Et la pharmacie respira

Les élèves en cinquième année de l’école de design Strate Collège (Sèvres) n’ont pas peur du défi. Ces jeunes étudiants ont découvert le monde de la pharmacie – et ses contraintes – pour les besoins du concours international Reload my pharmacy. L’Oréal Cosmétique Active a sélectionné cinq officines qu’il fallait repenser de façon à offrir au client une véritable expérience. Dix projets ont vu le jour. Le concept élu premier par le jury a été concocté pour la Grande Pharmacie de Castellane à Marseille (2,7 M€ de chiffre d’affaires annuel). Un challenge ! Il s’agit d’apporter du confort aux clients et de la fluidité à ce point de vente qui comprend cinq étages (dont seul le rez-de-chaussée est fréquenté par la clientèle, et le sous-sol réservéà l’orthopédie). Les souhaits des titulaires ? « Un lieu qui donne envie d’entrer, de découvrir une offre variée (parapharmacie, phytothérapie, suivi desanté… N.D.L.R.) et un service de qualité. » Pas de quoi décontenancer Laura Gilbert, designer en herbe. Dans son projet (respire), les étages se voient relier les uns aux autres par un escalier hélicoïdal autour d’une descente de l’automate ainsi que par ascenseur. Pour « redonner vie » à cette officine aujourd’hui très encombrée et cloisonnée par étages – en forme de triangle de 60 m² chacun –, elle s’est d’abord attaquée à la façade. Audacieuse, la future pro a recouvert les balcons extérieurs de plexiglas et fait courir des lignes de différentes couleurs de bas en haut de l’immeuble. Tel un arbre qui prendrait racine au rez-de-chaussée et dont les branches monteraient jusqu’au sommet. Des branches colorées que l’on retrouve à l’intérieur de l’officine au sol et qui font office de signalétique. Le ton est donné : proposer un parcours aéré.

Modern touch

Bienvenue au rez-de-chaussée, où les classiques linéaires en contreplaqué ou en bois ont été troqués contre des rayonnages tout fins en aluminium. À la fois discrets et esthétiques, ils permettent de mettre les produits en valeur. À chaque gamme ou univers correspond une couleur. L’aluminium aux tons arc-en-ciel a été également utilisé pour exposer les médicaments derrière les comptoirs. Ainsi, le rayon « médication familiale » a été pensé comme une bibliothèque qui monte jusqu’au premier étage grâce à l’ouverture du plafond. Impression d’espace assurée. En contraste de cette modernité, les comptoirs sont voulus vintage. En bois foncé, ils rappellent l’historique de l’officine, créée vers 1900.

Esprit atelier

Au premier étage, l’ambiance valorise l’échange. Place aux salles de confidentialité et aux « ateliers du bien-être ». Avec la ferme volonté de développer des espaces de tests, de diagnostics ou d’entretiens pharmaceutiques. Dans les différentes salles (Peau, Forme et Minceur), Laura Gilbert a imaginé l’aménagement tel un laboratoire avec une paillasse afin de faciliter les démonstrations ou les préparations. L’ambiance est zen : le blanc et le bois clair dominent. Ces espaces d’échanges peuvent aussi se prêter à des « cours » ou des ateliers (en aromathérapie par exemple).

Made in Marseille

Grimpons jusqu’au cinquième étage que Laura Gilbert a voulu exploiter… pour la vue imprenable sur la mer et la cité phocéenne. Et de faire de cette surface surélevée un lieu 100 % Provence et nature. L’espace « Marseille m’inspire » est entièrement voué à la vente de produits locaux : savons, huiles et plantes. Une démarche qui répond à la tendance « locavore » plébiscitée actuellement par les consommateurs. Côté mobilier, les anciens comptoirs en bois ont été réutilisés pour les transformer en « bars » et font office de gondole. La convivialité s’impose d’elle-même et prend tout son sens dans le coin herboristerie (dénommé « place au naturel »). Devant les présentoirs une longue table en bois invite à sentir ou faire ses mélanges…