« Le sport rend les collaborateurs plus productifs »

Pharmacien Manager : Ancien international de rugby, quelles ont été vos motivations pour devenir un homme d’affaires chevronné ?

Sébastien Chabal : Je me considère plutôt comme un entrepreneur. Je suis curieux et j’aime initier des projets, les accompagner, en constituant des équipes pour travailler en groupe… Autant de motivations qui me viennent de ma “première vie”, dans le rugby. J’ai la chance de pouvoir faire ce que je veux. Donc, j’en profite !

PM Retrouvez-vous les valeurs du rugby dans l’entreprenariat ?

SC Pour lancer un projet, il faut constituer un groupe, un collectif qui doit faire preuve d’habilité, être capable de se surpasser, d’accepter l’échec et de se relever. Autant de valeurs que l’on retrouve dans le rugby.

PM Dans quels domaines avez-vous déjà investi ?

SC J’ai commencé dans le sport, évidemment… J’ai créé une société avec mon frère, Florent, qui conçoit et installe des équipements sportifs de proximité pour les espaces publics. Mon ambition est de promouvoir une pratique sportive libre pour tous. Ensuite, j’ai racheté, l’été dernier, la marque de vêtements Ruckfield, que j’avais lancée avec le groupe Norprotex en 2009 et dont j’étais l’égérie depuis dix ans. Les bases sont solides et son potentiel de développement encore important, car le “rugby wear” est un marché atypique, essentiellement implanté France. 2020 sera une année charnière pour Ruckfield.

PM Vous avez également créé une gamme de cosmétiques pour homme ?

SC En juin 2019, j’ai lancé “Au Poil”. En avant-première chez Monoprix, puis, dès l’automne, nous avons élargi son référencement aux autres enseignes de grande distribution. Cette gamme se compose de sept produits de qualité, composés à plus de 95 % d’ingrédients naturels : gel douche, déodorant, cire de coiffage, crème hydratante, huile, gel à raser et baume de propreté pour la barbe. Ils sont fabriqués en partenariat avec Fareva, une entreprise française de soustraitance spécialiste, entre autres, des secteurs pharmaceutique et cosmétique. Après sept mois d’activité, le sell-in est très bon. Mais, nous attendons encore les résultats du sell-out. Les packagings ont aussi été travaillés pour se différencier des gammes déjà existantes. Côté prix, Au Poil s’adresse au plus grand nombre, avec une fourchette de prix comprise entre 5 et 10 €. Notre volonté est de nous imposer sur le marché en plein essor de la cosmétique pour homme.

D’ailleurs, nous avons investi dans une campagne de publicité à la télévision en début d’année, sur France 2, pendant la quasi-totalité des matchs du tournoi des Six Nations, ainsi que sur les chaînes de la TNT (BFMTV, RMC, l’Equipe TV).

PM Les produits Au Poil pourraientils être vendus en pharmacie ?

SC Plutôt, en parapharmacie. Mais, pour ce faire, nous devons étoffer notre offre et proposer des produits bio. D’ailleurs, c’était notre ambition de départ ! Mais, au niveau de la fragrance, certains composants infimes ne nous permettent pas encore d’être bio. Nous y travaillons…

PM Pour vous, le “made in France” est-il un gage de qualité ?

SC En général, l’offre estampillée “made in France” concerne de beaux produits. Mais, je pense qu’il y a un vrai sujet autour du “Made in France” au niveau de la fabrication, de la production ou de la commercialisation des produits. Il devrait y avoir une vraie charte, afin que le consommateur s’y retrouve et ne soit pas trompé.

PM Vous êtes “l’égérie” du groupement Evolupharm. Vous sentez-vous proche de l’univers de la pharmacie ?

SC Pas particulièrement ! J’ai la chance de ne pas être souvent malade. Et quand je le suis, j’attends que ça se passe ! En revanche, je me sens très proche de l’ADN, de l’identité, et des valeurs d’Evolupharm, qui sont portées par son président, Jean-Pierre Chulot. Avoir un patron comme ça, ça doit être assez génial !

PM Que pensez-vous du sport sur ordonnance ?

SC Je suis totalement pour ! Malheureusement, le sport est encore le parent pauvre de la politique. Toutefois, beaucoup d’initiatives sont mises en place par les entreprises, donc le secteur privé, car elles se sont rendu compte que la pratique du sport augmente la productivité des collaborateurs. En meilleure forme physique et mentale, on est moins malade, donc moins absent. Cela devrait inspirer nos politiques !

PM Quels sont vos projets pour 2020 ?

SC Conforter les positions dans lesquelles je me suis engagé avec Ruckfied et Au poil. Je souhaite leur donner encore un peu plus d’assise, pour les rendre encore plus forts.