQE, le groupe a investi 60 M€ ces cinq dernières années. « Nous disposons, aujourd’hui, de douze réacteurs réalisés à façon spécialement pour nous. Chaque unité étant indépendante et en capacité de produire jusqu’à trois formules par jour », assure Luc Magnani, le directeur industriel de Naos. Pour fabriquer les 600 000 produits qui sortent chaque jour de l’usine, 250 personnes se relaient en 3 × 8, 5 jours/7 au pilotage des réacteurs et sur les lignes de conditionnement quasiment toutes automatisées. Le site est certifié ISO 22 716, la norme qui définit les bonnes pratiques de fabrication cosmétique. « 100 % des matières premières sont prélevées pour être contrôlées par une équipe de biologistes et de chimistes, trois automates se chargeant d’effectuer toutes les analyses microbiologiques. Toutes les eaux hautement purifiées produites sur place sont également contrôlées. Et lorsque la fabrication est terminée, de nombreux échantillons sont envoyés au laboratoire de contrôle conformité. Et sur les chaînes de conditionnement sont effectués des contrôles microbiologiques et fonctionnels toutes les 20 minutes », ajoute Luc Magnani.

Les axes de croissance.

Naos doit aussi, en partie, son succès aux partenariats scientifiques noués avec des laboratoires de recherche universitaire. « Nous travaillons, par exemple, avec le professeur Miroslav Radman, du laboratoire MedILS en Croatie, sur les problématiques d’accompagnement des signes de l’âge et du vieillissement, confie Christelle Graizeau. Nous soutenons également le professeur Brigitte Dreno, qui conduit au CHU de Nantes, des recherches sur une matrice innovante qui facilitera la cicatrisation et la reconstitution de la peau ». Pour nourrir sa croissance, Naos entend aussi renforcer ses liens avec ses prescripteurs : les pharmaciens, les dermatologues, les esthéticiennes… Et continuer d’innover sur son cœur de métier : l’hygiène, l’âge, le solaire… « Nous allons également poursuivre nos travaux de recherche autour du microbiome et notamment sur la préservation de sa diversité. Les premiers résultats obtenus sur plusieurs de nos produits comme la Brume d’Eau Cellulaire Institut Esthederm étant excellents », note Christelle Graizeau. Cette philosophie fondée sur l’écobiologie se décline jusque dans le modèle d’entreprise choisi par le fondateur. « Naos appartient à une fondation actionnaire, précise Philippe Perruchet. Celle-ci ayant pour mission d’assurer la pérennité de l’entreprise et de son ADN à travers un modèle de redistribution de valeur où les dividendes sont consacrés au développement de nouvelles activités ou reversés à un pôle généreux ». Pôle qui finance des actions autour de la santé et de la solidarité. Dernier exemple en date, Naos a reversé 100 % des bénéfices de sa dernière innovation, le Biphase Lipo alcoolique, à des ONG et fondations œuvrant dans la prévention des épidémies….