Le temps des autotests - Pharmacien Manager n° 165 du 22/02/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 165 du 22/02/2017
 

TENDANCES

Auteur(s) : Carole De Landtsheer

Voici un nouveau marché en pharmacie, celui des autotests de dépistage : du sida, de l’hypothyroïdie, de la carence en fer, de la fertilité… prometteur ou pas ? La balle est dans le camp des équipes officinales.

Toute la spécificité du marché français des autotests de dépistage (au-delà des tests de grossesse) tient à sa genèse récente. Avec le lancement marquant, en septembre 2015, de tests VIH, fabriqués par la société AAZ et distribués par le laboratoire Mylan. Au total, il s’en est vendu près de 107 000 par plus de 11 200 officines (sorties caisse et ventes en ligne, en cumul annuel à fin septembre 2016, source fabricant). Signalons que ces tests vont bénéficier, pendant l’année 2017, d’une TVA réduite à 5,5 % qui devrait les rendre plus accessibles.

RETARD français

Mais le marché du dépistage ne se résume pas à celui du Sida, même s’il en constitue la partie la plus visible. Il englobe une multiplicité d’autodiagnostics pour dépister des carences (en fer), des pathologies courantes (allergies, maladie de Lyme, hypothyroïdie, etc.), ou même la fertilité, le cannabis et la ménopause. Le principe est toujours le même : un prélèvement de sang, d’urine, de selles ou de sperme à déposer dans une « cassette » pour un résultat s’affichant en quelques minutes. Dernier entrant dans la course - et non des moindres -, Mylan a lancé sa gamme MyTest en octobre dernier. Sa forte implantation en officine (15 000 points de vente) pourrait jouer en faveur d’une démocratisation du home test. Car, clairement, la France accuse un retard saisissant si l’on regarde ce qui se passe chez ses voisins. « La France est le dernier pays européen à l’intérieur duquel cette catégorie de produits est encore confidentielle alors qu’elle s’est imposée en Italie, au Portugal ou encore en Allemagne qui dénombre un chiffre d’affaires de l’ordre de 300 millions d’euros, selon European IVD Market Statistics. Il y a un vrai potentiel sur ce marché qui va de pair avec les politiques de déremboursement dans le domaine de la santé », assure édouard Rauline, co-fondateur de la société Medisur.

BIENTÔT la syphilis

« Accessibilité, gain de temps, confidentialité des résultats, facilité d’utilisation », ces tests présentent de nombreux avantages répertoriés par Laurent Richebourg, président d’Alere, spécialiste du diagnostic in vitro. Pour autant, difficile d’évaluer, en l’absence de chiffres, l’importance et la progression de ce marché en France, encore à l’état embryonnaire. Si les acteurs sont encore peu nombreux, ils sont actifs. Lancée dans un premier temps à l’hôpital, la gamme Alere Home test, née en janvier 2015, comprend six produits dont le récent test de détection du PSA. La référence H-pylori constitue sa meilleure vente. à venir, des autotests de la thyroïde et de l’albumine. De son côté, la société AAZ fabrique trois tests qui prennent place au sein de la gamme Autotest Santé : le test VIH, distribué par Mylan, Biocard Celiac Test et Spermcheck Fertility pour hommes. « Ils correspondent à un réel besoin de santé publique », souligne Joseph Coulloc’h, pharmacien biologiste. Seront lancés, en 2017, des autotests des différentes formes de cholestérol mais aussi de l’hépatite B et C. De son côté, Medisur, né de sa rencontre avec le laboratoire Vedalab, propose, depuis février 2016, 12 produits et ambitionne de passer à 40 références dans moins de cinq ans. à venir, un autotest de la syphilis et un test VIH dernière génération (délai raccourci à trois semaines).

GAIN de temps

Quant à la gamme MyTest de Mylan, forte de 12 références, elle totalise à fin décembre 2016, près de 200 000 commandes (sell in, source fabricant). Rappelons que plusieurs outils ont accompagné ce lancement : un guide pratique destiné aux pharmaciens, des brochures grand public, un numéro vert ; un site dédié est attendu cette année (www.gammemylantest.fr). L’objectif fixé : toucher 3 à 5 patients sur 100 par pharmacie. Et pas n’importe quels patients, un critère qui a toute son importance afin de mieux connaître les populations cibles. Deux profils se détachent nettement : « Les urbains pressés qui ont besoin d’informations fiables tout de suite et les plus de 50 ans qui ont conscience du besoin de prendre en main leur santé », avance édouard Rauline. À ces profils, s’ajoutent les personnes qui ont difficilement accès aux soins ou, plus largement, « ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas aller dans un hôpital ou un laboratoire », souligne Joseph Coulloc’h.

PHARMACIEN prescripteur

De toute évidence, le pharmacien, investi d’une mission de prévention par la loi HPST, est bien celui qui a toutes les cartes en main pour donner au marché l’ampleur qu’il mérite. « La logique de dépistage est pilotée par le pharmacien qui oriente les patients en fonction de leur état de santé et les résultats des tests. Pour cette raison, les tests MyTest ne sont pas accessibles directement et sont rangés dans des présentoirs derrière le comptoir », fait remarquer Philippe Bayon, directeur marketing France de Mylan. Chez Medisur, on privilégie la formation des équipes officinales (cas de comptoir, arbres décisionnels) à une course au référencement. « Ces tests doivent prendre leur place dans un condiv, celui d’équipes formées et motivées », assure édouard Rauline. Et pour cause : « Les gens sont interpellés mais ne comprennent pas toujours bien ce à quoi servent ces produits. Ils suscitent séduction et interrogation. Notre rôle est à la fois de les éclairer et de les rassurer. Ce marché constitue une opportunité réelle mais il va falloir se montrer patient, accepter de prendre le temps d’éduquer les patients à ces nouveaux dispositifs », conclut éric François, titulaire en région parisienne.

ÉVENTAIL

Quatre principaux acteurs sont présents sur le marché des autotests en pharmacie : AAZ, Alere, Medisur et Mylan. Avec une offre qui va du dépistage de l’intolérance au gluten au cancer colorectal, en passant par celui de la maladie de Lyme.

2 000

C’EST LE NOMBRE DE TESTS DE DÉPISTAGE DU VIH VENDUS EN PHARMACIE CHAQUE SEMAINE. Source fabricant

ATTENTE

Six patients sur dix souhaitent bénéficier de tests de dépistage en pharmacie. Enquête Pharma Système Qualité, 2015

Nécessaire

Plus de visibilité

Si le secteur des tests de dépistage « à la maison » pêche encore sur un point, c’est probablement sur leur visibilté auprès du grand public. Excepté pour les autotests ViH dont l’intérêt a largement été relayé, mais qui restent, conformément à la réglementation, cantonnés derrière le comptoir. Quant aux autres tests, les fabricants AAZ, Medisur et Alere incitent à les mettre en libre accès. « Actuellement, nous nous situons dans une phase d’éducation. Et ce marché a besoin de communications dirigées vers les patients pour décoller », estime Laurent Richebourg, président d’Alere. Un marché qu’il juge porteur dans deux ans. du coup, Alere a franchi le pas de la presse santé (notamment sur internet). « Notre objectif est de montrer la simplicité du geste à effectuer », explique Laurent Richebourg. De quoi rassurer les récalcitrants.

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