Vaccination, on y prend goût ! - Pharmacien Manager n° 194 du 01/01/2020 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 194 du 01/01/2020
 

NEWS

Auteur(s) : François Pouzaud

La campagne de vaccination contre la grippe en officine n’est pas encore terminée, que le succès est déjà au rendez-vous. Les premiers chiffres sont éloquents

A la date du 21 novembre 2019, plus de 2 M de Français se sont fait vacciner par leur pharmacien depuis le début de la campagne vaccinale contre la grippe (le 15 octobre), selon OpenHealth, société spécialisée dans le traitement des données de santé en temps réel. Un premier bilan, réalisé trois semaines plus tôt, montrait que la barre du million avait été franchie le 1er novembre dernier. Ce doublement des patients vaccinés en pharmacie en si peu de temps laisse entrevoir un franc succès pour cette campagne, marquée cette année par la généralisation de la possibilité de se faire vacciner en pharmacie. « Nous ne sommes pas à l’abri d’un succès pour la santé publique », lance avec un brin d’humour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Sur les 9 082 634 doses de vaccin délivrées à date, 24,1 % des patients ont fait confiance au pharmacien pour cette vaccination. « Nos premières données montrent une augmentation du nombre total de doses dispensées, par rapport à l’année dernière », indique Patrick Guérin, président d’OpenHealth.

UN PREMIER bilan positif.

Par rapport à 2018, quelques 500 000 patients supplémentaires ont été vaccinés cette année en officine. Une nouvelle mission de santé publique dans laquelle les officinaux se sont engagés plus facilement que dans celles des entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication. « Cette prestation étant associée à une vente, elle est plus facile à mettre en œuvre », constate Philippe Becker, expert-comptable, directeur du département pharmacie de Fiducial. Les prochaines semaines seront essentielles pour la confirmation de ces résultats. Raison pour laquelle Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), préfère attendre la fin de la campagne (le 31 janvier 2020) pour dresser un bilan. « La campagne a démarré avec une semaine de retard, malgré cela, selon nos estimations, 75 à 80 % des pharmaciens se sont engagés », se félicite-t-il. Pour Philippe Besset, « la vaccination en officine, avec le TROD angine en 2020, ancrent définitivement une orientation prise il y a 10 ans par la profession, du pharmacien acteur de santé inclus dans le parcours de soins du patient. La vaccination représente le premier acte majeur dans le champ de la prévention et du dépistage », considère-t-il. Le deuxième acte sera les TROD.

VOIR plus loin.

Les syndicats pharmaceutiques entendent capitaliser sur ce succès annoncé pour aller plus loin et ouvrir aux pharmaciens de nouvelles vaccinations, notamment le rappel des vaccins chez l’adulte. « Les pharmaciens ont raté beaucoup de vaccinations, ils ont dû refuser des demandes de vaccinations de la part d’adultes bien portants, générant à juste raison de l’insatisfaction », déplore Philippe Besset. S’attendant à ce scénario, la veille du démarrage de la campagne, l’USPO a proposé au ministère que les pharmaciens puissent, dès la prochaine campagne, vacciner contre la grippe l’ensemble de la population adulte, et ce, sans aucune restriction. Pour convaincre le gouvernement, le syndicat a mis à la disposition des officinaux une enquête permettant de déterminer le nombre de vaccinations réalisées dans chaque officine et le nombre de patients que le pharmacien titulaire n’a pas pu vacciner car ils n’étaient pas ciblés par les recommandations vaccinales en vigueur. « Grâce à cette enquête, nous pourrons anticiper la prochaine campagne vaccinale, prévenir l’éco-organisme DASTRI du volume de déchets collectés, et témoigner concrètement au gouvernement de la marge de progression pour la couverture vaccinale », explique-t-il.

DES RÉSULTATS inattendus.

Au 3 décembre, Francis Voltz, titulaire à Molsheim (67) avait déjà réalisé 170 vaccinations. Et pourtant, il a fait peu de promotion, pour ne pas empiéter sur les platebandes des médecins et des infirmiers. Même souci pour Sylvie de Graeve, installée à Muret (31), où elle n’a vacciné qu’à la demande, et encore après s’être assurée que la personne ne se faisait pas vacciner auparavant par son médecin traitant ou un infirmier. « Le but est d’augmenter la couverture vaccinale, mais aussi de travailler en bonne intelligence avec les médecins et infirmières », affirme-t-elle. Ce partage des patients a été bien accepté, à tel point que « 6 à 7 médecins et 2 infirmières sont venus se faire vacciner dans mon officine ». Francis Voltz, lui, s’est retrouvé dans la situation où des médecins lui ont adressé des patients. « Accessibilité, facilité, rapidité… c’est ce qui fait notre force ! », clame-t-il. Sylvie de Graeve constate que les personnes qu’elle a vaccinées en 2018 dans le cadre de l’expérimentation, lui ont renouvelé leur confiance cette année. Avec les nouveaux patients recrutés, à mi-parcours, elle comptabilise déjà 155 vaccinations réalisées, soit près d’un tiers des patients à qui elle a vendu un vaccin, contre 139 à l’issue de la campagne 2018-2019. Victime de leur succès, ces deux pharmaciens ont dû refuser de “piquer” les patients adultes qui n’étaient pas dans les recommandations. Parmi eux, des jeunes adultes « mais aussi des personnes âgées en résidence senior », indique Francis Voltz. Ces deux pharmaciens s’accordent à réclamer pour 2020 une extension de la vaccination antigrippale à l’ensemble de la population adulte.

L’ESSENTIEL

→ La vaccination contre la grippe en officine est bien partie pour être un franc succès.

→ La simplicité à se faire vacciner en pharmacie explique les bons chiffres de la vaccination par les pharmaciens.

→ Les pharmaciens ont participé à cette campagne vaccinale sans faire de prosélytisme auprès de leur patientèle, estimant que l a prévention doit rester l’affaire de tous : médecins, infirmiers, officinaux…

→ Pour les syndicats pharmaceutiques, la vaccination contre la grippe en officine n’est qu’une première étape.

Les modalités

Une cible de 13 millions

La campagne de vaccination en pharmacie s’adresse uniquement aux personnes éligibles, pour lesquelles le vaccin est gratuit sur présentation d’un bon de prise en charge de l’Assurance maladie : individus âgés de 65 ans et plus, ou atteints de certaines maladies chroniques, femmes enceintes, obésité sévère, entourage des nourrissons à risque de grippe grave et des personnes immunodéprimées. Soit près de 13 millions de personnes concernées selon les autorités sanitaires qui peuvent aussi se faire vacciner au choix par un médecin, un infirmier ou une sage-femme.

8 100 décès ont été attribués à la grippe saisonnière en 2018 et 2019.

Source : Santé Publique France

LE LEVIER DES LGO

Le président de la FSPF, Philippe Besset, estime que le taux de couverture vaccinale contre la grippe pourra encore augmenter dans les années à venir, quand les logiciels de gestion officinale (LGO) sauront détecter tous les patients d’une officine éligibles à la vaccination.

+ 35 % c’est la hausse du nombre de vaccins dispensés dans les départements et collectivités d’outremer.

Source : Santé Publique France

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