Les prix tirent vers le haut

Premier marché de l’automédication à 534 millions d’euros (source Baromètre Afipa 2016), le secteur des voies respiratoires couvre de nombreux besoins, notamment en cas de pathologies hivernales, que les Français ont pris pour habitude de soigner en se rendant à l’officine. Ici, le rôle du pharmacien, premier interlocuteur dans le parcours de soin, est central : il délivre le produit adapté et redirige, si besoin, le patient vers un médecin. Sur le périmètre sélectionné (rhume/état grippal, maux de gorge et hygiène nasale), le marché affiche une croissance de 3,1 % en valeur, malgré une baisse en volume (- 1,4 %) en cumul annuel mobile à mai 2017 (source IMS). « Un décalage de saisonnalité, soit une pathologie hivernale observée plus tôt qu’à l’habitude en 2017 et amorcée durant le dernier trimestre 2016, période marquée par un niveau de ventes élevée, est la principale raison qui explique cette évolution positive en valeur », selon Dominique Giulini, président de l’Afipa (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable).

LES MÉTHODES DOUCES plébiscitées

Pour le rhume et l’état grippal, mieux vaut enrayer le mal avant même qu’il ne s’installe. Une précaution thérapeutique sur laquelle surfe ostensiblement le médicament homéopathique Oscillococcinum de Boiron. Avec son slogan “Aussitôt Oscillo”, il se situe en pole position avec 24,8 % de PDM en valeur, selon Ospharm. Son succès s’explique par l’absence de contre-indication ou d’effets secondaires et son utilisation familiale. « C’est un médicament qui convient à toute la famille, du nourrisson jusqu’à la personne âgée polymédicamentée. En France, son taux de satisfaction est de 90 % et son taux de recommandation de 89 %* », développe Anabelle Flory-Boiron, directrice de la filiale Boiron France. Sur la gamme, le format 30 doses devient un incontournable et prend l’avantage. Clairement, les solutions douces (homéopathie, inhalation, révulsifs), utilisées en première intention, sont plébiscitées par les Français, le spray Actisoufre (Grimberg), pour les rhinites et rhinopharyngites chroniques, prenant la seconde place du top 5 produits (7,5 % de PDM en valeur, sur le segment rhume/état grippal, selon Ospharm). Quant à la marque Vicks, elle est leader sur le marché des révulsifs et produits inhalants de la catégorie rhume/état grippal (47,4% de PDM en mars 2017, source fabricant) avec ses références Vicks Vaporub et Vicks Inhaler. Elle s’adresse, depuis 2016, date de lancement du dispositif adhésif VapoPatch, aux plus petits, en cas d’encombrement respiratoire. « Comme il ne se colle pas sur la peau, il n’y a pas de risque d’irritation cutanée », commente Laetitia de la Bastide, chef de groupe Procter & Gamble Pharmaceuticals France. De plus en plus de marques, et plus particulièrement celles positionnées sur le naturel s’intéressent à cette cible. Signalons le lancement par Stérimar, en septembre dernier, du spray Bébé Stop & Protect Rhume, une solution à l’eau de mer enrichie en cuivre, « un dispositif non médicamenteux double action, qui agit en deux minutes, contre le rhume, dès 3 mois », résume Jessica Dulio, chef de produits Stérimar (Laboratoire Fumouze).

C’EST LE JOUR et la nuit !

Avec 14 % de PDM en valeur sur le segment rhume/état grippal (Source Ospharm), les références nuit et jour restent des valeurs sûres. Actifed Rhume Jour & Nuit de Johnson & Johnson Santé Beauté France est le troisième produit le plus vendu de cette catégorie (5,6% de PDM en valeur, selon Ospharm) et Humex Rhume Jour & Nuit du laboratoire Urgo (4,3 % de PDM en valeur, Ospharm) reste le produit phare de la marque Humex (25 % de ses ventes en sell-out, CAM juillet 2017, source fabricant). A celà s’est ajouté le lancement en 2016, de HumexLib état grippal, en sachets et sans sucre, afin de répondre à tous les modes de consommation. Autre marque clé du secteur, Fervex (UPSA) et ses références état grippal en sachets, qui remportent un vif succès (10,6 % de PDM sur la partie rhume/état grippal, selon Ospharm). Pour gagner en clarté et en force, Fervex se désolidarise de ses dispositifs médicaux (sprays gorge et nez bouché) rassemblés sous la nouvelle marque Les élémentaires pour se concentrer uniquement sur les médicaments associant paracétamol et antihistaminique. « Nous souhaitons renforcer notre positionnement sur le rhume et l’état grippal et éviter toute confusion chez les pharmaciens et les patients », explique Céline Ghilardi, responsable marketing UPSA. Au global, sur la famille rhume/état grippal, les voies orales (73,9% de PDM en valeur, selon Ospharm) l’emportent largement sur les voies locales (26,1 % de PDM).

