Efficaces les tablettes ?

Titulaire de la pharmacie Choplin-Montmartre à Paris, Rémi Choplin a été le premier adhérent de Pharmactiv à adopter le concept Optimum Care qui intègre deux tablettes en libre-accès sur les meubles douleur et dermo-cosmétique. à ce dispositif, le titulaire a ajouté deux autres tablettes qui sont, elles, positionnées au centre de l’officine. « Sur la page d’accueil, les patients peuvent cliquer sur quatre pavés dédiés à la santé, au bien-être, à la douleur et à la peau, détaille-t-il . Ils peuvent également accéder à des informations sur les jeunes mamans, le sevrage tabagique, l’asthme, et scanner un produit afin de consulter sa fiche. »

AIDE à la vente

La société Naocare propose, elle, une solution entièrement axée autour de l’éducation à la santé, qui comprend plus de 450 ressources structurées en une vingtaine de thématiques : addictologie, cancérologie, cardiologie… Avec à chaque fois des sous-rubriques qui expliquent par le détail les grandes pathologies. « Pour illustrer son conseil, le pharmacien peut s’appuyer sur des schémas et des planches anatomiques, des fiches de conseils hygiénodiététiques, des vidéos qui rappellent le bon fonctionnement des dispositifs médicaux… », détaille David Vintraud, directeur général de Naocare. Titulaire à Lège-Cap-Ferret, et elle aussi sous enseigne Optimum Care, Mélanie Pollet a adopté Naocare au début du mois d’octobre. « J’ai dû utiliser la tablette une quinzaine de fois pour montrer les vidéos sur les chambres d’inhalation ou les points d’injection pour les diabétiques, confie la pharmacienne. J’ai aussi fait visionner à une femme, dont le mari a eu une embolie pulmonaire, le petit film qui traite de cette pathologie. À sa demande, je lui ai envoyé le lien par mail pour qu’elle puisse le présenter à ses enfants. à chaque fois, la réaction des patients a été plutôt enthousiaste. »

BOOSTER de promos ?

Les tablettes peuvent aussi être exploitées comme un support d’aide à la vente. La société Pharma’Gen commercialise Pharma’Fid, un dispositif de bornes et tablettes tactiles qui mettent en avant quatre promotions. « Pour en bénéficier, les clients doivent s’enregistrer en remplissant un petit questionnaire, explique Audrey Lecoq, directrice des opérations. Ils reçoivent alors immédiatement sur leur Smartphone le SMS qui permet de valider la promotion. » Exerçant à Saint-Georges-d’Orques, un petit village dans la périphérie de Montpellier, Sophie Astruc a installé il y a un an la tablette Pharma’Fid au milieu d’un rayon consacré aux promotions. Pour un bilan plus que mitigé. « Je dois avoir une vingtaine de clients inscrits, essentiellement des moins de 35 ans, qui ont généré six ou sept ventes additionnelles, pas plus », souligne la pharmacienne. Ex-titulaire de la Pharmacie du Parc à l’Hermitage, Michel Gicquel avait déployé dans son espace libre-accès une solution du même type développée par la société Dolmen. Avec plus de succès.

« Neuf mois après le lancement du service, nous avions environ 200 clients inscrits qui se distinguaient par des paniers moyens plus importants car l’offre promotionnelle les incitait à acheter un produit supplémentaire, se souvient-il. Cela se traduisait par un CA additionnel de 20 % ou 30 % sur les promotions. »

NOUVELLE façon d’exercer

Mais pour que la mayonnaise prenne, il a fallu du temps, et beaucoup de pédagogie. « L’équipe avait pris l’habitude de proposer la promotion aux clients, souligne Michel Gicquel. Et nous n’hésitions pas à les accompagner dans le rayon libreaccès pour les aider à s’inscrire. » Lorsqu’on lui demande si ses tablettes lui permettent de mieux conseiller et vendre au sein des espaces Douleur et Dermo-cosmétique du concept Optimum Care, Mélanie Pollet répond avec franchise. « À ce jour, nous n’avons pas encore réussi à intégrer la tablette du module douleur dans notre conseil, qui se déroule toujours au comptoir. Celle sur la dermocosmétique est un peu plus utilisée, par exemple lorsque l’on veut parler de l’acné avec un ado. » La titulaire a conscience que les équipes officinales vont devoir changer de posture. « Il va falloir que nous sortions de derrière le comptoir et aller au devant des patients sur le point de vente. » Pas de doute pour le Dr Antoine Poignant, directeur général de Troubat Eurohealthnet, « les tablettes représentent un levier de différenciation car elles donnent une image moderne et vivante de la pharmacie. » Et d’entrevoir déjà de nouveaux usages. « On peut imaginer que sur le point de vente, les collaborateurs disposeront de tablettes pour présenter aux patients des produits qui ne peuvent pas être exposés sur le point de vente. » Rémi Choplin croit lui beaucoup à l’usage des tablettes dans le processus d’achat. « Je suis persuadé que les clients pourront demain scanner un produit pour consulter sa fiche, puis le mettre dans un panier virtuel qu’ils iront ensuite régler sur un poste d’encaissement rapide », pronostique le pharmacien.