Click & collect ou distributeur de para ? - Pharmacien Manager n° 164 du 20/01/2017 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 164 du 20/01/2017
 

PRATIQUES

Auteur(s) : François Pouzaud

Si vous souhaitez vous lancer dans le click & collect, vous avez l’embarras du choix des prestataires Web. Ce qui n’est pas le cas avec les installateurs de distributeurs de para : il n’y a plus qu’un seul acteur opérationnel, à savoir la société Retinco, diffusant La Petite Parapharmacie. Les deux grands autres intervenants sur ce marché, CPM, qui commercialise Pharmashop24, est en liquidation judiciaire et Smart-RX (ex-Alliadis) étudie l’opportunité d’une nouvelle offre autour de son Pharma 24. A ce jour, le nombre d’appareils installés en France est seulement de quelques centaines. Ce chiffre s’explique en premier lieu par le coût élevé de ces petits robots. Selon les modèles et les marques, leur prix varie entre 22 000 et 40 000 €, sans les travaux d’installation et la miroiterie. « Ce prix est relativement rédhibitoire compte tenu du nombre limité de produits distribués par ce type de machine, en plus, il faut avoir un emplacement suffisant pour l’accueillir », observe Philippe Donadieu, directeur associé de Kozea, expert de la e-santé. En comparaison, « le click & collect est une alternative beaucoup moins chère qui couvre l’étendue de l’offre OTC et para d’une pharmacie. » Chez Kozea, l’offre la plus complète intégrant la réservation en ligne (Optiweb) est à 94,90 € HT/mois. Ce tarif comprenant la mise à jour automatique des produits et des prix.

OSER la complémentarité

Cependant, le seul critère financier est réducteur pour faire un choix. Comme le rappelle Philippe Donadieu, « le distributeur automatique est conçu pour répondre à une besoin dans un condiv d’urgence, alors que le click & collect l’est pour répondre à un nouveau besoin de gérer efficacement le temps dévolu aux achats. » Le consultant en stratégie digitale Morgan Remoleur estime aussi que les deux outils ne s’opposent pas. « Ils ne se situent pas sur les mêmes axes de développement du business : le click & collect est le prolongement de la pharmacie traditionnelle et permet de garder une relation de proximité avec son client, alors que le distributeur automatique est là pour concurrencer les pharmacies ouvertes 24 h sur 24 », estime- t-il. Selon lui, c’est la localisation de l’officine qui est déterminante dans la décision d’installer un distributeur automatique. « Le retour sur investissement sera trop faible si la pharmacie ne touche pas une large population de passage. »

Pour Monique Large, fondatrice de Pollen Consulting et conseil en développement pour les marques et enseignes, la réflexion doit prendre en compte les nouveaux parcours d’achats. « Aujourd’hui, le consommateur ne prend plus ses décisions de façon compacte, mais de manière asynchrone dans les interstices du temps. Ainsi, il va aussi bien effectuer un flash code sur une affiche dans un abri de bus que céder à son impulsion devant un distributeur d’une marque fashion de vernis à ongles. » Autrement dit, les deux services peuvent cohabiter.

FAITES vos comptes

« Un distributeur automatique de para est un moyen de capter une clientèle complémentaire et de créer du chiffre d’affaires additionnel », souligne Frédéric Lemaire, directeur associé de Retinco, qui défend sa paroisse. Cependant, s’agissant d’une offre de dépannage, le CA réalisé est souvent famélique et la marge dégagée insuffisante. Souvent, celle-ci couvre juste les remboursements d’emprunt ou le montant des charges locatives du créditbail. « Il faut compter entre 430 et 490 € de remboursement par mois sur 60 mois », indique notre interlocuteur. Comme la marge moyenne dégagée sur la vente des produits d’un automate est de l’ordre de 30 %, le seuil de rentabilité est d’environ 1 000 € mensuels. « Il faut vendre 5 produits à 7 € par jour pour amortir l’investissement », ajoute Frédéric Lemaire. Un investissement qui sert donc plus l’image que le tiroir-caisse.

