À étaler en toutes saisons - Pharmacien Manager n° 147 du 21/04/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 147 du 21/04/2015
 

MARCHÉ

Auteur(s) : Charlotte Nattier

Ne pas se fier aux ventes maussades de l’année dernière. Le marché des solaires s’annonce en 2015 sous le signe de l’éclaircie et d’un changement de stratégie. La périodicité des ventes en été ne serait plus une fatalité, Les acteurs alliant à la protection des promesses anti-âge ou encore hydratantes…

Les produits solaires sont devenus un pilier de l’offre officinale grâce au juste prix de la caution sécuritaire. Ainsi, ils représentent le quatrième marché du soin, derrière l’anti-âge, l’hydratation visage puis corps. Au cœur de la saison estivale, c’est la catégorie qui contribue le plus à la croissance du rayon soin de la peau (source fabricants). Selon IMS, les recettes solaires (crèmes protectrices, réparatrices, autobronzantes et compléments alimentaires) en 2014 s’élèvent à 109 M€. Mais la météo catastrophique de l’été 2014 a fait chuter les ventes de 4 %. Le chiffre d’affaires de la voie topique, lui, représente 92,3 M€, contre 109,7 M€ pour la grande distribution. C’est dire la forte présence de l’officine sur la catégorie.

MOINDRE saisonnalité

Les seules protections solaires pour adultes (68 M€ en 2014 selon IMS) régressent de 2,8 % en volume et de 1,8 % en valeur. Frédérique Blanc, chef de produits Polysianes Klorane, observe que « si le beau temps fin août-début septembre a permis une remontée des ventes tardive sur les régions côtières, la hausse des stocks en général a engendré des offres promotionnelles inhabituelles en arrière-saison ». Côté nouveautés produits, 2014 n’a pas non plus été une année de lancements majeurs. Autre fait marquant, la prescription des solaires par les dermatologues est en baisse de 7,2 %. (source fabricants en cumul annuel mobile à fin août 2014). « Or cet effet prescription est un pilier du business model », rappelle Christophe Billet, directeur marketing de Bioderma. Les leaders du marché de la photoprotection demeurent inchangés en 2014 selon Ospharm : Avène avec 33,78 % des ventes en valeur, La Roche Posay 20,53 % et Bioderma 10,70 %, qui tire parti de ses prix « 25 % moins chers que les deux leaders », selon la marque. Petite révolution, la saisonnalité, elle, ne serait plus une fatalité. À l’instar des parapharmacies qui jouent le jeu de l’exposition annuelle des produits. Anne Gigleux, chef de produit Roc, fait remarquer que « le marché global des solaires y a été moins impacté qu’en pharmacie par les aléas climatiques de l’été dernier – avec une légère baisse de 1,3 % en valeur sur 2014 selon IMS ». Les paras ont ainsi profité des premiers rayons du soleil d’avril et de la belle arrière-saison ; contrairement à la pharmacie, limitée par l’espace et qui se cantonne à une offre très réduite en dehors de la période estivale. Les laboratoires sont bien décidés à changer la donne.

MULTIBÉNÉFICES

Si, jusqu’à récemment, la majorité des achats avaient lieu sur les mois d’été, de juin à août, ce postulat n’est plus vraiment vérifié. « On voit apparaître des ventes plus lissées sur l’année entière, notamment sur les protections visage, explique Christophe Billet. De plus en plus de femmes s’appliquent une photoprotection toute l’année ». Et selon Leslie Breau, directrice marketing La Roche Posay, 30 % des ventes de solaires en pharmacie se font de janvier à avril ». Pour accentuer ce phénomène, les acteurs misent sur des références multibénéfices. L’idée ? Proposer un même soin pour la photoprotection et l’hydratation ou l’anti-âge. C’est le cas de Topicrem, qui poursuit son repositionnement plus dermatologique – initié en 2012 – cette année sur les solaires. « Sur le marché des solaires en repli, il y a clairement une dynamique à tirer de l’univers de l’hydratation » explique France Bruc, directrice marketing Topicrem. Avec des crèmes hydratantes SPF50+, la marque cible l’usage quotidien des consommatrices qui ont la peau fragile et sensible au soleil comme les femmes enceintes, mais aussi l’exposition à un ensoleillement intense. « Nous recommandons au pharmacien de présenter nos références “2 en 1” avant tout dans l’univers Topricrem ». La double implantation étant évidemment la cerise sur le gâteau. Jouer sur deux tableaux, c’est aussi la stratégie qu’adopte Roc, dont le look a totalement été revu en 2014. « Nous capitalisons sur notre notoriété sur l’anti-âge pour proposer de la très haute protection associée », explique Anne Gigleux. Les six produits visage lancés cette année s’utilisent toute l’année. La marque a même formulé un produit de retouche à utiliser sur le maquillage, facilitant le renouvellement de l’application toutes les deux heures, même en ville.

