L’ordonnance électronique sur les rails - Pharmacien Manager n° 186 du 01/04/2019 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 186 du 01/04/2019
 

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Auteur(s) : Yves Rivoal

La première phase de l’expérimentation de la prescription électronique de médicament (PEM) 2D lancée fin (2017), par les caisses primaires d’assurance maladie du Maine-et-Loire, de la Saône-et-Loire et du Val-de-Marne, devrait s’achever cet été. Des premiers retours d’expériences positifs, qui devraient déboucher sur une généralisation du dispositif d’ici à la fin de l’année.

Cinquante-trois médecins équipés des logiciels Crossway et Hellodoc, et trente-trois pharmaciens travaillant sous LGPI et Smart RX, ont accepté de participer à l’expérimentation de la Prescription Électronique de Médicament (PEM) 2D lancée fin 2017 par les Caisses primaires d’assurance maladie du Maine-et-Loire, de la Saône-et-Loire et du Val-de-Marne, en partenariat avec des syndicats de médecins et de pharmaciens (FSPF et USPO). Dans la solution technique expérimentée, le médecin prescripteur rédige sur son poste de travail la prescription. Son logiciel métier génère, lui, un numéro unique de PEM. Ce numéro et les données de la prescription, qui sont structurées pour chaque ligne de médicaments, en incluant la posologie, sont contenus dans un QR code 2D imprimé sur l’ordonnance remise au patient. Lorsque celui-ci la présente à l’officine, le pharmacien accède aux lignes de code dans son LGO, et procède à la délivrance, de manière totale ou partielle. Le système permet aux équipes officinales d’indiquer si la prescription a été modifiée, et pour quel motif. Le dispositif gère également la transmission de l’ordonnance à l’Assurance maladie. A terme, plus besoin donc de la scanner, comme c’est le cas aujourd’hui.

TESTS à l’appui.

Depuis le mois de novembre dernier, la start-up Ordoclic teste sa propre solution d’ordonnance électronique auprès de 400 pharmaciens et 200 médecins installés dans les Hauts-de-France et en région parisienne. Le dispositif technique est sensiblement différent de celui imaginé par la CNAM et ses partenaires. « Notre solution n’est pas intégrée aux logiciels des médecins et des pharmaciens, souligne Guillaume Gobert, co-fondateur d’Ordoclic. Elle s’appuie sur une application Web et un logiciel compagnon installé sur les postes du médecin et du pharmacien, afin de lire la carte vitale du patient et la carte CPS du professionnel de santé qui vont nous permettre de signer la prescription et la délivrance. » Deux cas de figure sont possibles. Si le médecin veut continuer de générer ces ordonnances depuis son logiciel habituel, c’est une imprimante virtuelle connectée au logiciel compagnon qui va se charger d’éditer une ordonnance dématérialisée au format PDF. Lorsque le médecin accepte de traiter ses ordonnances sur Ordoclic, la plateforme transmet des ordonnances électroniques structurées avec le nom du médicament, sa posologie, la durée du traitement, l’identité du prescripteur et du patient. En fin de chaîne, le pharmacien récupère dans les deux cas de figure un fichier PDF que des logiciels comme Winpharma, Leo ou Pharmaland sont d’ores et déjà capables de traiter. « Nous sommes en discussion avec les éditeurs pour qu’ils intègrent le format xml dans leur LGO, ce qui nous permettra alors de proposer une ordonnance 100 % électronique. » Des discussions sont également sur le point d’être engagées avec la CNAM, pour voir si les deux systèmes actuellement en test pourraient être interopérables.

Soucieux de garantir aux patients le libre choix de son pharmacien, les dispositifs testés semblent avoir séduit les médecins qui ont apprécié de pouvoir accéder aux informations de délivrance qui facilitent les échanges avec les pharmaciens. Ces derniers ont, eux, souligné que le fait de récupérer directement la prescription déjà codifiée facilitait la délivrance et réduisait le nombre d’erreurs.

NOMBREUX sont les avantages.

