Happiness = business - Pharmacien Manager n° 150 du 01/09/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 150 du 01/09/2015
 

TENDANCES MANAGEMENT

Auteur(s) : Peggy Cardin-Changizi

Priorité au bonheur et au bien-être des salariés. C’est la doctrine adoptée par des entreprises - de plus en plus nombreuses - pratiquant le « happy management », laissant à leurs équipes le pouvoir décisionnel. économiquement, ça marche ! Explications.

Que les adeptes du paternalisme ou des décisions imposées aux équipes se remettent en question. Certains entrepreneurs ont choisi d’accorder à leurs salariés la liberté et la responsabilité d’entreprendre. L’objectif n’est autre que de favoriser l’épanouissement des employés… et de l’entreprise. Ces nouveaux patrons audacieux, mis sur le devant de la scène par le documentaire Le Bonheur au travail diffusé sur Arte en février dernier, ont délibérément choisi de pratiquer le « happy management ». « Il ne s’agit pas d’un modèle, ni d’une recette, mais d’un état d’esprit voire d’une philosophie d’entreprise », précise Isaac Getz, professeur de management et div du livre Liberté & Cie : quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises. Et d’assurer que « le système traditionnel fondé sur une hiérarchie pyramidale et une bureaucratie étouffante (formulaires, procédures, contrôle, audit, reporting…) se caractérise par une grande rigidité et un manque de réactivité. Les salariés supportent de moins en moins que des “sachants” leur disent quoi faire. Ils sont moins motivés. Du coup, l’entreprise est moins performante et a du mal à innover ».

La promesse de l’entreprise libérée du joug hiérarchique ? Etre plus compétitive. Pour cela, les employés s’organisent librement car ils sont responsables. « Ce qui compte, c’est l’objectif, pas la façon d’y arriver », résume Isaac Getz. Pionnière, l’entreprise de chimie américaine Wellbore fonctionne comme cela depuis 1958. De 3 collaborateurs à la création, elle en compte aujourd’hui plus de 10 000 et affiche un CA de 3 milliards via une croissance organique. En France, la primeur en revient à la fonderie Favi, leader européen des fourchettes de boîte de vitesses. Propulsé à la direction de l’entreprise en 1983, Jean-François Zobrist a dû faire face à des méthodes de management typiques des années 70-80, qui ne le lui convenaient pas. Peu à peu, le jeune patron a développé une approche unique en France, la méthode FAVI, fondée sur la confiance de l’ouvrier et sur l’« homme bon ». Bref, sur l’entreprise libérée. La clé de la réussite d’un tel fonctionnement passe donc avant tout par la confiance réciproque à tous les niveaux : entre employeur et employés, et entre salariés aussi.

DONNER envie

Depuis quelques années, cet état d’esprit a attiré un nombre croissant d’entreprises. Mathilde Boudes, cogérante de l’agence de communication Possum Interactive, explique : « Nous avons rapidement convergé vers les travaux d’Isaac Getz qui positionnent l’entreprise libérée comme une solution pour assurer à la fois sa rentabilité économique, mais aussi l’épanouissement de ses salariés. Nous travaillons beaucoup sur notre vision d’entreprise : celle pour laquelle on se lève le matin. Ensuite, à nous d’inventer notre propre modèle où chaque salarié sera libre d’entreprendre. » On compte aujourd’hui une centaine d’entreprises libérées en France. Quelques grands noms ont tenté l’expérience comme Michelin, Décathlon ou Kiabi pour les fonctions support au siège du groupe. Mais le concept séduit surtout des PME qui remettent en cause le modèle traditionnel. Parmi elles, la société nantaise Energie Perspective, qui « carbure » au happy management. « Lorsque nous avons fondé Energie Perspective, nous n’avons pas réfléchi à un mode de management en particulier. Mais nous souhaitions repenser la façon de manager, loin des modèles classiques. Nous avons fonctionné à l’instinct, en avançant vers un management axé sur le collaboratif et la transmission », explique Marc-Antoine Catherine.

Il y a un an, PYM, le nom que se donnent les trois fondateurs d’Energie Perspective (les deux autres étant Pierre Leroy et Yann Person) recrute Claire Adam pour gérer ses relations publiques. Le trio décèle rapidement son potentiel. Pour Pierre Leroy, « on ne s’improvise pas happy manager. Il faut d’abord avoir l’énergie et donner envie. Intelligence sociale et quotient émotionnel sont des atouts indispensables. Enfin, il faut un savoir-faire marketing et le sens de la communication, pour porter l’ensemble. » Pour Claire Adam, « l’idée de départ fut de construire une stratégie de marque employeur forte. Alors, lorsque je suis devenue happy manager, la mission a pris tout son sens : bien-être des membres de l’équipe et de l’ensemble de l’écosystème, prolifération de la marque employeur, animation au quotidien et fidélisation des membres de l’équipe ».

ESPRIT DE FAMILLE

Chez Energie Perspective, on ne parle pas d’équipe mais de « EP Family », avec des membres plus que des salariés. On délivre aux « petits nouveaux » un livret d’accueil avec un trombinoscope de l’ensemble des membres et un mug à leur prénom. Une fois par trimestre, un hackathon de 48 heures réunit l’ensemble des membres pour réfléchir au projet de société et aux nouveaux produits. « Nous démultiplions les points de contact : Twitter, Instagram, YouTube… On essaie de toujours aborder nos missions en se distançant des référentiels. Notre écosystème nous le rend bien, les candidatures que nous recevons sont un concentré de créativité, preuve de la bonne compréhension de notre état d’esprit », explique Claire. Et les premiers résultats sont encourageants : réduction de 28 % du turnover et diminution de 50 % des frais de recrutement.

Les salariés d’une entreprise libérée doivent donc pouvoir être autonomes. Mais pas seulement. Ils doivent avoir la fibre entrepreneuriale pour être capables de prendre des décisions profitables à leur « boîte ». Les entreprises libérées le sont dès leur création ou le deviennent sous l’impulsion d’un repreneur. Si le système convient particulièrement aux SCOP (sociétés coopératives et participatives, où les salariés sont associés majoritaires), il peut aussi se mettre en place dans des sociétés privées. Et pourquoi pas en pharmacie (voir encadré p. 52) ?

En pratique

Happy officine

La pharmacie libérée ? Rien de plus réalisable pour l’enseignant en management Isaac Getz : « Il faut trouver du sens au travail quotidien dans la pharmacie : ce qui fait rêver les collaborateurs, qui leur tient à cœur. » Par exemple, apporter du bien-être aux habitants du quartier. « A partir de là, les salariés - et non le titulaire - organisent leur emploi du temps pour réaliser leur vision de l’officine auprès de leurs clients. » Le principe peut être exploité pour l’agencement, le rangement, les fonctions administratives… « Ces tâches sont mieux gérées par les gens qui les connaissent bien, et ce n’est pas forcément le patron. Celui qui fait, sait », assure Isaac Getz.

SEULS

35 % des salariés se sentent reconnus par leurs supérieurs, selon le palmarès Viavoice sur le bonheur au travail.

AIR DU TEMPS

L’intérêt du travail est jugé plus important que le salaire par les demandeurs d’emploi, selon un sondage Jobaproximite/OpinionWay 2014.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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