Coup de jeune ! - Pharmacien Manager n° 163 du 30/11/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 163 du 30/11/2016
 

MARCHÉ

Auteur(s) : Charlotte Nattier

Catégorie emblématique du soin visage, l’anti-âge est le théâtre de nombreux lancements. Finies les promesses miraculeuses. Aujourd’hui, ce sont les jeunes femmes qui sont dans la ligne de mire des laboratoires. Le discours de la prévention est en marche.

Après avoir bien résisté à la crise jusqu’à présent, le marché de l’anti-âge en pharmacie voit ses ventes stagner. Selon IMS, elles s’établissent à 126 M€ de chiffre d’affaires, à + 0,7 % en cumul annuel mobile à fin août 2016. Si l’on considère uniquement l’offre pour ces dames, le CA est de 124 M€, à + 2 %. Pour les laboratoires en lice, ce « coup de mou » n’est pas inquiétant. « C’est une tendance observée sur presque toutes les catégories de la dermo-cosmétique, tempère Jennifer Azorin, directrice marketing Vichy France. L’hiver doux et le printemps maussade de cette année n’ont pas été propices aux achats de soins. Et les conditions socio-politiques ont eu un impact négatif sur la fréquentation. » Bonne nouvelle néanmoins, sur cette catégorie de la jeunesse en pot, la pharmacie s’en sort mieux que la grande distribution qui perd, d’après Iri, 5,7 % de son CA (en cumul annuel mobile à fin août 2016). Quand la parfumerie sélective accuse, selon NPD, une baisse de 8,9 % en valeur sur la même période. « Perçu aujourd’hui par les femmes comme le circuit de référence pour le soin visage anti-âge, la pharmacie bénéficie comme principaux facteurs de croissance de l’innovation produit, du conseil de qualité et de l’image bon rapport qualité/prix », commente Cécile Debièvre, vice-présidente executive innovation développement & image de Nuxe group.

APPROCHE premium.

Le positionnement tarifaire de l’officine permet en effet de recruter des consommatrices du sélectif, sensibles aux soins premium (qui restent moins chers qu’en parfumerie). Il n’est donc plus rarissime de voir en pharmacie des soins autour de 80 € pour 30 ml quand la moyenne se situe autour de 35 €. Rappelons que le premier produit du marché, la crème Premier cru de Caudalie se vend en moyenne 79 € pour 50 ml, selon un relevé Ospharm sur le mois de septembre 2016. L’anti-âge a tendance à monter en gamme. En atteste le succès de Filorga qui se hisse sur la 7e marche du podium des laboratoires (4,2 % de parts de marché en valeur, Ospharm, CAM à fin juillet 2016). « Nous investissons 20 % de notre chiffre d’affaires dans la R&D, confie Marie-Caroline Renault, directrice de la marque Filorga. Nous proposons une offre différenciante qui permet de drainer une clientèle large et de recruter, sans cannibaliser l’offre existante en officine ».

Selon les acteurs, la catégorie de l’anti-âge recense entre 15 et 25 nouvelles références chaque année. « Quitte à brouiller un peu le message », déplore Savéria Coste, fondatrice de Garancia. Avec ses produits high tech, ses noms de produits décalés et sa communication « féérique », le laboratoire a su se démarquer et se hisser à la 8e place du podium de l’antiride officinal (source Ospharm). « Le marché est étale mais dynamisé par une diversité et une cadence de lancements féroce, soutenus à grand renfort d’investissements médias », résume Sandra Saint-André, directrice marketing international pour Avène. Quand Aurélie Livet, directrice Pharmacie au sein des laboratoires Eucerin (à la 6e place avec 4,7 % de PDM), qui observe le secteur avec lucidité émet un bémol : « La faiblesse des promesses de certaines innovations, alors que les consommatrices d’anti-âges sont à la recherche de produits vraiment performants, peut entraîner aussi un risque de déception. » Attention, donc, aux surpromesses…

EFFET nouveauté.