PENSER au modèle hybride

Selon Morgan Remoleur, l’automate deviendra rentable le jour où il servira au retrait de médicaments suite à l’envoi d’une ordonnance depuis un mobile ou une tablette. « Cette évolution du service pharmaceutique suppose la généralisation de l’ordonnance électronique, de la télépharmacie et des conseils connectés. » A condition aussi que la réglementation change. L’orientation vers une solution hybride, alliant les avantages de la commande en ligne et du distributeur automatique, est une tendance qui s’affirme dans la distribution. « Ainsi, chez Au bout du champ, il est possible de commander des fruits et des légumes frais sur Internet et d’aller les récupérer dans des casiers qui fonctionnent comme un distributeur de sodas ou de sucreries », indique Monique Large.

La Petite Parapharmacie a développé une version qui se rapproche de ce concept. « Nous proposons en option une application Web qui permet de faire des réservations en ligne, et de récupérer les produits consignés dans l’automate via un code secret », explique Frédéric Lemaire.

LE CAS DU MOIS

Vous souhaitez relever les défis des services dans votre pharmacie. Votre cœur balance entre créer sur votre site Internet un service de click & collect (commander en ligne et retirer les achats dans l’officine) ou installer un distributeur de parapharmacie à l’extérieur. Dans le premier cas, vous surfez sur la tendance du e-commerce et permettez de gagner du temps à vos clients. Dans le second, vous rendez un service de dépannage de proximité. Dans les deux options, vous donnez une image dynamique et moderne de la pharmacie. Une chose est sûre : le click & collect revient moins cher que le distributeur. Pour autant, faut-il renoncer à investir dans cet automate ? Réponses d’experts.

LES EXPERTS

Frédéric Lemaire DIRECTEUR ASSOCIÉ DE RETINCO

Philippe Donadieu DIRECTEUR ASSOCIÉ DE KOZEA

Morgan Remoleur CONSULTANT EN STRATÉGIE DIGITALE

Monique Large FONDATRICE DE POLLEN CONSULTING

TÉMOIGNAGE

Un succès sur le plan marketing

L’installation de « La Petite Parapharmacie » en janvier 2016 dans l’une des vitrines de l’officine s’inscrit dans la philosophie de services de son titulaire. « Je propose à ma clientèle une offre 24 h/24, 7 j/7 en produits de première nécessité qui n’ont pas besoin d’accompagnement, et cela soigne mon image de marque », précise Renaud Franck. Ce distributeur automatique a été intégré en vitrine lors de travaux d’aménagement. Aussi, le coût de l’automate, environ 21 400 €, se fond dans une facture globale. « Pris isolément, après 9 mois de montée en charge régulière du chiffre d’affaires, cet investissement n’est toujours pas rentabilisé », confie-t-il. Mais cela ne saurait tarder. A défaut de pouvoir communiquer dessus, le bouche-à-oreille fonctionne. « Le chiffre d’affaires mensuel continue à progresser, il est actuellement de 600 € environ, il ne manque plus que 150 € pour que le remboursement du leasing (sur 4 ans), les assurances et la maintenance soient couverts. » Pour y arriver, Renaud Franck reste vigilant sur le choix des références (préservatifs, laits infantiles, tests de grossesse et produits bébé sont ses ventes leaders) et adapte son offre aux saisonnalités.

La Pharmacie de l’arbre vert est la seule officine sur Strasbourg et son agglomération à proposer un distributeur automatique. « Mon beau-frère, médecin installé à 20 km, a entendu parler de mon distributeur par l’un de ses patients, donc dans l’esprit des habitants, je suis clairement différencié. » Si la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous, l’impact marketing est, par contre, incontestable.

AH OUI !

Placer dans l’automate des produits les plus demandés par les consommateurs dans ce type d’appareil, et à forte marge : tests de grossesse, préservatifs, gels lubrifiants, hygiène féminine…

OH NON !

Proposer un service de click & collect sans aménager de comptoir dédié à ce service dans l’officine. En effet, clients concernés souhaitent gagner du temps dans leur processus d’achat.

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !