Comment suivre sa nouvelle rémunération - Pharmacien Manager n° 144 du 15/01/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 144 du 15/01/2015
 

côté entreprise

Auteur(s) : François Pouzaud

Le changement de modèle économique implique de surveiller encore plus étroitement sa rémunération. Comment réaliser efficacement ce suivi ? Quels nouveaux indicateurs prendre en compte ? Simulations en partenariat avec Yannick Piljean du cabinet Cohesio.

C’est fait ! La nouvelle rémunération du pharmacien est effective depuis le 1er janvier 2015. Elle inclut la marge commerciale et des honoraires de dispensation. Mais il s’agit seulement de la première étape du changement qui, à terme, permettra de basculer 48 % de la rémunération officinale sous forme d’honoraires. Mais déjà, dès cette année, une partie de la rémunération du pharmacien est déconnectée de la baisse des prix industriels. Pour 2015 est mis en place :

→ Un honoraire de dispensation à la boîte de 0,80 € (1 € en 2016) pour tout médicament remboursable. Cet honoraire est pris en charge au même taux de remboursement que la boîte délivrée. Il est inclus dans le prix du médicament remboursable (qui est un prix plafond), que celui-ci soit prescrit ou non.

→ Pour les médicaments délivrés sur ordonnance, le ticket « vitale » matérialisant la facture et imprimé au dos de l’ordonnance prévoit deux lignes de facturation pour un même médicament : l’une indiquant le prix public TTC margé sans l’honoraire de dispensation, l’autre pour l’honoraire en question.

→ Pour les médicaments de PMF dont la vente n’est pas ordonnancée, le prix indiqué sur la boîte est le prix public maximum TTC, voire moins, si le pharmacien rétrocède au client tout ou partie de sa rémunération.

→ Un honoraire de 0,50 € pour les ordonnances complexes de plus de 5 lignes.

→ Une nouvelle marge avec révision de la MDL. (voir tableau ci-dessous).

Le gain pour une officine moyenne est de 1 369 € sur le médicament remboursable prescrit, de 913 € sur le médicament remboursable non prescrit et de 1 950 € sur les ordonnances complexes, soit 4 232 € au total (données IMS/FSPF sur la base des volumes et des PFHT moyens de 2013, comme si la nouvelle rémunération avait été effective cette année-là).

Le gain pour le réseau est de l’ordre de 93 M€ mais sera totalement absorbé par la modification des prescriptions et les baisses de prix en 2015. Dans ce nouveau modèle économique, la taille de l’officine ne conditionne pas l’évolution de la marge (perte ou gain). En revanche, il y a une dépendance forte du nouveau mode de rémunération au paracétamol. L’effet « rémunération à la boîte » privilégie les officines qui délivrent de très grandes quantités de paracétamol.

Suivre son activité

Même si l’intérêt du suivi du CA devient plus relatif puisqu’il n’est plus comparable à l’ancien, Yannick Piljean, expert-comptable du cabinet Cohésio, recommande de continuer à suivre l’évolution de l’activité : « Un tel tableau va servir à mesurer l’effet volume (évolution du nombre de boîtes et donc de clients, captés ou perdus) et l’effet prix (baisse des prix du médicament), à surveiller le prix moyen unitaire qui est un indicateur de l’évolution de la prescription du médecin ».

Calculer sa rémunération

Pour pouvoir créer un tableau de suivi de la nouvelle rémunération officinale, le pharmacien a besoin des volumes et CA des produits en fonction des nouvelles tranches de MDL, ce que les éditeurs de logiciels doivent être en mesure de fournir. Leurs nou- veaux outils permettent de suivre le CA et la marge par tranche de MDL, comparée à celle de l’année précédente, de ventiler le nombre de boîtes par tranche de MDL.

La mise en place de l’honoraire s’accompagne d’un repro- filage à la baisse de la MDL. Ainsi, par exemple, la marge du pharmacien en 2015 est de zéro sur les médicaments de PFHT de 0 € à 0,82 €, seul l’honoraire de dispensation est perçu. Le taux de 6% de la troisième tranche (au-delà de 150 €) est inchangé, mais plafonné pour les médicaments très onéreux à partir de 1 500 € PFHT, seuil au-delà duquel la marge du pharmacien n’augmente plus.

Prenons le cas d’une petite pharmacie rurale d’1 M€ de CA. Grâce au dynamisme de son titulaire, la pharmacie capte de nouveaux clients mais subit de plein fouet les baisses de prix en 2015. Le tableau de bord reprend l’activité pour l’exercice 2015 versus l’exercice 2014, en distinguant le CA du générique et celui du princeps en fonction des quatre tranches de MDL séparées. Il prend en compte aussi le nombre de boîtes et le prix moyen de la boîte qui s’obtient en divisant le CA de la tranche de MDL par le nombre de boîtes. Dans l’exemple, les variations des volumes et des prix sont analysées annuellement, mais le même type d’analyse peut être mené mensuellement.

Prenons maintenant le cas d’une pharmacie de quartier, réalisant près de 2,5 M€ de CA dont 1,89 M€ en médicaments vignetés. Ce tableau reprend la marge brute par tranches de MDL à partir des statistiques de la gestion commerciale (LGPI, Alliadis, Winpharma…) et intègre l’arrivée des nouveaux honoraires. « On entend par honoraires conventionnels le montant des honoraires de dispensation de 0,80 € par boîte, majoré des honoraires concernant les grands conditionnements », décrit Yannick Piljean. Il apparait clairement qu’en deçà de 0,82 € de PFHT, il n’y a pas de marge perçue par le pharmacien (mais seulement les 0,80 € d’honoraire), et au-delà d’un PFHT de 1 500 €, celui-ci ne dégage plus de marge.

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