Les performances des leaders sont très inégales sur la période étudiée par Ospharm, c’est-à-dire en cumul annuel mobile à fin juillet 2016. Nuxe est le tenant du titre avec 16,10 % de parts de marché valeur : « Une position que nous occupons depuis 2012, ce qui constitue un exploit sur un secteur si challengé. C’est le reflet de l’adéquation de notre offre avec les attentes des femmes. Nous avons construit des franchises fortes, devenues des incontournables de l’anti-âge », se félicite Cécile Debièvre. Mais au global, la marque régresse de 4,4 % emportée par la baisse de la gamme Merveillance Expert. Une chute amortie par le lancement de Nuxuriance Ultra (aux effets repulpant et regalbant) en septembre 2015. « Ce dernier lancement enregistre déjà une croissance de 36 % en valeur (selon IMS, en CAM à fin juillet 2016 – pharmacies et parapharmacies) », poursuit notre interlocutrice. Caudalie arrive sur la seconde marche avec 14,16 % de parts de marché, et, fort du lancement de Resveratrol Lift, gagne du terrain (+ 9,5 %). Enfin, Avène occupe la troisième position avec 11,01 % de parts du gâteau. Et enregistre la plus belle progression du peloton de tête (+ 10,1 %), portée par la gamme Physiolift. Cette dernière rafle 3,9 % du CA des anti-âges, devant les autres franchises Avène : Serenage (3,3 % de parts de marché), Ysthéal qui existe depuis 22 ans (2,4 %) et Eluage (1,3 %). « C’est un atout de ne pas être dans la surenchère », commente Sandra Saint-André.

MISSION globale.

Côté offre, la prime revient à l’antiâge raffermissant pour les femmes à partir de la quarantaine, un segment qui représente 47 % des volumes écoulés (source fabricant). « La plainte évolue peu et concerne les rides installées, la perte de fermeté… », observe Sandra Saint-André. Et les réponses sur ce créneau sont nombreuses, dont Liftactiv, la première franchise de Vichy (5e acteur des anti-âges en pharmacie). C’est en toute logique sur ce positionnement de la prise en charge globale du vieillissement cutané que les acteurs ont misé en 2015 : Avène avec Physiolift, Caudalie avec Resvératrol Lift et Nuxe avec Nuxuriance. Encore, Eucerin complète sa franchise star Hyaluron-Filler – qui vient de fêter ses dix ans – d’une crème riche. Ces gammes proposent des actifs bien connus et qui ont fait leurs preuves comme l’acide hyaluronique pour le comblement des rides, ou encore le rétinol pour la fermeté. Les soins pour peaux matures détiennent, eux, 27 % des ventes. Leur objectif : accompagner le bien vieillir et les déficiences hormonales, à l’image de Serenage d’Avène ou encore de Premium de Lierac. Lancée l’année dernière, cette gamme a été complétée par la Crème regard anti-âge absolu. À souligner : ces offres pour consommatrices « seniors » – aux habitudes de soins plus sophistiquées que leurs cadettes – comportent de nombreuses références. Ainsi, chez Lierac, Premium se décline en un masque, un sérum, un élixir et deux textures de crèmes différentes.

PRÉVENTION active.

Fait nouveau, « l’offre se déplace un peu en termes de cible avec des réponses pour les plus jeunes qui sortent de l’anti-âge traditionnel », constate Jennifer Azorin. En pleine expansion, les gammes jusqu’ alors connues sous le nom de “premières rides” « enregistrent une croissance à deux chiffres », se félicite Sandra Saint-André. Les trentenaires sont dans le collimateur des marques. Cette cible est d’autant plus facile à recruter qu’elle pousse plus régulièrement la porte de l’officine en devenant maman. « Dès 25 ans, les femmes réalisent que les problèmes peuvent être retardés s’ils sont pris à la racine avec des produits adaptés », note Marie-Caroline Renault chez Filorga. Avec Hydra-Filler, la marque propose un hydratant anti-âge “pro-jeunesse” qui permet de booster la production d’acide hyaluronique naturelle de la peau ; « on parle désormais moins de premières rides que de prise en charge du vieillissement précoce via une hydratation active. » Nuxe s’adresse aux plus jeunes avec sa gamme Nirvanesque, et c’est aussi le positionnement du gros lancement 2016 de Vichy, Slow Âge, commercialisé en septembre dernier. Le concept : ralentir l’apparition des signes prématurés de l’âge en les corrigeant dès leur formation. Et ce, en agissant sur l’ensemble des agressions environnementales et biologiques tels que les UV, la pollution, la fatigue, le tabac, le climat et l’alimentation. Slow Âge innove en explorant le domaine du vieillissement silencieux.

RITUELS prometteurs.