HIGH technology

La sécurité mais pas au détriment du plaisir d’application. Tel est le leitmotiv de toutes les marques en lice aujourd’hui. « Nous sommes en mesure de proposer la plus haute protection dans des galéniques agréables qui favorisent l’observance, clé de la protection solaire, traduit Christophe Billet (Bioderma). Nous avons été pionniers sur les huiles SPF50 en officine. » Signe des temps, la part de marché valeur des huiles ne cesse de s’étaler : de 6,2 % du marché de la protection solaire en 2013, elle est passée à 8,4 % en 2014, selon Ospharm. Chez Daylong, marque du laboratoire suisse Spirig, dans le giron de Galderma depuis l’année dernière, la tendance est aussi aux formules « légères ». La marque, connue pour ses performances anti-UVA et UVB grâce ses filtres encapsulés dans des liposomes, s’oriente vers une protection plus glamour. Et lance ce printemps trois formules en gel (dont Ultraface pour les peaux acnéiques). Présent dans 1 700 officines en France, Daylong ne revendique plus une seule application par jour pour ses produits. Il n’empêche, cette forte promesse et son relancement par Galderma expliquent sa progression positive (+ 18 % en valeur en 2014 selon Ospharm) et sa cinquième place sur le marché de la photoprotection en régression. Il est loin, le temps de l’écran total blanchâtre difficile à appliquer ! « Nous rénovons nos références pour améliorer à la fois la protection mais aussi la cosméticité des formules, avec pour certaines de vrais bénéfices beauté », insiste Leslie Breau, chez La Roche Posay. En 2015, les enfants sont également choyés. Ainsi, Bioderma lance Photoderm Kid Mousse SPF50+, une crème chantilly ! Ce délice d’application est obtenu grâce à une double émulsion « huile dans eau ». La Roche Posay aussi étaye son offre pour les petits avec le Lait Bébé SPF50+, utilisable dès 6 mois. De quoi redonner des couleurs à la catégorie des protecteurs solaires pour enfants (13,1 % du marché de la photoprotection en valeur en 2014, Ospharm), dont les ventes, estimées à 10,4 M€, chutent de 8,8 % selon IMS… Cette année s’annonce aussi comme celle de la filtration optimale. Ainsi, les nouveautés Anthelios XL associent au système Mexoplex une nouvelle molécule. Soit la baïcaline, qui renforce la protection contre les UVA longs, responsables du stress oxydatif.

GÉLULES pour toutes

Chez Lierac, la technologie photoprotectrice inclut la réparation dans la crème visage SPF30, préconisée en remplacement du soin anti-âge dès les premiers rayons du soleil printanier. « L’opportunité et la force d’un challenger, c’est d’arriver avec une offre différenciante et un discours cohérent relayé grâce à la formation des équipes officinales et un large dispositif de communication », explique Sandrine Alexandre, directrice marketing opérationnel international Alès Groupe (propriétaire de Lierac). Le cru 2015 est décidément très prometteur. Un petit coup de pouce de la météo en prime, et les solaires devraient rayonner. Y compris les compléments alimentaires. Ces derniers souffrent aussi d’une baisse de chiffre d’affaires à - 5,9 % pour les préparateurs solaires (14,5 M€ en 2014, selon IMS) et à 16,5 % pour les autobronzants (2,15 M€). Reste qu’Oenobiol, leader historique, maintient sa suprématie et s’octroie 38,5 %, en valeur, des ventes de solaires par voie orale (Ospharm, année 2014). « Notre stratégie s’articule autour de deux piliers : l’optimisation continue des formules via l’innovation et une présence forte en média et sur le point de vente. En 2015, nous continuons d’investir massivement en communication », explique Diane Brément, responsable marketing Oenobiol. La force de la marque ? Une segmentation de la franchise Oenobiol Solaire Intensif: peaux claires, peaux normales, anti-âge. Sans oublier la référence autobronzante née cette année. Les challengers, Naturactive avec Doriance Solaire et Arkopharma avec Phytobronz, sont au coude-à-coude avec respectivement 16,54 % et 15,82 % de PDM en valeur sur 2014 selon Ospharm. Côté produits, on retrouve Oenobiol Solaire Intensif sur la première marche du podium, suivi de Phytobronz Préparateur solaire (Ospharm). À noter cependant : en 2014, c’est Lierac qui a enregistré la plus forte croissance, avec 7,4 % en valeur et 5 % en volume. Le laboratoire (à la cinquième place des compléments solaires selon Ospharm) a reformulé sa référence historique et l’a mise en valeur à travers des offres promotionnelles. La surprise 2015 vient de Ménophytea, qui innove tout en cultivant son positionnement pour les consommatrices de plus de 45 ans. Et de lancer Capital Solaire avec des gélules jour et nuit, à la fois anti-âge et pigmentantes. Parce que la peau des femmes le vaut bien…

7,518 MILLIONS D’UNITÉS VENDUES

ÉVOLUTION en volume

- 4,1 %

Le segment des enfants souffre particulièrement avec une baisse de - 9,3 %

Source IMS Health sur l’année 2014, solaires (topiques et compléments alimentaires).

