Comment trouver un prescripteur en milieu rural ? - Pharmacien Manager n° 148 du 28/05/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 148 du 28/05/2015
 

PRATIQUES

QUESTION

Auteur(s) : YVES RIVOAL

Premier réflexe lorsque l’on est confronté à la perte d’un prescripteur : aller frapper aux portes de la mairie et de la communauté de communes, s’il y en a une, afin de sensibiliser les élus à la situation. Il s’agit de les inciter à agir mais aussi à assumer le financement de la recherche.

UTILISER les moyens de communication

Vous pouvez ensuite faire passer le message aux médecins alentour, dans les facultés de médecine, les salles de garde des hôpitaux, les organisations d’internes et de chefs de clinique… Pensez également diffuser une annonce payante dans des magazines spécialisés comme Le Quotidien du médecin, Le Généraliste ou L’Officiel de l’installation qui est adressé à des médecins remplaçants ayant émis le souhait de s’installer à court ou moyen terme. Autre piste : les sites Internet spécialisés comme annonces-medicales.com, staffsante.fr ou jobvitae.fr.

Si la recherche classique ne débouche sur rien, il peut être opportun, à ce stade, de s’attacher les services d’un cabinet de recrutement spécialisé, en sachant que la facture pour ce type de prestation oscille entre 5 000 et 20 000 €. « Lorsque nous intervenons, nous essayons d’abord de comprendre pourquoi le médecin qui part à la retraite ne sera pas remplacé, par exemple une région peu attrayante, explique Pape Seck, consultant associé chez Médical RH. L’absence de structures de santé organisées constitue aussi un obstacle rédhibitoire car aujourd’hui, les médecins ne veulent plus exercer seuls. C’est à partir de cet état des lieux que l’on construit une offre, qui doit être attrayante d’un point de vue professionnel et personnel. »

OFFRIR des packages

La compétition étant actuellement très forte entre les territoires, il faut en effet proposer de véritables packages aux médecins pour qu’ils acceptent de s’installer. Un package qui doit comprendre a minima un centre de santé, avec deux ou trois autres médecins, ou, mieux encore, une maison de santé pluridisciplinaire. « Le plus souvent, il faut aussi prévoir un loyer gratuit les six premiers mois pour que le médecin ait le temps de se constituer une patientèle, ainsi qu’une maison de fonction mise à disposition par la commune, complète Pape Seck. Il est également intéressant d’avoir des aides à l’installation négociées auprès de l’ARS lorsque c’est possible. »

Mais même avec ce type de package, la partie n’est pas gagnée d’avance comme le confirme Jean-Claude Fonteneau, titulaire à Trémentines, près de Cholet (Maine-et-Loire). « Les deux médecins du village avançant en âge, j’ai commencé à sensibiliser les élus et les autres professionnels de santé dès 2002 à la création d’une maison de santé pluridisciplinaire », se souvient-il. Un travail de longue haleine puisque la maison de santé n’a ouvert ses portes que dix ans plus tard, en 2012, mais avec seulement les deux médecins de la commune. « Pour trouver le troisième, nous avons diffusé des annonces un peu partout, mais cela n’a pas fonctionné, poursuit Jean-Claude Fonteneau. C’est finalement suite à un article passé dans un journal local qu’un médecin de Cholet, qui souhaitait se rapprocher de chez lui, a accepté de venir s’installer dans notre maison de santé après l’avoir visitée. »

RECRUTER à l’étranger

Lorsque toutes les pistes ont été explorées en vain, reste à envisager la venue d’un médecin étranger qui n’aura pas le même niveau d’exigences que ses confrères français. « Dans un pays comme la Roumanie, les médecins généralistes ne gagnent que 400 ou 500 € par mois, rappelle Grégory Guerni, directeur du cabinet GH Médical. Ils sont donc souvent motivés pour s’installer en France, d’autant que la plupart parlent notre langue. » Pour s’offrir les services d’un cabinet spécialisé dans la recherche de médecins à l’étranger, les honoraires s’évaleuent entre 5 000 et 20 000 €. Mieux vaut donc s’assurer de son sérieux en lui demandant des références de recrutement réussi. En sachant que, là aussi, il faudra proposer un package pour que le praticien étranger accepte de s’installer. « Nous essayons en général de négocier une mise à disposition gratuite du logement et du cabinet médical pendant six mois, précise Grégory Guerni. Il y a en effet toujours, lors de l’arrivée d’un médecin étranger, une méfiance légitime de la part de la population. Il faut donc toujours quelques mois pour que le praticien commence à pouvoir vivre de son exercice. »

Attention, malgré toutes les dispositions qui peuvent être prises au moment du recrutement, il est impossible de garantir le succès d’une installation ! Certains médecins repartent en effet dans leur pays au bout de quelques mois, faute de patientèle ou d’avoir su s’adapter. « D’autres se servent d’une installation gratuite comme d’un tremplin, et en général, ils ne nous préviennent pas quand ils partent », regrette Grégory Guerni. Mais, fort heureusement, certains restent. Pour le plus grand plaisir des pharmaciens !

LE PROBLÈME DU MOIS

L’un des deux médecins de votre commune vient de vous annoncer qu’il a prévu de partir à la retraite à la fin de l’année. Or, vous le savez, la perte d’un prescripteur affaiblira l’économie déjà fragile de votre pharmacie. Vous allez donc devoir, avec ou sans la mairie, partir à la recherche d’un remplaçant. Une quête qui va en général bien au-delà d’un simple recrutement.

LES EXPERTS

Jean-Claude Fonteneau

TITULAIRE À TRÉMENTINES

Pape Seck

CONSULTANT ASSOCIÉ CHEZ MÉDICAL RH

Grégory Guerni

DIRECTEUR DU CABINET GH MÉDICAL

OH ! NON !

Attendre le dernier moment pour agir. La recherche d’un médecin en milieu rural peut se révéler très longue. Entre six mois et neuf mois s’il faut aller le chercher à l’étranger.

AH ! OUI !

Jouer la carte de la proximité en ciblant les médecins des communes aux alentours et ceux qui effectuent régulièrement des remplacements dans la région.

TÉMOIGNAGE
Mieux vaut prévenir que guérir

François Nadaud Titulaire à Payrac

Installé avec son épouse à Payrac, une commune de 700 habitants située à 45 minutes de Cahors, François Nadaud a devancé le problème de désertification médicale. « L’heure de la retraite approchant pour le couple de médecins de notre commune, nous avons préféré anticiper en militant pour la création d’une maison de santé pluridisciplinaire. » Lancé en 2010, le projet est porté par la communauté de communes qui a financé intégralement les 1,4 M€ investis dans le local de 700 m2 construit à la sortie du village. « Mais comme personne ne voulait s’en occuper, j’ai été amené à construire le projet de santé, à assurer la liaison entre la communauté de communes et les professionnels de santé, à effectuer toutes les démarches auprès de l’ARS… » Un investissement en temps qui va se révéler payant puisque la maison de santé ouvre ses portes en octobre 2014, mais sans le troisième médecin…

« Les recherches que nous avions confiées à un cabinet de recrutement n’ont rien donné, raconte François Nadaud. Nous avons eu des contacts avec un Espagnol qui n’a jamais donné suite, un Libanais qui a disparu aussi vite qu’il était arrivé, un Roumain dont les diplômes nous paraissaient assez flous… » Finalement, la solution est venue d’un médecin de Gourdon, une commune voisine, qui faisait des remplacements depuis une dizaine d’années. « La qualité de notre structure, la perspective de travailler en équipe et la complémentarité avec les autres professionnels de santé l’ont séduit. »

Pour François Nadaud, qui a transféré sa pharmacie juste à côté de la maison de santé, le bilan est plus que positif.

« Sur le dernier exercice, nous avons enregistré une croissance de 15 % du CA et de 20 % sur la fréquentation », confie le pharmacien qui ne regrette pas du tout les 450 000 € investis pour l’achat du terrain et la construction de la nouvelle pharmacie. « Si je ne l’avais pas fait, je serais avec une baisse de 15 % de mon CA et une pharmacie devenue invendable »

« Anticiper en militant pour la création d’une maison de santé »

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