La para prend le virage du Net - Pharmacien Manager n° 137 du 18/04/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Pharmacien Manager n° 137 du 18/04/2014
 

L’événement

Auteur(s) : Fabienne Colin

Estimé à 3,8 milliards d’euros en France, le marché de la parapharmacie vit actuellement de profondes mutations. Internet pourrait encore accélérer cette évolution.

La parapharmacie est « un marché plus que jamais stratégique pour le circuit officinal ». Telle est la conviction de la société Les Echos-Etudes, qui vient d’éditer une analyse intitulée « Le circuit français des parapharmacies. Circuit officinal, enseignes de la grande distribution, enseignes spécialisées : quelle évolution des positions concurrentielles à moyen terme ? ». Si les officines détiennent 78 % du marché de la parapharmacie, l’offensive de la grande distribution sur ce secteur oblige les pharmaciens à envisager une évolution notoire de la donne. Et cette nouvelle étude montre que la mutation a déjà commencé.

L’analyse met notamment en évidence les initiatives de la grande distribution,qui, ces dernières années, a multiplié le nombre de points de vente. Aujourd’hui, le circuit des parapharmacies est tiré en partie par les investissements de Leclerc, Monoprix, Carrefour, Auchan, etc. « Ces acteurs conquièrent des parts de marché au détriment des représentants historiques du circuit que sont les pure players comme Parashop. Depuis 2006, l’enseigne affiche une dynamique d’ouverture de magasins bien inférieure à celle pratiquée par la grande distribution. Le phénomène est essentiellement emmené par Leclerc, qui dispose de 194 parapharmacies, en général de gros points de vente », relève Elodie Bervily-Itasse, consultante en charge du secteur santé des Echos Etudes. Michel-Edouard Leclerc a par ailleurs revu le concept de ses parapharmacies. « Il a été médicalisé par des agencements et des couleurs inspirés des codes de l’officine », note Elodie Bervily-Itasse. C’est une façon pour la grande distribution de se mettre en ordre de marche pour anticiper l’éventuelle libéralisation de l’automédication.

De 65 à 150 M€ de CA en ligne

Face à cette concurrence qui se structure, la pharmacie s’organise aussi. Elle développe des marques de distributeur (MDD) qui lui permettent de communiquer davantage sur les prix et la compétence. Dans le même temps, des pratiques comme la carte de fidélité ou des prix barrés sont apparues. Il s’agit aussi de faire « bonne figure » face à l’e-commerce. De fait, sur Internet, le marché de la parapharmacie s’accélère. Aujourd’hui, les pure players de parapharmacie sont au nombre de 280, selon Elodie Bervily, avec souvent l’appui de la grande distribution. C-Discount (groupe Casino) a lancé Comptoir Santé en 2010. Et devinez qui se cache derrière Santessima.com ? Leclerc, qui a racheté fin 2012 la société Eye’at, propriétaire de ce site… Quant aux e-pharmacies, « elles sont encore peu nombreuses mais les produits de parapharmacie s’y vendent bien », indique Elodie Bervily-Itasse. Reste que le chiffre d’affaires de la parapharmacie en ligne est aujourd’hui estimé entre 65 et 150 millions d’euros selon les sources, quand le marché total de la parapharmacie se monte à 3,8 milliards d’euros. « Nous pensons qu’il devrait atteindre 300 millions d’euros d’ici à 2018 », explique Cédric O’Neil, président d’eNova Santé, propriétaire du site 1001pharmacies.com, qui propose aux officines une plate-forme pour les ventes de produits cosmétiques en ligne. Doctissimo a également flairé le potentiel et vient de lancer un service équivalent, DoctiPharma (lire Pharmacien Manager n° 136 page 6).

Redistribution des cartes

Se positionnant en apporteur d’affaires, 1001pharmacies et Doctipharma, qui rassemblaient début avril 2014 respectivement 350 et 5 officines, demandent au pharmacien une cotisation mensuelle et une commission de 12 % sur les ventes. Le premier vise « 15 à 20 % du marché, soit 50 millions d’euros de chiffres d’affaires en para à cinq ans ». Le second mise sur une clientèle de 10 % du parc officinal. Ces nouveaux entrants devraient donc faire progresser le marché de l’e-parapharmacie. Si 1001pharmacies bénéficie de l’avantage du pionnier – il a été lancé à l’automne 2012 –, DoctiPharma by Doctissimo dispose de la force de frappe et de l’expertise du site Doctissimo. Reste à surveiller l’évolution de ces plateformes, dans les starting-blocks pour vendre des médicaments, quitte à créer des sous-domaines (imaginons par exemple une 1001pharmarcies.PharmacieDesRitournelles.com) pour contourner la loi imposant un site unique pour une pharmacie physique. L’attrait des médicaments apporterait ainsi un trafic supplémentaire bénéfique aux ventes de parapharmacie. Avec le système des commissions perçues par ces plates-formes, pour la première fois en France, des commerces autres que des pharmacies tireraient un profit financier de la vente de médicaments à des patients. La porte ouverte à la fin du monopole ?

Regard

La place de l’officine

Ses atouts

→ La communication médicale qui crée l’offre et véhicule l’idée d’un achat de santé.

→ Le monopole, de part la clientèle captée par l’ordonnance.

→ La forte légitimité sur les produits naturels, les compléments alimentaires, la diététique…

→ Le rôle de conseil, moins présent en parapharmacie.

→ Les efforts menés sur les prix ces dernières années.

→ L’élargissement de l’offre MDD, désormais capable de rivaliser avec les marques nationales.

→ Le maillage territorial.

Ses faiblesses

→ La taille des points vente, en moyenne plus petits que les parapharmacies.

→ L’image prix, encore difficile à défendre.

→ L’interdiction de communiquer.

Deux questions à…

Pionnier en la matière, 1001pharmacies propose aux officines d’être leur plate-forme de vente en ligne pour la parapharmacie depuis fin 2012. Pour « Pharmacien Manager », les fondateurs du site révèlent les résultats de leur activité.

« Pharmacien Manager » : 1001pharmacies permet-il aux officines de générer du chiffre d’affaires additionnel ?

Cédric O’Neil : Nous avons actuellement 350 pharmacies partenaires dont 200 assurent de la vente par expédition, les autres proposent seulement du drive. L’officine qui génère le plus d’activité avec nous réalise plus de 1 200 ventes par mois, avec un panier moyen plus élevé en ligne que dans le point de vente. Cette activité lui apporte 60 000 euros de chiffre d’affaires additionnel par mois. A partir de 20 commandes expédiées par mois, l’activité atteint l’équilibre. Au-delà de 10 commandes par jour, un recrutement de personnel est nécessaire.

Votre service ne grignote-t-il pas des ventes aux pharmacies physiques ?

Certains consommateurs achètent désormais tout sur Internet. Ils déportent le marché vers de nouveaux canaux de vente. Au Royaume-Uni et en Allemagne, 10 % du marché de la parapharmacie est parti sur Internet. Les pharmacies sur 1001pharmacies peuvent grignoter des parts de marché à d’autres. Toutefois elles ne cannibalisent par leur propre clientèle. Le marché de la parapharmacie progresse en France de l’ordre de 3-4 % par an. Sur le Net, il progresse plus vite.

Propos recueillis par Fabienne Collin

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