Ce sont les soins de jour qui sont encore les plus utilisés (66 % des ventes en volume selon Ospharm), devant les contours des yeux (19 %). En progression de + 9,8 % en volume et de + 6,5 % en valeur (IMS, CAM à fin août 2016), ces derniers séduisent une consommatrice de plus en plus exigeante en pharmacie. Ils arrivent en soutien d’une nouvelle franchise, bien souvent l’année suivante, à l’image de Nuxe qui propose depuis septembre 2016 Nuxellence zone regard. Enfin, les soins de nuit (13 %) profitent de la tendance des sleeping pack, ces baumes aux nombreuses vertus qui fleurissent dans les linéaires. « Si l’incontournable reste le produit de jour, de nouvelles attentes émergent notamment autour des sérums », observe Sandra Saint-André. Ce segment du soin concentré reste relativement marginal en officine avec 18 % de parts de marché en valeur (Ospharm, CAM à fin juillet 2016). Autant dire que la marge de progression existe. D’auatnt que l’acheteuse de produits anti-âge à l’officine devient experte, et prête à se laisser tenter par des compléments de gamme. Leur intérêt, pour le pharmacien, étant de faire grimper le panier moyen comme c’est le cas en sélectif. Les laboratoires jouent donc désormais à fond cette carte intéressante du “soin en plus”, à l’instar de Filorga et de son baume à lèvres Time Filler Lips, ou encore de Sanoflore avec son masque Merveilleux de nuit, dont le lancement est annoncé en janvier prochain.

126,07 MILLIONS D’EUROS de CHIFFRE D’AFFAIRES

ÉVOLUTION en valeur

+ 0,7 % Le chiffre d’affaires des soins anti-âge est stable en pharmacie grâce à l’excellent rapport qualité/prix de l’offre. Alors que les résultats voient rouge en parfumerie et en GMS.

Source IMS Pharmatrend en cumul annuel mobile à fin août 2016.

Périmètre : soins anti-âge visage pour femmes et hommes.

3 765 535 UNITÉS VENDUES

ÉVOLUTION en volume

+ 0,7 % L’effet nouveauté et efficacité des nombreux lancements fait mouche. Et une nouvelle génération de produits axés sur le « bien vieillir » permet de recruter des consommatrices de plus en plus jeunes.

Source IMS Pharmatrend en cumul annuel mobile à fin août 2016.

Périmètre : soins anti-âge visage pour femmes et hommes.

DÈS 30 ANS.

Les produits premières rides ont la cote et permettent de rajeunir la cible anti-âge. On voit apparaître de nouveaux concepts pour ralentir très tôt le vieillissement cutané, tel que Slow Âge de Vichy.

La TENDANCE

Les petites interventions esthétiques comme les peelings ou les injections de comblement se sont largement démocratisés. Pas de doute pour Marie-Caroline Renault, directrice de la marque Filorga : « Un tiers des Françaises ont eu recours ou envisage un acte esthétique. Cet intérêt est l’une des explications de notre succès. » En toute logique, le laboratoire emprunte la sémantique de la médecine esthétique, notamment pour son sérum anti-âge Meso+ ou encore Time-Filler. Plus récemment, des laboratoires historiques dermatologiques se sont mis à formuler des produits pour accompagner cet attrait pour la « mini-chirurgie » esthétique. C’est le cas d’Avène avec Ysthéal Intense. On n’attendait pas forcément la marque sur ce territoire. Pourtant, l’eau thermale apaisante associée à une formule dopée en rétinaldhéhyde et pré-tocophéryl est recommandée en relais d’actes. Le soin revendique l’efficacité similaire d’un peeling superficiel.

RELAIS.

La démocratisation des actes de médecine esthétique a inspiré certaines marques comme Filorga ou même Avène, avec des soins positionnés en relais du dermato.

CHIFFRES CLÉS

Avec une croissance de + 6,5 % le contour des yeux reste le segment le plus dynamique en pharmacie d’après IMS (en cumul annuel mobile à fin août 2016). Contre - 5 % en GMS et en parfumerie.

TOP-5* des produits

1 Premier cru soin anti-âge 1,8 %

2 EX-AEQUO

Resveratrol Lift sérum fermeté 1,4 %

Serenage crème de jour 1,4 %

3 EX-AEQUO

Resveratrol Lift fluide 1,3 %

Nuxuriance Ultra crème de jour 1,3 %

* Les Top 5 des produits sont calculés par Ospharm en valeur, en cumul annuel mobile à fin juillet 2016.

AU MASCULIN

Les anti-âges pour hommes réalisent un maigre ca de 2,1 M€ en pharmacie. mais ils progressent fortement : + 48,5 % pour les soins visage et + 13 % pour les contours des yeux.

Source IMS, en cumul annuel mobile à fin août 2016.

POTENTIEL

Figure de proue des soins anti-âges, le sérum ne représente que 16 % du marché officinal en valeur.

Concurrence

Manque d’éclat

Source d’innovation et garantie d’innocuité, la pharmacie limite la casse au regard de la parfumerie sélective et de la grande distribution. Ces deux circuits incontournables pour les achats d’anti-âges sont à la peine, malgré de nombreux lancements.

Déception des consommatrices ? Allégations trop alléchantes ? Prix prohibitifs ? Le circuit sélectif, référence historique du marché de l’anti-âge, et qui réalise encore sur ce secteur un chiffre d’affaires de 270,3 M€ – soit le double de la pharmacie – voit ses ventes reculer. et pas qu’un peu : - 8 % en valeur pour les soins hors contours des yeux, selon NPD (en cumul annuel mobile à fin août 2016) avec des baisses record de - 12 % pour les sérums et de - 7 % pour les crèmes. Les produits spécial regard, eux, reculent de 5 %. « Globalement le marché du soin souffre fortement en 2016 dans le sélectif (- 6 % pour 500 M€) après une bonne année 2015. Le fort recul du tourisme international, notamment en région parisienne a une incidence directe sur les performances du soin prestige », analyse Mathilde Lion, beauty europe industry expert pour NPD Group.

Prix gonflés. Le luxe connaîtrait donc la crise. Pourtant, ces derniers mois, des lancements extrêmement onéreux ont été proposés à l’image du double tenseur de Sisley vendu 130 € les 30 ml ou encore Deto2x Cream de valmont que l’on peut s’offrir pour 225 € les 45 ml. Avec des tarifs plus abordables, l’offre à l’ancrage pharmaceutique filorga, s’est forgée une place de choix chez Sephora. « En cultivant nos différences, nous arrivons dans cette enseigne en seconde position en volume sur l’anti-âge », se félicite Marie-Caroline renault, directrice de la marque. C’est Clarins qui s’impose comme leader, avec une approche digne de la dermo-cosmétique officinale en termes de positionnement prix et de prime à la qualité. La marque préfère se passer d’égérie, au profit de la R & D. Sa crème star Multi-régénérante Jour (84 € le pot de 50 ml), inaugurée en 1978, figure toujours parmi les premiers produits vendus en parfumerie.

La situation n’est guère plus propice en grande distribution : les ventes fondent de - 5,7 % en valeur, les sérums chutent même de - 9,3 % selon iri, en cumul annuel mobile à fin août 2016. Le chiffre d’affaires atteint – tout de même – 183 M€, et les écoulements se chiffrent à 17 264 986 unités ! Or, sur ce marché volumineux, le manque de conseil est particulièrement préjudiciable.

Offre sophistiquée. Le condiv à la baisse ne décourage pas pour autant les industriels. L’oréal paris tente par tous les moyens de valoriser l’offre : après avoir démocratisé les sérums, la marque a proposé en juillet dernier Double soin anti-âge global dans sa franchise revitalift Laser x3. Ce seul produit cumule une action en surface avec la vitamine CG, et un effet en profondeur grâce au pro-xylane. Le lancement 2016 de nivea se distingue par sa galénique originale, soit un sérum (Cellular volume filling) dans lequel les actifs sont encapsulés dans des perles qui se mélangent au moment du service. Alors que Diadermine a rajeuni sa cible à l’occasion de ses 110 ans via la ligne n° 110, pour ses 110 gouttes d’ingrédients anti-âge.

TECHNICITÉ.

Véritables relais de croissance au sein des gammes anti-âge, les sérums deviennent de plus en plus high tech à l’officine et permettent de recruter des consommatrices du réseau sélectif.

Communication

Frapper fort

La difficulté sur l’anti-âge est que, comme sur la minceur, la dernière nouveauté est présentée comme plus efficace, s’appuyant sur un nouveau concept ou un nouvel actif », relève Sandra Saint-André, directrice marketing international Avène. La lutte anti-rides représente donc de fait une des catégories de la dermo-cosmétique les plus soutenues en matière de communication. Notons la présence de certains laboratoires en télé, dont eucerin pour soutenir hyaluron-filler. « Ce média vient compléter nos actions auprès des dermatologues et des pharmaciens, relate Aurélia Livet, directrice pharmacie de la marque. Notre spot d’avril 2016 a permis de recruter 5 000 testeuses de nos produits. Et celui de septembre a mis en valeur les résultats exceptionnels de ce test et ses 95 % de satisfaction ». Pour soutenir Slow Âge, son nouveau soin axé sur la prévention du vieillissement silencieux, vichy a mené une communication à 360° (presse, internet…), assortie d’une campagne sur instagram pour encourager les femmes à adopter la “slow attitude”. Pendant un mois, le laboratoire a publié des photos inspirantes autour de ce concept. Enfin, filorga s’essaie à la radio et c’est même Didier tabary, le président, qui vente les mérites de ses gammes liftantes et raffermissantes. Les laboratoires ne reculent donc devant rien pour repulper les ventes d’anti-rides en pharmacie !

REGARD.

Compléments de gamme, les soins contours des yeux connaissent une progression supérieure à celle des autres soins anti-âge pour le visage.

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