Macros revenus - Pharmacien Manager n° 183 du 01/12/2018 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 183 du 01/12/2018
 

MARCHÉ

Auteur(s) : Carole de Landtsheer

Poussés par l’attention croissante portée à une alimentation saine, les micronutriments créent la tendance. un secteur en plein déploiement, qui permet au pharmacien de se distinguer en délivrant un conseil personnalisé.

Née dans les années 90, la micronutrition se démocratise et connaît, aujourd’hui, un véritable essor. Cette discipline, pourtant non reconnue par l’OMS et la Haute autorité de santé, brandit un discours qui fait mouche, légitimé par un ensemble de facteurs qui concourent à l’appauvrissement de nos rations alimentaires : de la « malbouffe » aux méthodes de cultures intensives, ayant recours à des pesticides, en passant par l’ultra-transformation des aliments (contenant additifs et conservateurs), la pollution de la planète ou encore la mode des régimes « sans » (gluten, lactose…). Son credo ? Optimiser nos apports en micronutriments (vitamines, minéraux, acides gras, acides aminés, polyphénols ou antioxydants, probiotiques…), pallier nos déficits, en prévention ou en accompagnement de traitements médicamenteux.

UN CONSEIL personnalisé.

L’objectif visé n’est autre que notre maintien en bonne santé et cela de façon durable. « La micronutrition étudie l’impact des micronutriments sur la santé et peut s’inscrire en complément de la médecine allopathique », résume Yoann Gaulmin, responsable marketing chez Pileje. L’originalité de cette démarche repose sur la personnalisation des prescriptions, qui passe par un conseil poussé et sur mesure. Au-delà des symptômes, il est question de rechercher les causes des troubles fonctionnels afin de rééquilibrer, en première intention l’assiette du patient et, le cas échéant, de l’améliorer par une complémentation orale. Outre, l’existence de micronutritionnistes ou encore de naturopathes qui pratiquent cette discipline, le pharmacien a, içi, un rôle majeur à jouer. Une mission d’investigation que Nutergia, par exemple, lui fait pleinement tenir en plaçant à sa disposition l’outil Iomet, un questionnaire individualisé qui permet de définir des bilans bionutritionnels (à partir desquels des cures à la carte sont proposées).

UN MARCHÉ en plein essor.

« La micronutrition est un sous-segment du marché des compléments alimentaires qui suit la même tendance à la hausse, liée à la prise de conscience, relativement récente, de l’importance d’améliorer son hygiène de vie, et son alimentation, pour rester en bonne santé », avance Géraldine Bianchi, responsable marketing opérationnel au sein des laboratoires Ineldea. Difficile, cependant, de détacher un secteur à part entière et stricto sensu, alors que nombre de références mixent micronutrition et phytothérapie, aromathérapie, etc. Les micronutriments infiltrent les formules et tous les secteurs de la pharmacie (jusqu’aux marques de distributeurs telle Pharmavance). Un marché désormais investi par « une poignée de laboratoires pharmaceutiques et des acteurs du complément alimentaire », observe Pascal Fons, directeur marketing au sein du laboratoire Nutergia. Dans tous les cas, nous voici face à un secteur très prometteur, estime Michel Mencarelli, directeur de business unit chez Ea Pharma : « C’est un domaine en plein développement, loin d’être en phase de massification, qui présente un potentiel énorme et qui s’inscrit parfaitement dans la mouvance des médecines naturelles ». Une expansion qui a aussi ses revers : la micronutrition devient une sphère fourre-tout. Cette thérapeutie s’attaque à tous les domaines : arthrose, dépression, colites, acné, migraines, troubles métaboliques, digestifs, fatigue, problèmes de sommeil, etc. Parmi les segments phares, selon Ospharm : le confort intestinal (39,8 % de parts de marché en valeur (+ 21 %), la sphère sommeil/détente (13,8 % de Pdm en valeur (+ 31,6 %) et l’immunité (8,6 % de Pdm en valeur (+ 10,2 %).

UNE VARIÉTÉ des propos.

