Bizh’ attitude !

Située à Carnac, la pharmacie Saint Cornély incarne à sa façon l’état d’esprit de la « Breizh », le nom breton de la Bretagne. Sa principale singularité réside dans le relationnel qu’elle noue avec sa patientèle. « Salut Rosine, as-tu quelque chose pour me remettre les boyaux en place ? », demande Paul*, un habitué. « Vous arrivez juste à l’heure de l’apéro ! », lance la préparatrice, Caroline, à un touriste qui est venu au comptoir avec une bière bien visible dans son cabas… Dans cette officine, située en plein centre de la commune bretonne célèbre pour ses alignements de menhirs, on a le sens de l’accueil ! Ici, on rigole, on plaisante, l’atmosphère est un brin décalée comme une douce folie généreuse. Pour une patiente en villégiature pendant 15 jours sur la côte, Séverine prend le temps de deviner avec elle, les médicaments qu’elle a oubliés à son domicile : « Ah, OK pas de Transipeg, vous préférez manger des prunes ». A une vieille carnacoise, elle répète la posologie lentement : « Alors Lucienne*, pour le vaccin antigrippe homéopathique, vous avez bien compris quand utiliser le grand tube ? Combien de granules prenez-vous à chaque fois ? Ah vous les posez sur un plateau, non il faut faire tourner le tube comme ça », explique celle qui est toujours la première à faire le clown avec une sorte de patience amusée. « Penn Kalet ! », lui sourit Lucienne, « ça veut dire “tête dure” en breton ». Séverine Guillevin, son associée Rosine Sero, comme les préparatrices, Caroline et Claire, s’adressent souvent aux patients par leur prénom. A la Pharmacie Saint Cornély, on se tutoie à tout va. Au comptoir, le staff embrasse les visages familiers. Et malgré cette ambiance hyper décontractée, c’est le conseil délivré qui fait la réputation des lieux. Depuis leur installation en 2002, les titulaires ont, au fil du temps, développer leurs connaissances sur les produits naturels. Et cette année, elles ont entrepris un réaménagement pour valoriser cette offre complémentaire de traitement allopathique.

UNE AMBIANCE chaleureuse.

Après trois mois de travaux, de janvier à mars derniers, pour un montant de plus de 190 000 €, l’officine a tout misé sur un nouvel agencement élaboré en collaboration avec la société nantaise Univers Delta. « Nous avons choisi ensemble tous les détails et ils ont tout fourni », se réjouit Séverine, en pointant les gondoles blanches, le tableau pour les enfants, le miroir façon coulisse de cinéma dans le coin maquillage etc. Depuis, la pharmacie baigne dans une lumière jaune et douce. Les murs sont bleu foncé coté para, parés de pierres dans le coin nature et blancs partout ailleurs. Le pôle de quatre caisses et l’espace Nature sont surplombés de parquet au plafond et dotés de carreaux façon béton ciré au sol. Derrière les comptoirs, le bureau des titulaires est totalement vitré à la manière d’un atelier verrière. Dans la surface de vente passée de 67 à 95 m², les rayonnages sont posés sur un carrelage imitation bois et parquet. Les lustres et appliques rappellent l’intérieur d’une maison. Le fauteuil devant les caisses ajoute aussi sa touche à l’ambiance familiale. D’autres détails participent à l’atmosphère conviviale, comme ces affichettes, sous forme de clins d’oeil, revêtues de smiley rieurs qui jalonnent le point de vente. Elles annoncent une astuce de saison. En fin d’été, on y lisait par exemple : « Il fait beau, il fait chaud, ça sent beau le sable chaud. Il est l’heure de sortir en maillot. Prenez soin de votre corps en dedans et en dehors » ; ou encore « Un petit coup de boost pour se remettre des vacances et entamer une nouvelle année scolaire sous les meilleurs auspices ! On fait le plein de vitamines et de magnésium ! Bonne rentrée ». Les divs sont signés de la préparatrice Claire, une ancienne chargée de communication dans le milieu culturel (lire article page 32).

LE NATUREL booste les ventes.

Le nouvel agencement a surtout été l’opportunité de renforcer l’assortiment de parapharmacie et en particulier l’offre « nature ». A commencer par les compléments alimentaires Aragan, qui bénéficient désormais de deux descentes en plus d’un grand réfrigérateur. De nouvelles marques comme Erborian, Nutergia et, plus rare Agovie (baies de goji, cranberry…), mais aussi les soins Biotherm et le maquillage T Leclerc ont été référencées. « Pourquoi vendre du Dolirhume, de Lisopaïne, à base de molécules à risques pour lesquels il faut poser quinze questions ? Nous préférons conseiller Aragan ou Phytosun, sans effets secondaires, des huiles essentielles faciles à conseiller en dehors de quelques très rares contrindications », lâche Séverine, convaincue par les médecines alternatives. Résultat, six mois après l’implantation du nouvel agencement, Weleda placée à l’entrée a, par exemple, vu ses ventes grimper de 50 % et Puressentiel, installée dans le pôle nature, de 89 % !

À L’ÉCOUTE des clients.

Aujourd’hui, l’équipe est toujours en quête de nouvelles marques de niche. Au comptoir, si des touristes ou des locaux, demandent un produit en particulier, le message est entendu. « Après qu’une Parisienne m’ait parlée de Love & Green au comptoir, j’ai regardé mais leurs conditions ne me convenaient pas. On m’a aussi conseillée Nathalie Tuil, je les ai appelés et ça m’intéresse », détaille Séverine. La pharmacie assume ses sélections mais aussi ses prix élevés. « Si notre clientèle relève que les prix sont chers, on répond que oui ! Nous sommes une petite officine et nous n’aurons jamais les mêmes conditions qu’une grande. On rappelle aussi que nous faisons régulièrement des promos », raconte Claire, à l’aise avec ce discours. Sauf que… les promotions, même si elles ponctuent les rayons, sont assez peu visibles (lire audit page 33). Les stop rayons sont petits – de la taille d’un smartphone – et positionnés sur fond gris. Mais, le prix n’est pas franchement un problème dans cette commune où les locaux sont assez aisés et les touristes plutôt fortunés. Pour preuve, la rénovation au service de la valorisation des produits naturels a porté ses fruits rapidement, puisque la marge a augmenté de 10 700 € dès les premiers mois suivant le réaménagement.