LES PASTILLES dégomment tout !

Pour soigner les maux de gorge, les pastilles et gommes remportent l’adhésion des patients (59,8% de PDM en valeur sur la catégorie maux de gorge, selon Ospharm), au détriment des solutions buvables qui composent une moindre part (10,7 % de PDM), un segment globalement tourné vers les plus petits, à l’image du sirop Maxilase (Sanofi), qui peut être prescrit dès 6 mois. La multiplicité des arômes proposés, les versions sans sucre et leur nomadisme jouent en faveur de leur adoption. La prise de pastilles, préconisées en première intention par le pharmacien (à hdiv de 56%), n’exclut pas le conseil (associé) d’une autre forme galénique (sur un mode régulier pour 71% des pharmaciens interrogés), selon l’étude réalisée par Arcane Research sur les maux de gorge*. Portée par un long héritage de prescription du médecin, la marque Lysopaïne (Sanofi), inscrite sur tous les maux de gorge (peu intenses, aigus, enrouement et irritation) prend la première place du segment maux de gorge (15,1 % de PDM en valeur, source Ospharm), ses comprimés menthe sans sucre réalisant à eux seuls 12,4 % (PDM en valeur, source Ospharm). Un acteur plus seulement positionné sur les pastilles depuis le lancement du spray Lysopaïne Ambroxol en 2016, pour les maux de gorge aigus. également bien placées dans la catégorie maux de gorge, les marques emblématiques Strepsils de Reckitt Benckiser (10,5% de PMD en valeur, source Ospharm) ou encore Drill (4,6% de PDM en valeur, selon Ospharm) de Pierre Fabre Health Care. « Après l’efficacité, le goût ressort comme le deuxième critère d’achat des patients. Il permet d’améliorer le confort du traitement », souligne Amélie Bouzat, chef de produit chez Pierre Fabre. Des arômes qui constituent la nouveauté principale du secteur. « Actuellement, ce marché étant mature et établi, il y a peu d’innovation majeure en termes de galéniques ou de nouvelles molécules », relève Mylène Suc, chef de produit en charge de la marque Lysopaïne. Axée sur les maux de gorge peu intenses, la marque Drill a lancé fin 2016, deux nouvelles références à l’Alfa-Amylase, une enzyme à visée anti-inflammatoire : un sirop pour les tout-petits (dès 6 mois) et des comprimés adultes, deux lancements qui lui permettent de toucher de nouveaux consommateurs. Les marques naturelles ont également leur place telles Oropolis de Mediflor (2,7 % de PDM), Phytosun Aroms d’Omega Pharma (2,1 % de PDM) ou encore Activox d’Arkopharma (2% de PDM), qui lance un comprimé bicouche et relance son spray sous le statut de dispositif médical avec une formule 100% naturelle sans alcool et sans édulcorant.

LES SPRAYS : Valeur d’efficacité

Sur la famille maux de gorge, les collutoires représentent 20,9% de PDM en valeur (Ospharm) et leur action localisée sont synonymes d’efficacité dans l’esprit des consommateurs et correspondent aux maux de gorge modérés comme sévères. « Des produits experts, recommandés par les médecins et les pharmaciens », rappelle Mylène Suc. Leader sur le segment des sprays devant Colludol (Cooper), Hexaspray des laboratoires Bouchara Recordati (4,8 % de PDM) « se distingue par sa compo sition au biclotymol, son format et son administration dès 30 mois », souligne Hélène Hermet, responsable marketing. Un produit familial qui s’est adjoint une version fruits exotiques (à partir de 6 ans), en 2016. De quoi « créer un effet de gamme, gagner en visibilité et toucher plus de consommateurs », explique notre interlocutrice. également en bonne place, Colludol (Cooper) et Humex mal de gorge à la Lidocaïne. Rappelons qu’en 2016, Humex lançait des pastilles (avec ou sans sucre) à base de Lidocaïne afin « d’offrir une réponse complète à tous les maux de gorge », expose Julie Goeusse, chef de groupe marketing chez Urgo. Car, au global, la plupart des acteurs n’hésitent pas à investir d’autres segments des voies respiratoires sur lesquels, ils n’étaient pas encore positionnés, afin d’élargir leur cible. Un mouvement de fond qui démontre la volonté des acteurs d’asseoir leur position et de gagner en visibilité.