La micronutrition a plusieurs chapelles qui défendent des approches spécialistes. Fondateur de cette discipline, le laboratoire Pileje, fort de 92 références, prend la première place du secteur qu’il domine haut la main (47,5 % de parts de marché, en valeur, Ospharm). Il développe « une approche médicale centrée sur la prévention qui passe par la formation et l’accompagnement des professionnels de santé et qui apporte des solutions aux troubles fonctionnels de l’organisme », résume Karine Badel, responsable marketing micronutrition chez Pileje. Sa meilleure vente, portée par l’extraordinaire croissance des probiotiques, n’est autre que Lactibiane Référence, pour la sphère digestive. Lancé en septembre dernier, lactibiane Immuno, un immunobiotique en comprimés, à base de vitamine C et D, revendique une approche complète de la stimulation des défenses immunitaires via la libération de souches microbiotiques à la fois dans l’intestin et dans la bouche (pour une action antipathogène au niveau local). Autres nouveautés : Formag (le 2e produit le plus vendu du marché selon Ospharm), également proposé en sticks et Chronobiane LP, pour les sommeils fragmentés, à base de mélatonine à libération prolongée, de vitamines D3 et E et de magnésium. Un produit qui complète la gamme Chronobiane et qui enregistre une progression de 81,2 % en volume (en cumul annuel mobile à fin août 2018, source fabricant). Quant au laboratoire Nutergia, l’autre poids lourd du marché (75 produits à son portefeuille), il développe le concept de nutrition cellulaire active. « Pour fonctionner de façon optimale et ne pas se retrouver carencées, nos cellules ont besoin de nutriments », résume son div, Claude Lagarde, pharmacien biologiste et fondateur de Nutergia. Un concept qui débouche sur un programme en deux temps : une première étape de détoxination, qui favorise l’élimination des toxines, suivie d’une restructuration via l’apport de nutriments. Ses fleurons : Ergyphilus plus, sa référence historique qui agit sur le microbiote (à conserver au frais), et Ergyphilus Confort. Dernier lancement : Ergycartil Fort, un produit complet à l’action antioxydante (grâce à l’association de curcuma, zinc, cuivre et manganèse) qui favorise le renforcement des articulations.

ASSOCIATION et actifs naturels.

Troisième pilier du marché, le groupe Ersa avec ses marques Synactifs et Aragan, associant micronutriments et plantes. Aragan enregistre une croissance en valeur située entre 35 et 40 % chaque année depuis 2012 (source fabricant). Une progression qui s’explique, selon Lætitia Dhers, responsable développement, marketing et communication, « par son positionnement innovant : des compléments alimentaires premium, pour des traitements de fond, à base d’actifs naturels conservés au frais dans des vitrines réfrigérées afin de permettre aux produits de conserver leurs propriétés nutritionnelles ». Son best-seller, Biotic P7 Entero, pour la sensibilité intestinale (douleurs, spasmes, colon irritable, etc), associe sept souches de ferments lactiques. Magnactifs et Somactifs, sous la marque Synactifs, comptent parmi ses autres meilleures ventes. Nouveau, Biotic P3 Cholestérol, à base de levure de riz rouge et de probiotiques. Également positionnée sur le naturel, la marque Ineldea cartonne avec sa gamme de compléments enfants Pediakid (+ 21 %, en valeur, en cumul annuel mobile à fin juin 2018, source fabricant). La gamme Ineldea Santé Naturelle (+ 40 % en volume, source fabricant), installée sur la micronutrition avec 30 références, associe des extraits de plantes et des micronutriments. Parmi ses succès commerciaux : Artrobiol Plus, pour le confort articulaire, dont la formule contient du cuivre et du manganèse, et Détox Colon, à base de fibres prébiotiques et d’extraits de plantes, pour une purification en douceur. Nouveau, le produit Permea-Regen (arômes fruits rouges naturels), qui permet de combattre l’hyperméabilité intestinale, fait le plein de vitamines (A, B2, B3) associées à de la glutamine.

UNE CONCURRENCE féroce.

Le marché ne cesse de progresser à la faveur « de nouveaux lancements de produits aux formules de plus en plus complètes, qui permettent de cibler des problématiques de plus en plus spécifiques », signale Lorène Peix, pharmacienne responsable scientifique au sein du groupe Ersa. Le laboratoire des Granions (Ea Pharma) se définit comme un pure player de la micronutrition, son portefeuille englobant des médicaments d’oligothérapie, en ampoules et des compléments alimentaires. Des formules complètes et complexes qui associent miconutriments et d’autres actifs. Il figure en bonne place, prenant la 5ème position parmi les acteurs du marché, (4 % de parts de marché en volume, et 3,8 % en valeur, Ospharm), au coude-àcoude avec NHCO Nutrition (3,4 % de Pdm en volume, et 5,2 % en valeur, Ospharm), qui se présente comme le spécialiste des acides aminés avec des propositions diverses (performance, minceur, etc). « Notre référence Granions Décontraction musculaire, qui associe plusieurs oligo-élements est numéro un de sa catégorie. Elle est disponible sous la forme de comprimés depuis le mois de novembre », indique Michel Mencarelli. Autre lancement à venir, Duab Fort, pour les cystites récidivantes, qui contient, notamment, du zinc.

MICRO ET MACRO, pas antinomiques.

D’autres laboratoires jouent la carte combinée de la micro et macronutrition, pourvoyant aux deux approches thérapeutiques. Ainsi, le laboratoire Ysonut, inventeur de la Rythmonutrition, qui améliore l’efficacité des miconutriments en se fondant sur le rythme biologique pour des apports aux bons moments de la journée, compte dans sa gamme Inovance, plusieurs best-sellers tels ses références Magnésium, à base de magnésium, taurine et vitamine B6 et Probiovance AB, associant manganèse et probiotiques pour le soutien de la flore intestinale en cas de prise d’antibiotiques. L’offre se complète de Vita K2-D3, à base de vitamines D et K, pour les femmes ménopausées et le public senior mais aussi de Trimag qui comporte trois sels de magnésium pour les personnes subissant des stress répétés. Quant au laboratoire Therascience, qui souhaite développer sa présence en officine, il est spécialisé en Physonutrition, afin de rétablir les déséquilibres physiologiques via la macro et la micronutrition. Il se distingue avec ses produits Physiomance Relax, pour relâcher la pression, et sa gamme Physiomance Permea +, pour restaurer la perméabilité intestinale. Comme démontré, voici un domaine exponentiel, à suivre de près. De toute évidence, c’est un secteur prometteur qui permet, également, au pharmacien de tabler sur une offre spécialiste et différenciatrice.

2,6 MILLIONS D’EUROS de CHIFFRE D’AFFAIRES

ÉVOLUTION en valeur

0,8 %

En cumul annuel mobile à fin mai 2018

Source Iqvia

2,7 MILLIONS D’UNITÉS VENDUES

ÉVOLUTION en volume

6,%

En cumul annuel mobile à fin mai 2018.

Source Iqvia

L’ESSOR DES PROBIOTIQUES.

Le confort intestinal est un fort “driver” de la micronutrition. Parmi les produits phares, Lactibiane Référence, Probiolog Fort, Ergyphilus Plus et les nouveaux lancements, Lactibiane Immuno, alimentent la tendance.

La TENDANCE

Si la micronutrition touche toutes les sphères santé de la pharmacie, elle se développe aussi sur le terrain de la nutricosmétique et de l’anti-âge. Ainsi, le laboratoire Ysonut a lancé Dermovance M, à base de vitamines, de zinc et de plantes, pour réduire l’hyperpigmentation et les taches brunes. De son côté, le laboratoire Léro a complété sa gamme « Esthétic » avec Léro Derm pour les peaux ternes et desséchées, qui associe des vitamines et des huiles d’onagre et de poissons. Quant au laboratoire NHCO, il détient une gamme intitulée « Santé dermatologique » comprenant des produits aux promesses anti-rides, peaux sèches et sensibles ou encore antirelâchement. Autre exemple, Ineldea compte parmi ses best of le produit Silibiol, un anti-âge global qui contient une forme de Silicium organique.

PILEJE, LEADER DU MARCHÉ.

Inventeur de la discipline, le laboratoire Pileje règne en maître sur la micronutrition. Trois de ses références figurent dans le top 5 des meilleures ventes : Lactibiane Référence (gélules), Lactibiane ATB (gélules) et Formag (comprimés).

CHIFFRES CLÉS

EN PARTENARIAT AVEC OSPHARM* ET IQVIA

*Ospharm Datastat comprend un panel de 5500 pharmacies. Ospharm traite et restitue l’ensemble des flux de ventes de ses adhérents en temps réel.

51 % DES VENTES DE COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES SONT ISSUES DE L’OFFICINE. Source Synadiet, 2017

113 M€ C’est le montant des ventes réalisées en parapharmacie. Un circuit en progression de 7,7 %, au même titre que la pharmacie (+ 7 %). Source Synadiet, 2017

Top 5* des produits

1 Lactibiane Référence Gélule 11,1 %

2 Formag Comprimé 4,7 %

3 Ergyphilus Plus 3,9 %

4 Probiolog Fort 3,3 %

5 Lactibiane ATB 3,93 %

* Le Top 5 est calculé en parts de marché en valeur. Ventes en pharmacie en cumul annuel mobile à fin juin 2018. Source Ospharm

100,MC’EST LE MONTANT DES VENTES RÉALISÉES PAR LA GMS SUR LA MICRONUTRITION. UNE TENDANCE À LA BAISSE (- 5,1 %). EN CUMUL ANNUEL MOBILE À FIN JUIN 2018. Source IRI

RÉPARTITION DU MARCHÉ DE LA MICRONUTRITION PAR SEGMENT. Parts de marché en valeur, en cumul annuel mobile à fin juin 2018. Source Ospharm

UN VENT DE NATURALITÉ.

La micronutrition flirte de plus en plus avec le naturel. Un positionnement clairement revendiqué par certaines marques, comme Aragan ou Ineldea Santé Naturelle.

GMS

Une micronutrition en filigrane

La présence de compléments alimentaires en GMS tend à se réduire à peau de chagrin. Seuls les produits multivitaminés y trouvent encore leur place.

La micronutrition en GMS est dominée par Juva santé, qui réalise 48 % de parts de marché en valeur (en CAM à septembre 2018, source fabricant). « A la différence de la pharmacie, l’acheteur en GMS achète seul en se référant au packaging. Les produits affichent des bénéfices santé : vision, sommeil, confort urinaire, etc. Les consommateurs cherchent dans ce circuit des solutions simples », indique Christelle Chapteuil, directrice des des laboratoires Juva Santé.

SANS VENTE CONSEIL, moins de vente. Et si l’offre résiduelle n’est en rien comparable à celle de la pharmacie, la GMS subit un net recul sur le marché de la micronutrition. Le secteur réalise un C.A de 100,5 M €, pour 18,4 M d’unités vendues, en baisse de 5,1 % en valeur et de 4,5 % en volume (source IRI). Il semblerait que le terme de « micronutrition » ne soit pas un driver d’achat et que la grande distribution doit affronter la concurrence des circuits plus adaptés (pharmacie, parapharmacie) et de la vente par correspondance.

LE MULTIVITAMINÉ bondit. Lancée il y a deux ans, la gamme de six oligo-éléments (Sélénium, Fer, Chrome, etc) des laboratoires Juvamine, « s’adresse à des consommateurs de plus en plus avertis. Il y a dix ans, ça n’aurait pas marché ! », remarque Christelle Chapteuil.

Autre tendance : les laboratoires développent de plus en plus de formules complètes pour pallier les éventuelles déficiences nutritionnelles. D’où la reformulation de la gamme « Multivitamines et minéraux » de Juvamine, dont la référence Top Forme Multivitamines comprend 23 actifs. Des multivitamines que l’on retrouve également chez Floressance de Léa Nature (12 vitamines & minéraux) ou encore chez Vitarmonyl (Multivitamines Max).

LA NOUVEAUTÉ.

Permea-Regen d’Ineldea aux arômes de fruits rouges naturels permet de combattre l’hyperméabilité intestinale et de faire le plein de vitamines (A, B2, B3) associées à de la glutamine.

LA SPHÈRE SOMMEIL/DÉTENTE SE RÉVEILLE.

C’est le segment qui enregistre la plus forte croissance (+ 31 % en valeur, selon Ospharm). Des produits plébiscités pour faire face à nos modes de vie contemporains.

Campagne

Le pharmacien, bon communicant

Centrée sur une personnalisation des traitements, la micronutrition passe naturellement par les professionnels de santé. Les pharmaciens jouent un rôle indispensable de « conseil, d’encadrement et de garde-fou », souligne Lorène Peix. Si les PLV sont fréquentes dans les points de vente, les publicités grand public sont rares et portent sur les blockbusters, tels le décontractant musculaire des Granions. L’objectif : « développer le business du pharmacien, concurrencé sur le terrain des compléments alimentaires, par les autres circuits », explique Michel Mencarelli. De son côté, Nutergia met en avant son produit phare, la référence Ergyphilus, « en insistant sur son expertise (vingt ans d’existence) alors que le marché dérive, en raison de son fort déploiement, vers du complément alimentaire basique », estime Pascal Fons. Pour sa part, Pileje s’engage au côté des pharmaciens dans des campagnes nationales d’information ouvertes au grand public. Par exemple, sur les microbiotes, en octobre dernier.

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