« La France est le pays européen où le poids d’Amazon dans l’e-commerce est le moins important ». - Pharmacien Manager n° 207 du 01/03/2021 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 207 du 01/03/2021
 
CÉDRIC O

RETAIL

ÉCHANGES

Auteur(s) : Peggy Cardin-Changizi

Pour Cédric O, la santé sera un des secteurs porteurs du numérique. Son objectif, à travers l’enveloppe de 7 Mds d’euros consacrée au développement du numérique dans le cadre du plan de relance économique annoncé par le gouvernement en septembre dernier, est de préparer la France de 2030.

PM Que signifie “La Transition Numérique” ?

CO Lors du changement de gouvernement en juillet 2020, j’ai tenu à ce que mon titre mentionne le terme de “transition numérique” pour deux raisons. Tout d’abord, pour marquer le bouleversement qu’induit le numérique sur nos sociétés. Aujourd’hui, tout est ou peut être numérique ! Cette révolution, il faut l’accompagner d’où le mot “transition”. Et puis, pour moi, “transition” veut dire “tout le monde à bord”. Les innovations apportées par cette transition numérique sont bénéfiques pour l’environnement, pour la pénibilité au travail, pour nous informer ou nous divertir… À travers le plan de relance économique, qui comporte une enveloppe de 7 Mds d’euros pour le développement du numérique, nous avons créé une véritable politique publique de l’inclusion numérique. 4 000 conseillers numériques seront déployés sur le territoire.

PM En quoi la crise sanitaire du Covid-19 a-t-elle accéléré la transition numérique de notre société ?

CO Les périodes de confinement ont mis en lumière le caractère essentiel du numérique dans notre quotidien. L’outil numérique a permis de mieux traverser ces périodes difficiles et cela a encouragé la prise de décision politique.

PM En quoi le numérique est-il un progrès ?

CO Pour être un progrès, une innovation doit avoir un sens. Sans la 5G, il ne peut y avoir de télémédecine en milieu rural ! Voilà un exemple concret de l’apport direct du numérique dans notre quotidien. L’enjeu, pour toute activité, y compris la pharmacie, c’est de comprendre et de saisir les opportunités qu’offre le numérique, en termes d’amélioration de la relation avec les patients, d’optimisation de sa logistique et de son organisation.

PM Pourquoi l’application TousAntiCovid n’est-elle pas encore sur tous les téléphones des Français ?

CO 13 millions de Français l’ont déjà activée. C’est la preuve qu’elle fonctionne et qu’elle est utile. Selon une étude de l’Inserm datée d’octobre 2020, une application devient efficace dès 4 % d’adoption. Aujourd’hui, TousAntiCovid approche les 20 %. Alors, oui, c’est vrai qu’il faut qu’elle soit téléchargée davantage, pour que son utilisation soit systémique. C’est vrai, aussi, qu’il faut que nous poursuivions le travail de conviction et de pédagogie. Mais, elle a déjà généré plus de 76 000 alertes et c’est, au moins, autant de contaminations évitées.

PM Quel est le rôle des pharmaciens, dans la promotion de l’application TousAntiCovid ?

CO Les pharmaciens sont les premiers contacts de santé dans le quotidien des Français. Leur rôle de conseil auprès de la population, qui leur fait confiance, est central. Ce sont des acteurs essentiels pour relayer l’information sanitaire et sensibiliser au respect et à l’utilisation des gestes barrières, dont TousAntiCovid fait partie.

PM Comment les petits commerçants peuvent-ils faire le poids face au géant Amazon ?

CO La France est le pays européen où le poids d’Amazon dans l’e-commerce est le moins important. L’e-commerce profite principalement aux acteurs français. Je crois que nous devons rester offensifs. C’est en étant ambitieux, en améliorant sans cesse la qualité de service que les commerçants français profiteront de l’essor du e-commerce. Je crois qu’à service égal, les Français se tourneront vers les marchands français. Nous avons les entreprises et les talents pour être compétitifs.

PM Êtes-vous favorable à l’arrivée d’Amazon Pharmacy en France ?

CO Au-delà des enjeux classiques liés aux méthodes concurrentielles du géant de l’e-commerce, le secteur de la santé a ses propres exigences et singularités qui doivent être nécessairement prises en compte. La provenance et la qualité, mais également les conditions de transport, sont absolument critiques lorsqu’il s’agit de médicaments. On ne peut pas considérer le médicament comme n’importe quel objet que l’on achète librement sur un site d’e-commerce. Ce sera aux autorités sanitaires de se prononcer le moment venu.

PM Pour mieux encadrer les pratiques du e-commerce, la création d’un label serait actuellement à l’étude. De quoi s’agit-il ?

CO Avec Alain Griset, ministre délégué aux PME, nous travaillons sur le sujet. Après la mise en place d’une charte, la création d’un label est à l’étude. L’idée est à la fois de responsabiliser les acteurs et d’informer les consommateurs. Je crois en la responsabilité individuelle des individus. C’est par nos habitudes de consommation, que nous forcerons les acteurs du e-commerce à adopter les bonnes pratiques, notamment en matière d’environnement.

SECRÉTAIRE D’ÉTAT CHARGÉ DE LA TRANSITION NUMÉRIQUE ET DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES

BIO EXPRESS

→ 2006

Diplômé d’HEC.

→ 2017/2019

Conseiller conjoint du Président de la République et du Premier ministre, chargé des participations publiques et de l’économie numérique.

→ 2019/2020

Secrétaire d’État chargé du Numérique (Gouvernement d’Edouard Philippe).

→ 2020

Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques (Gouvernement de Jean Castex).

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