109 MILLIONS D’EUROS de CHIFFRE D’AFFAIRE

ÉVOLUTION en valeur

- 4 %

Le marché des solaires paie la facture de l’été 2014, qui fût très maussade.

Source IMS Health sur l’année 2014, solaires (topiques et compléments alimentaires).

OBJECTIF OBSERVANCE

À la protection de base, les laboratoires ajoutent un bénéfice cosmétique (anti-âge, anti-acné, hydratant, unifiant…) pour favoriser l’observance.

La TENDANCE

L’indice SPF50+ est devenu la référence du marché de la photoprotection en officine. Il représente pas moins de 76 % des produits (près de 8 sur 10 !) vendus en officine selon Ospharm. Pour se démarquer, les laboratoires ajoutent désormais systématiquement un bénéfice santé ou cosmétique à cette très haute protection. Ainsi, le leader Avène, qui revoit l’image de ses packagings cette année avec une version plus moderne et épurée, propose Cleanance Solaire SPF50+, un soin photoprotecteur dédié aux peaux grasses et à tendance acnéique. Chez La Roche Posay, on n’a plus à choisir entre protection et maquillage. Pour encourager encore une fois l’observance, la marque propose un Blur Lisseur Optique SPF50+ dans sa gamme Anthelios. Sa galénique teintée lisse et homogénéise le teint immédiatement. De même chez Bioderma ou Roc, qui lancent des produits très haute protection avec des textures plus légères et compatibles avec les habitudes beauté, soin et maquillage des consommatrices.

L’ESSENTIEL

5 PREMIERS LABOS. En valeur en 2014, sur le marché crèmes + compléments alimentaires, selon Ospharm.

CIRCUITS DE DISTRIBUTION. En valeur sur 2014, sur le marché des crèmes solaires (protecteurs, après solaires et autobronzants). Source IRI et IMS.

LA PARAPHAR-MACIE EST le circuit le moins impacté par la baisse des ventes en 2014 avec un CA à 14 MILLIONS D’EUROS, à - 1,3 % (source fabricants).

TOP 3* des produits

1 Avène SPF 50+ spray 4,3 % de PDM

2 Avène 50+ enfants spray 3,3 % de PDM

3 Oenobiol Solaire intensif 3 % de PDM

* Le Top 3 des produits est calculé en valeur par Ospharm, en cumul annuel mobile à fin décembre 2014.

LES VENTES SELON LE SPF. La recherche de protection maximale est une réelle préoccupation. Source Ospharm en valeur sur l’année 2014.

RÉPARTITION DES VENTES. En valeur sur 2014. Sur un CA global de 109 013 432 €, selon IMS Health.

À NOTER

Selon les laboratoires, aujourd’hui, 30 % des ventes de solaires ont lieu de janvier à avril.

MARQUE MONTANTE

Avec Daylong, Galderma réussit la prouesse de se placer 5e marque de la protection solaire en 2014 (4,03 % de PDM selon Ospharm).

PRIX

Selon Ospharm, le prix moyen en pharmacie du spray Avène SPF 50+ est de 18,15 €. Il peut descendre à 8,99 €!

Communication

Toute l’année !

La protection solaire est un marché réellement porté par la communication grand public des laboratoires. En témoigne le recours à des ambassadrices comme l’actrice Claire Keim pour Oenobiol ou le mannequin Inès Sartre qui porte les couleurs de Lierac. « À partir de 2015, Polysianes va bénéficier d’investissements massifs dans toute la presse féminine et en affichage sur le prestigieux réseau Decaux », se félicite Frédérique Blanc, chez Klorane. Presse, télévision et même radio, les relais ne manquent pas aux beaux jours. Mais pas seulement. La communication s’oriente aussi vers la protection au quotidien. « Le planning change pour être cohérent avec le message d’appliquer des solaires toute l’année », explique Anne Gigleux, chef de produit Roc. Dès le mois de mars, les premières annonces solaires rayonnent. Du 22 au 29 avril dernier, Doriance Autobronzant s’est fait voir pour la première fois sur plus de 4 000 panneaux urbains. Le discours évolue et prend le tournant de la santé de la peau. Ainsi, La Roche Posay communique depuis mars sur son programme Skin Checker autour de la prévention du mélanome. « Notre message est pédagogique. Il vise à inciter chacun à examiner ses grains de beauté », explique la directrice marketing, Leslie Breau. Même son de cloche chez Bioderma : « Nous essayons de mettre en avant la caution sécuritaire avant tout », résume Christophe Billet, directeur marketing de la marque.

PLAISIR D’APPLICATION

Fini les « écrans » pâteux. Place à la fluidité avec les huiles, brumes, gels… Mention spéciale pour la mousse chantilly enfants de Bioderma !

HÂLE SUR MESURE

Les compléments alimentaires solaires se diversifient. Aux préparateurs classiques s’ajoutent les autobronzants ou encore les gélules jour/nuit antiradicalaires Ménophytea…

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