« L’ordonnance électronique a aussi pour vertu d’empêcher toute duplication ou modification par le patient, ajoute Guillaume Gobert. Le système améliore aussi la traçabilité des ordonnances et des traitements administrés. On peut d’ailleurs penser que certains scandales, comme celui du Mediator, auraient pu être évités avec un tel dispositif, car les effets indésirables auraient pu être détectés plus tôt. » Aussi, l’observance n’en sera que meilleure. « Demain, le pharmacien pourra automatiquement envoyer une alerte à son patient pour lui rappeler qu’il doit prendre son traitement, ajoute Guillaume Gobert. Et si l’on va jusqu’au bout de la digitalisation en supprimant l’ordonnance papier, elle se révélera aussi plus écologique. »

VERS une généralisation fin 2019.

Si le dispositif imaginé par la CNAM semble validé dans ses grandes lignes, médecins et pharmaciens ont toutefois souhaité que soient apportées des modifications touchant à l’ergonomie et à la technique. Les différents partenaires, Caisses primaires d’assurance maladie, syndicats de médecins et de pharmaciens et éditeurs de logiciels, ont donc prévu de se réunir autour de la table d’ici l’été, afin de dresser un bilan qui devrait déboucher dans la foulée sur une seconde phase d’expérimentation. Celle-ci devrait permettre d’étendre la PEM aux établissements de santé, à tous les types de prescription et à tous les dispositifs médicaux. La question de l’intégration de la Prescription Electronique de Médicament (PEM) au Dossier Médical Partagé (DMP) des patients sera également posée. Si tout va bien, la généralisation du dispositif pourrait intervenir avant la fin de l’année.

10 000

e-prescriptions sont traitées par Ordoclic, en trois mois. 90 % d’entre elles sont générées depuis le logiciel du médecin. Et seulement, 10 % via la plateforme Ordoclic.

20 000

Prescriptions Electroniques de Médicaments (PEM) ont été générées depuis le lancement du test piloté par la CNAM.

L’ESSENTIEL

→ 53 médecins et 33 pharmaciens participent à l’expérimentation de la Prescription Electronique de Médicament (PEM) 2D lancée fin 2017, par les Caisses primaires d’assurance maladie du Maine-et-Loire, de la Saône-et-Loire et du Val-de-Marne.

→ Pour les pharmaciens, l’e-ordonnance facilite la délivrance et réduit le nombre d’erreurs car la prescription est déjà codifiée.

→ L’ordonnance électronique empêche toute duplication ou modification par le patient. Elle améliore aussi la traçabilité des ordonnances et l’observance, et devrait mettre un terme aux duplicatas.

→ Une 2e phase d’expérimentation démarrera cet été. La généralisation du dispositif pourrait intervenir avant la fin de l’année.

A surveiller

Les syndicats de pharmaciens vigilants

Si la PEM est accueillie avec bienveillance par Gilles Bonnefond, le président de l’USPO, qui participe à l’expérimentation de la CNAM, ce dernier rappelle toutefois les points de vigilance des syndicats de la profession. « Il faudra que le patient reparte du cabinet médical avec une version papier de son ordonnance, car cette dernière reste indispensable à la bonne compréhension du traitement et à son observance. Il ne faudrait pas non plus que l’ordonnance électronique génère des signalements inutiles, lorsque le rapprochement entre ce qui est prescrit et délivré fait ressortir des différences. Le pharmacien doit rester libre de substituer un médicament stipulé non substituable ou de corriger une erreur de dosage ou de posologie. » Gilles Bonnefond estime enfin que la PEM ne devra pas se limiter aux seuls médicaments, comme c’est le cas dans la première expérimentation. « Ne pas inclure les dispositifs médicaux serait une catastrophe. Cela obligerait les médecins à rédiger une deuxième ordonnance papier, lorsqu’ils voudront prescrire une paire de bas de contention. Il faut donc impérativement que l’Assurance maladie code le plus rapidement possible les dispositifs médicaux pour qu’ils puissent être intégrés à la PEM. »

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