Empreintes, tout un art…

Depuis plusieurs années, Ateliers d’Art de France, le syndicat professionnel des métiers d’art, multiplie les initiatives pour faire connaître et reconnaître l’artisanat français. Avec Empreintes, un concept-store gigantesque de 600 m² ouvert en septembre dernier, il vient de frapper fort. Ici, le shopping se montre sous un angle différent. La vente se fait en circuit court, sans intermédiaire. Désormais, plus de distance entre les créateurs, leurs savoir-faire et le grand public. Située entre le Marché des Enfants Rouges et le Carreau du Temple, au cœur du haut Marais à Paris, Empreintes propose du mobilier, des accessoires de décoration, des arts de la table, des luminaires, mais aussi des bijoux et des sculptures. Au total, plus de 1 000 objets, pièces uniques ou petites séries, réalisés à la main, dans leur atelier, par plus de 260 créateurs français (céramiste, souffleur de verre, ébéniste, graveur sur pierre, passementier ou encore plumassier). « Ce lieu unique en Europe permet à n’importe quel adhérent des Ateliers d’Art de France de disposer d’une vitrine en plein cœur de Paris et de pouvoir vendre ses collections directement auprès du grand public », explique Morgane Couteller, responsable marketing et communication.

DE LA VENTE à l’information.

Installé dans une ancienne fabrique de bijoux entièrement rénovée, ce nouveau temple de la décoration réparti sur quatre étages baignés de lumière, se pose à contre-courant des chaînes d’ameublement standardisées. Tout d’abord, à travers son offre de produits, faits main et fabriqués en France. Ce bâtiment industriel, à l’élégance brute et authentique, se démarque aussi par une scénographie résolument moderne, signée par la chasseuse de tendances Élizabeth Leriche. Elle a imaginé un lieu sobre, avec des lignes épurées qui font la part belle aux objets et mettent en valeur tous les savoir-faire dans un véritable lieu de vie. Au fil des étages, chaque univers est ainsi valorisé de façon spécifique. Au rez-de-chaussée, la galerie des créateurs (véritable espace cadeau, qui affiche des tons froids, céladons et bleus) comprend deux zones. D’un côté, Élizabeth Leriche a décliné une ambiance boutique : les produits (art de la table, textile, bijou…) sont disposés élégamment sur des étagères en bois ou des tables de présentation. De l’autre, c’est un espace plus pédagogique qui est proposé. Pour comprendre ce que l’on achète vraiment ici, des « cellules créateurs » (sortes de petits box) expliquent avec divs et photos à l’appui le travail des artisans exposés. « C’est l’occasion de découvrir leur parcours, leur processus créatif, leur matériau de confection (bois, laine, porcelaine…) ainsi que leur atelier de fabrication », poursuit Morgane Couteller. Dans la visée pédagogique des Ateliers d’art de France, une salle de projection a été installée au sous-sol, assurant la diffusion en continu d’une quinzaine de films issus du Festival international du film sur les métiers d’art (FIFMA).

DE L’UTILE à l’agréable.

En empruntant l’escalier en colimaçon en bois brut, le visiteur découvre l’espace Art de la table au premier étage – vaisselle, verres, couverts, céramiques –, où les produits restent axés sur l’utilité. « Notre but étant de vendre le travail des créateurs (et de multiplier par deux leur chiffre d’affaires), le choix des pièces se porte notamment sur des objets du quotidien, mais toujours avec un supplément d’âme », insiste Morgane Couteller. à ce niveau, on découvre également un espace d’exposition où est mis en avant tous les trois mois un savoir-faire ou une matière particulière. Pour l’ouverture, Élisabeth Leriche a choisi le bois à travers le travail de six créateurs. Avant de quitter cet étage, on s’accorde une pause bio, gourmande et sans gluten au café « By Season ». L’espace propose toute la journée une carte de petits-déjeuners, sandwichs, plats sains et jus naturels, servis dans des tasses, mugs, théières et assiettes réalisés par les artisans exposés. Le deuxième étage s’ouvre sur l’espace boutique du précieux, le boudoir, où les bijoux sont à l’honneur. Codes couleur féminins (rose et blanc), ambiance sobre, c’est ici un retour à la matière avec des bijoux en bois, en verre, en métal. La visite se poursuit avec le mobilier et les luminaires, et se termine sur une vaste zone détente, dotée de deux confortables canapés. L’occasion de s’asseoir face au cabinet de curiosités ou de feuilleter l’un des ouvrages sur le savoir-faire artisanal emprunté dans la bibliothèque en libre accès située sur le côté. « Destinée aux curieux, aux amateurs et aux initiés, cette boutique se veut un lieu de rendez-vous pour échanger, découvrir ou se poser tout simplement », conclut Morgane Couteller. De la vaisselle au mobilier, en passant par les luminaires et les bijoux, il y en a pour (presque) tous les budgets. Les prix vont d’une dizaine d’euros pour des tasses en céramique à 80 000 euros pour une sculpture monumentale en corne de zébu, signée Vittorio Serrio. Pour l’instant, le panier moyen avoisine les 70 euros. D’ici quelques mois, Empreintes va lancer sa version e-commerce en ligne afin de s’ouvrir aux clients du monde entier et rendre toujours plus accessible ce savoir-faire qui fait la renommée de la création « made in France ».