EXERCER SON POUVOIR D’INFLUENCE - Pharmacien Manager n° 200 du 01/09/2020 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 200 du 01/09/2020
 

PRATIQUES

MANAGEMENT

Auteur(s) : François Pouzaud

Doit-on être influent pour bien manager ou être un bon manager pour devenir influent ? Il n’y a pas de réponse tranchée à cette question. Il n’empêche, la capacité à influencer son équipe de manière authentique et simple est un atout indéniable pour un manager.

Bien souvent, la notion d’influence revêt une connotation négative. Quand on dit, il m’a influencé, on a le sentiment d’avoir été manipulé ou dupé. Mais, en réalité, tout dépend de l’intention qui se cache derrière. L’influence repose sur une démarche sincère et constructive, non pas dans le but d’assouvir ses propres besoins ou d’exercer son pouvoir, mais pour chercher à influencer l’autre pour son bien-être, de façon altruiste, dans un but de réussite collective. « Une influence positive doit répondre aux trois questions suivantes : Ce que je réalise est-il également bénéfique pour l’autre ? Quand j’influence une personne, suis-je en cohérence avec mes valeurs ? Ma conduite me permet-elle de renforcer ma propre estime de moi ? », assure Régis Rossi, conférencier professionnel et co-div du récent ouvrage « Les pouvoirs de l’intelligence émotionnelle », pour apprendre en milieu professionnel à maîtriser ses émotions et pour les mettre au service de la performance collective.

Les qualités d’un manager influent

Pour exercer un certain magnétisme auprès de ses collaborateurs, être entendu et respecté, obtenir les résultats escomptés et atteindre les objectifs fixés, un manager doit être capable de mobiliser ses troupes et emporter l’adhésion de chacun. Cela requiert une certaine présence, une capacité à inspirer, convaincre et motiver. Un manager peut être un leader naturel possédant certaines qualités propres aux personnes influentes, mais le don ou le talent ne représente que 10 % d’une capacité. Le fait de développer cette aptitude fait le reste.

« Un manager influent a cette capacité de partager une vision claire, des objectifs précis et atteignables à la fois à titre individuel et collectif, enchaîne Régis Rossi. Il insuffle une dynamique et l’envie d’être suivi. Pour ce faire, il est indispensable de développer des qualités humaines : savoir développer et cultiver la confiance, être sincère et honnête même pour annoncer des nouvelles peu réjouissantes, faire preuve d’humilité, développer son charisme… »

Définir un projet clair

« Développer son pouvoir d’influence nécessite de travailler sur deux axes, explique Sandra Chauvin, associée fondatrice d’Opale conseil. Un chef d’entreprise n’aura d’influence sur son équipe que si son projet d’entreprise est ancré sur le sens. Il doit dire à ses salariés ce qu’il veut faire et là où il veut aller. » C’est, selon elle, la clé pour mobiliser les troupes, leur donner plus d’énergie au travail et générer de la confiance. Le second axe de travail va consister à agir sur une autre composante de l’influence : la communication, une phase trop souvent sous-estimée selon Régis Rossi. Pour faire passer ses idées, « il faut avant tout être très clair sur les messages que nous souhaitons véhiculer, conseille-t-il. Pour rendre ses équipes plus réceptives à vos idées et qu’elles s’en souviennent, il est nécessaire de stimuler notre cerveau droit, celui des émotions. Cela passe par du « story telling », de l’analogie, des histoires impactantes… Etre enthousiaste, souriant, convaincu et clair sont les ingrédients nécessaire pour embarquer et convaincre. »

La stratégie des alliés

Sandra Chauvin invite à travailler sur la sacrosainte socio-dynamique des équipes, en mettant en œuvre la « stratégie des alliés ». Une stratégie managériale qui consiste à allouer le maximum de temps dans sa communication à ses alliés, car ces derniers sont crédibles pour attirer les hésitants, les attentistes et les désabusés. « Animer les alliés permet d’embarquer plus facilement les opposants et au manager de monter en puissance en termes d’aisance et d’affirmation de son leadership », poursuit-elle. Une méthode conseillée en particulier aux jeunes diplômés qui s’installent et dont l’autorité managériale et la légitimité hiérarchique peuvent être bafouées du fait de leur jeunesse. « Le jeune ne parviendra à rien en jouant au « chefaillon », il doit au contraire affirmer son autorité en favorisant le consensus dans l’exécution des tâches plutôt que la soumission, détaille-t-elle. Et s’il manage une jeune équipe, sa capacité à influencer la génération Y ou Z doit se porter sur des valeurs saines, car celle-ci a besoin de donner du sens à son travail. » Le pouvoir d’influence est également un précieux atout pour maintenir l’équipe sur le pont et la motiver à relever les prochains défis du système de santé. « C’est surtout sur le domaine de l’exemplarité que le titulaire va faire la différence, souligne Régis Rossi. S’il sait garder son sang-froid, gérer des clients parfois pénibles, rester calme en toute circonstance, alors il va montrer l’exemple aux équipes. Par mimétisme, et par influence, elles vont adopter un comportement similaire. »

La méthode des « poupées russes »

La propriété peut donner le pouvoir, mais pas forcément la capacité d’être un leader. L’autorité du « propriétaire » s’appuie sur le pouvoir de l’argent. Primes et récompenses sont des bons moyens pour manifester concrètement à un collaborateur que l’on reconnaît la qualité de son travail et/ou son niveau de résultats. « Mais, une prime est une source momentanée de satisfaction pour le collaborateur et une source perpétuelle d’insatisfactions dans la durée », met en garde Sandra Chauvin. « Pour maintenir la motivation dans le temps, un chef d’entreprise peut actionner trois leviers, qui s’imbriquent et fonctionnent comme des poupées russes : si le chef d’entreprise, porteur de sens, échoue avec les récalcitrants, il devra alors prendre sa casquette de patron, donneur d’ordres, et en dernier recours, faire jouer son autorité d’expert liée à son diplôme », précise-t-elle. Et Régis Rossi conclut : « L’expertise construite au fur-et-à-mesure des années va renforcer le leadership et l’image de marque, aussi bien en interne qu’en externe. »

Jeune et influent

Avant d’exercer son pouvoir d’influence, Jonathan Bronner, jeune titulaire strasbourgeois, a laissé passer six mois après son installation. « Les jeunes pêchent souvent par trop d’énergie et par l’absence de réel projet, au risque de braquer l’équipe au moindre changement », explique-t-il. Pour faire adhérer l’équipe, il s’est appuyé sur un vrai projet. « Mon objectif final n’était pas uniquement d’augmenter le volume des ventes et le panier moyen, mais d’apporter plus de bien-être à mes clients, en leur dispensant les meilleurs conseils possibles », explique-t-il. Pour faire partager ses valeurs, Jonathan Bronner n’a jamais cessé de communiquer avec son équipe. Résultat : « Les clients se sont rendu compte que l’on s’intéressait plus à eux et ce retour positif a renforcé l’adhésion de mon équipe à mon projet d’entreprise », conclut-il.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !