Télémédecine, où en est-on ? - Pharmacien Manager n° 148 du 28/05/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 148 du 28/05/2015
 

NEWS

E-SANTÉ

Auteur(s) : Yves Rivoal

Au titre de professionnel de santé, le pharmacien peut légitimement s’insérer dans un projet de télémédecine. Dans la pratique, en France, ce serait plutôt, « circulez, il n’y a rien à voir ! » ou presque…

Lors du dernier recensement des projets de télémédecine réalisé au 31 décembre 2012, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) avait identifié 331 projets, dont 169 étaient déjà opérationnels. Des projets qui portaient essentiellement sur des pathologies comme la prise en charge de l’AVC, l’insuffisance rénale ou l’insuffisance cardiaque. « A ma connaissance, si l’on excepte quelques expériences très locales, il n’y a pas d’officinaux impliqués dans les programmes de télémédecine aujourd’hui », constate Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie – santé des Echos Etudes.

Parmi ces quelques expériences locales, il y a celle que mène depuis 2012 la Pharmacie de Commequiers en Vendée. Sa titulaire, Sophie Toufflin-Rioli, a déjà réalisé, dans le cadre du programme Télémédinov, 150 téléconsultations en gériatrie, psychogériatrie, soins palliatifs, dermatologie et ophtalmologie avec les médecins spécialistes du centre hospitalier Loire-Vendée-Océan et un dermatologue en libéral. Dans un autre registre, le programme Sympad vise, lui aussi, à placer le pharmacien au coeur des dispositifs de télémédecine. « Nous mettons à disposition des officines un ordinateur avec écran tactile, le logiciel Sympad, ainsi qu’une batterie de capteurs : balance, tensiomètre, glucomètre…, précise François Lescure, président de Médecin Direct, la société qui commercialise Sympad, pour un loyer mensuel compris entre 59 et 199 €. Grâce à ce dispositif, les pharmaciens peuvent réaliser des mesures qui sont intégrées automatiquement au dossier médical du patient, et qui peu- vent être transmises au médecin généraliste ou à un spécialiste. » A ce jour, une quinzaine d’officines sont en cours d’équipement.

EXPÉRIENCES en télépharmacie

Pour trouver une autre pharmacie pionnière, il faut mettre le cap sur Pézenas dans l’Hérault. Titulaire de la Nouvelle Pharmacie, Katy Garcias s’est, elle, lancée dans la télépharmacie en assurant sur le site lnpchezvous.com des téléconsultations en vidéo gratuites de 9 à 23 heures. Des rendez-vous qui portent sur tous les conseils pharmaceutiques prodigués au comptoir. « Pendant l’entretien, avec l’accord du patient, le pharmacien place les produits qu’il conseille dans un panier, précise Katy Garcias. A l’issue du rendez-vous, celui-ci dispose de quinze jours pour nous régler et être ensuite livré à domicile. » Sur la micronutrition, les patients achètent en moyenne pour 180 € de produits tout au long du protocole. Sur la naturopathie et les médecines douces, le panier moyen est de l’ordre de 35 ou 45 euros. Huit mois après le lancement de son site, Katy Garcias dresse un premier bilan contrasté.

« Nous avons certes dépassé le cap des 500 inscrits et nous réalisons une trentaine d’entretiens par mois, mais pour l’instant, l’activité n’est pas rentable [NdlR : par rapport aux 46 000 € investis] car il nous faudrait une vingtaine d’entretiens par jour pour atteindre le point mort. »

Pour se faire une idée plus complète de la place que les pharmaciens pourraient prendre demain sur le marché de la télémédecine, il faut se rendre en Suisse. Pendant deux ans, 200 pharmacies pilotes ont participé au programme netCare qui permet aux patients de recevoir sans rendez-vous des conseils médicaux ainsi que des soins de premiers recours. Lors de l’entretien, le pharmacien s’appuie sur des algorithmes pour décider s’il peut prescrire un médicament, s’il doit faire appel à un télémédecin, s’il doit adresser le patient à un autre professionnel de santé. L’entretien préliminaire avec le pharmacien est facturé 15 francs suisses (à peu près 15 €) au patient. Les coûts de la téléconsultation avec le médecin sont remboursés par la caisse maladie. Plus de 5 000 conseils netCare ont ainsi été délivrés pendant la phase pilote, et 73 % des cas ont été traités par les pharmaciens. Devant le succès de l’opération, qui a permis de décharger les urgences et les médecins de famille, il a été décidé que toutes les pharmacies suisses pouvaient désormais accéder au programme.

EN VILLE aussi

Le succès de netCare laisse à penser que l’avenir de la télémédecine ne se jouera pas uniquement dans les zones rurales. « Si l’on considère que dans certaines spécialités il y a parfois six mois d’attente pour obtenir un rendez-vous, on peut penser que la téléconsultation pourrait aussi devenir monnaie courante en ville et en zone périurbaine », estime François Lescure. Un credo partagé par Michel Rioli, le président du consortium Télémédinov, qui se trouve aussi être le mari de Sophie Toufflin-Rioli. « Il n’y a pas longtemps, un patient est arrivé à l’officine de ma femme avec une vilaine plaie à l’oreille après une consultation chez son médecin. Mon épouse lui a demandé s’il avait rendez-vous chez un dermatologue. Il lui a répondu que oui, mais dans trois mois. Elle l’a alors conduit dans sa cabine de téléconsultation pour prendre un cliché qu’elle a tout de suite transmis au dermatologue de notre réseau. C’était un vendredi matin. Le lundi, il avait rendez-vous chez et, le jeudi, il se faisait opérer car il s’agissait d’un mélanome. »

ON EN PARLE

ÉVÉNEMENT

une journée de la santé connectée le 10 juin à monaco. Professionnels de santé et patrons d’industries du secteur feront un état des lieux du marché de la santé connectée. Inscriptions : www.connectedhealthmonaco.com.

GLUCOMÈTRES

Du nouveau chez iHealth

Health Gluco est un lecteur de glycémie sans fil qui enregistre l’ensemble des prises de sang réalisées par le patient (jusqu’à 500). Il peut afficher le taux de glucose dans le sang après la piqûre, sur le lecteur et l’application. Disponible chez les grossistes, il est vendu au prix du remboursement de la Sécurité sociale : 69,95 €. Son petit frère, iHealth Align, a été conçu pour les diabétiques de type 2. Il se branche à la prise casque du smartphone pour transmettre les données à l’application. Son prix :19,95 €.

L’APPLI DU MOIS

Une application qui optimise les chances d’arrêter de fumer. Telle est la promesse formulée par Nicorette avec « J’accomplis l’incroyable ». Celle-ci propose un programme de coaching personnalisé basé sur un algorithme qui a permis d’identifier plus d’un million de profils différents de fumeurs. L’application intègre aussi un journal de bord et des statistiques personnelles. Elle évalue les économies réalisées et offre la possibilité d’écouter de la musique ou de lire des infos lorsque l’envie de fumer devient irrépressible. Et n’oublie pas de proposer les substituts nicotiniques adaptés au profil du fumeur…

PROSPECTIVE

google a déposé une demande de brevet pour un bracelet anticancer auprès de la World Intellectual Property Organization. Appelé Nanoparticle Phoresis, il serait capable de détruire les cellules cancéreuses dans le sang.

LOW COST

pour tous ceux qui ne souhaitent pas investir 150 € dans une balance connectée, Connected Scale d’Archos peut constituer une alternative. Son prix : 50 €.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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