Proposer un rayon vrac - Pharmacien Manager n° 167 du 03/05/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 167 du 03/05/2017
 

PRATIQUES

Auteur(s) : Peggy Cardin-Changizi

Plus qu’une tendance, la consommation de produits au poids séduit nos concitoyens en quête de retour à l’essentiel, d’économies et de respect de la planète. On trouve du vrac en magasin bio, en supermarché, dans les épiceries spécialisées… et pourquoi pas en pharmacie ?

Jusque dans les années 1960, tous les produits de consommation courante étaient présentés en vrac. Mais ça, c’était avant l’invasion des emballages en plastique. Aujourd’hui, le vrac est de nouveau plébiscité, soutenu par une prise de conscience globale. « Les Français veulent consommer plus sainement et contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire et des déchets d’emballage », résume Célia Rennesson, directrice de Réseau Vrac, une association interprofessionnelle qui regroupe l’ensemble des acteurs de la filière de la vente en vrac. Désormais, les magasins bio n’ont plus le monopole du vrac. On assiste à une réelle émergence de boutiques qui misent exclusivement sur cette offre, comme La Recharge à Bordeaux, La Juste Dose à Nancy, Ô bocal à Nantes ou Au Grain près à Marseille. « On dénombre aujourd’hui une soixantaine de magasins indépendants 100 % vrac en France et plus de 350 porteurs de projets », précise Célia Rennesson.

ATOUT prix

Il existe même des franchises spécialisées comme Day by Day. Créé en 2013, ce concept compte aujourd’hui une vingtaine de points de vente situés en centre ville, et espère passer le cap des 100 fin 2018. « Nos magasins proposent 700 références en vrac : épicerie essentiellement, un peu d’hygiène et des produits d’entretien, explique Didier Onraita, l’un des fondateurs. Nous pratiquons des prix entre 5 et 30 % moins cher que le produit emballé grâce au circuit court, à l’absence de marketing et de coût d’emballage. » Et si la grande distribution s’est aussi mise au vrac, c’est bien pour séduire des consommateurs à la recherche d’un meilleur rapport qualité/prix. « Nous donnons au vrac la même place privilégiée dans nos supermarchés que dans nos enseignes de proximité », explique Frédéric Yu, chef de groupe offre épiceries – Self discount – vrac d’Auchan Retail France. L’offre d’Auchan se déploie autour de trois concepts répondant à différents modes de consommation : Self discount, « D’ici et d’ailleurs » et le Bio Vrac. Le rayon Self discount est déployé dans la quasi-totalité des 126 hypermarchés en France.

INSTALLATION facile

Le vrac en pharmacie, c’est aussi possible. Pour vendre du gel douche, du shampooing, de l’eau de Cologne, mais aussi et surtout des plantes. Dans son officine du Pallet, près de Nantes, Anne-Cécile Cormerais propose un nouvel espace avec des distributeurs de tisanes en vrac. « Je me suis inspirée de ce que j’avais vu chez Biocoop et en GMS », explique la titulaire. Elle a donc acheté chez Retif, site spécialisé dans l’équipement des commerces, quatre distributeurs de céréales en plexi alimentaire (environ 110 € HT les deux), qui protègent les produits de la lumière et de l’humidité. On retrouve dedans les plantes les plus utilisées – menthe, tilleul, camomille, bruyère, verveine… – et achetées au kilo à la Cooper. « Nous proposons également aux clients le mélange du mois (détox…) que nous préparons nous-mêmes. » Les plantes sont placées dans un sac kraft, fournis également par la Cooper, puis pesées derrière le comptoir. Il faut compter environ 4,50 euros les 100 grammes.

Chez Day by Day, les contenants varient en fonction de leur contenu : distributeurs en plexi pour les produits secs, bocaux en verre avec robinet pour l’hygiène (savon liquide, shampooing…) et gros bidons en plastique pour les produits d’entretien.

VENTE assistée

Pour Didier Onraita, la vente doit être assistée. « Il faut parfois aider les clients à se servir afin de limiter les pertes. De plus, ils ont besoin d’être conseillés sur les recettes, la conservation, les valeurs nutritionnelles mais aussi sur l’origine du produit. » Une présence humaine à proximité des distributeurs est d’autant plus indispensable que les vols sont fréquents. « Nous avons pu constater que la démarque inconnue est souvent plus importante au niveau du vrac que dans d’autres rayons », indique Frédéric Yu. Pour guider le consommateur, Day by Day appose des fiches produits détaillées sur les contenants. à la pharmacie du Pallet, les explications pratiques liées aux plantes sont disponibles sur une ardoise et sur des leaflets posés à proximité. « Les clients ont bien réagi à cet aménagement. Le côté ludique et la théâtralisation de l’offre plaît », confie la titulaire. Du coup, les ventes ont progressé. « On voit des gens faire plus de 20 km pour venir acheter leur tisane, et on attire aussi une nouvelle clientèle, plus jeune, qui en consomme. » Anne-Cécile Cormerais compte développer des QR Code permettant d’accéder, par exemple, aux descriptions propriétés sur les plantes, depuis un Smartphone.

GESTION délicate

« Le vrac rencontre néanmoins une problématique majeure, constate Frédéric Yu. La supply chain reste coûteuse, ce qui ne coïncide pas avec la vision discount que s’en fait le client. Pour le déploiement du vrac en commerce non alimentaire comme la pharmacie, il nous semble qu’un point clé est la maîtrise et la tenue du stock. » Il est donc nécessaire d’avoir un débit important pour s’y retrouver financièrement. Et ne pas se retrouver confronté à d’éventuelles contaminations des produits. Le vrac suppose bien sûr une hygiène irréprochable des contenants. Une personne de l’équipe doit être responsable de leur entretien. Au niveau de l’enseigne Day by Day, les bacs sont préparés dans une plate-forme de distribution implantée à Versailles et envoyés prêts à vendre aux magasins. C’est aussi là qu’ils reviennent vides pour être lavés dans « une optique de sécurité et de traçabilité ». On peut imaginer le même type d’organisation au niveau d’un groupement de pharmacies.

16 %

C’est le pourcentage des français qui disent acheter en vrac, contre 19 % pour les européens.

350 M€

C’est le chiffre d’affaires estimé du vrac, tous circuits.

AVENIR

D’ici à 10 ans, en France, le vrac représentera 5 à 7 % de la consommation de l’alimentaire sec (épicerie, droguerie et hygiène) Source : Zéro Waste, Auchan

Nouveau

Le « pharm’infusio »

Vincent Brasseur et Florian Bernard, deux jeunes pharmaciens passionnés de phytothérapie, ont conçu un distributeur de plantes comprenant 8 à 10 colonnes. Présenté sur un tourniquet type brosse à dents, ce présentoir (65 cm X 55 cm d’empattement au sol) a la particularité d’être couplé à la technologie numérique. « Le patient se voit interagir avec une tablette en libre accès, qui recense toutes les informations des plantes présentes dans le tourniquet. Il repart ainsi avec une tisane adaptée à sa demande », explique Vincent Brasseur. les deux créateurs ont aussi développé un dispositif d’accompagnement clé en main pour le pharmacien : kit de conseil, fiches d’informations (indication, usage, contre-indication)… Des produits associés aux tisanes seront aussi proposés : boules à thé, mugs, théières, doseur… Des partenariats avec des fournisseurs de matières premières et avec des grossistes pour livrer les officines sont en cours. tous les détails sur http://www.pharminfusio.fr/

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