LES ANTISÉCRÉTOIRES GASTRIQUES - Le Moniteur des Pharmacies n° 3459 du 01/04/2023 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
LE MONITEUR DES PHARMACIES n° 3459 du 01/04/2023
 

Auteur(s) : Par Pierre-Ollivier Bétolaud, pharmacien, en collaboration avec Adeline Boudet, pharmacienne à l’observatoire des médicaments, des dispositifs médicaux et des innovations thérapeutiques (Omedit) du Centre-Val de Loire

Thomas A., 61 ans, a été traité pendant plusieurs semaines par du pantoprazole (Inipomp), 20 mg par jour, à la suite d’une œsophagite sévère par reflux gastroœsophagien. Il demande conseil à son pharmacien : « Cela fait 15 jours que j’ai arrêté mon traitement. Or, depuis deux jours, je ressens de nouveau des acidités gastriques. J’ai essayé de joindre mon médecin mais il est en congé quelques jours. Est-ce normal ? Faut-il que je reprenne mon médicament en attendant son retour ? »

Pauline B., 42 ans, est traitée depuis 8 mois par de l’oméprazole (Mopral), 20 mg par jour, initialement prescrit pour un ulcère duodénal. Depuis quelques jours, elle tremble : « C’est certainement le stress lié à mon nouveau travail. Il me faudrait un médicament efficace pour me détendre. Je souhaite vraiment faire une bonne impression à mon patron et à mes nouveaux collègues. » La pharmacienne, qui connaît bien le traitement au long cours de Mme B., s’interroge.

Soline F., 63 ans, souffre depuis 5 mois de reflux gastroœsophagien associé à une œsophagite. Après une nouvelle réévaluation par son médecin, elle vient renouveler son traitement de lansoprazole (Lanzor) 30 mg 1 fois par jour. A la lecture de l’ordonnance, le pharmacien qui se souvient qu’elle s’est récemment fracturé le poignet s’enquiert : « Votre médecin vous a-t-il déjà parlé d’ostéoporose ? » 

Confiant à la nouvelle pharmacienne adjointe qu’elle a profité de l’arrivée des beaux jours pour jardiner, Anne-Marie V., la soixantaine, vient demander une crème pour apaiser des coups de soleil et un antalgique car elle a mal aux coudes et aux doigts : « La prochaine fois, je serai plus prudente ! », ironise-t-elle. En consultant l’historique de cette patiente qu’elle ne connaît pas encore, la jeune pharmacienne découvre qu’elle est traitée depuis plusieurs semaines avec de l’ésoméprazole.

Stéphane W., 42 ans, est traité pour un RGO par de la cimétidine (1 à 3 comprimés par jour) depuis 10 jours. Il vient aujourd’hui montrer au pharmacien ses derniers résultats d’analyse : « J’ai voulu souscrire à un prêt immobilier et mes analyses montrent que j’ai un taux de transaminases élevé. Est-ce inquiétant ? »

Monique D., 76 ans, est traitée depuis plusieurs mois par du rabéprazole (Pariet). Aujourd’hui, sa fille Laure vient à la pharmacie acheter un antidiarrhéique. Elle rapporte que Mme D. souffre depuis la veille de diarrhées sévères et abondantes (8 selles liquides par jour) associées à des crampes abdominales. Mme D. a également de la fièvre. La pharmacienne, qui connaît bien Mme D., s’alerte.

Noël. P. vient renouveler l’ordonnance de son épouse, Monique, âgée de 80 ans. En plus d’un traitement au long cours par l’association énalapril/hydrochlorothiazide (Co-Renitec) et du citalopram (Seropram), le médecin a ajouté depuis 4 mois de l’ésoméprazole (Inexium) à la suite des reflux gastroœsophagiens invalidants. Visiblement désemparé, M. P. confie au pharmacien que sa femme semble ne plus avoir toute sa tête depuis quelques jours, qu’elle tient des propos incohérents et a notamment du mal à se repérer dans le temps.

Accompagné de sa femme et s’appuyant sur des béquilles, Baptiste E., 38 ans, sortant tout juste des urgences à la suite d’une entorse sévère de la cheville, se rend à sa pharmacie habituelle : « Je ne me suis vraiment pas loupé. Qu’est-ce que j’ai mal ! Selon le médecin, je vais en avoir pour plusieurs semaines avant de me rétablir… » L’ordonnance mentionne du kétoprofène (Profenid), 2 comprimés à 100 mg par jour, ainsi que du lansoprazole (Lanzor), 15 mg 1 fois par jour, pendant 10 jours. La prescription retient l’attention du pharmacien.

Justine, étudiante en 4e année de pharmacie, faisant contrôler sa dispensation par la pharmacienne adjointe, interroge cette dernière : « Un reflux gastroœsophagien vient d’être diagnostiqué à Mme F. Elle a 62 ans. Son traitement est constitué de pantoprazole, 20 mg par jour, pendant 8 semaines. Mais, d’après ce que j’ai vu en cours, cette durée de traitement ne me semble pas adaptée. Qu’en penses-tu ? » La pharmacienne approuve la remarque de Justine et intervient au comptoir.

Sébastien G., 42 ans, est séropositif depuis 8 ans. Après un rebond de sa charge virale le mois dernier, son médecin lui a prescrit un nouveau traitement antirétroviral comprenant de l’atazanavir (Reyataz), du ritonavir (Norvir) et l’association ténofovir disoproxil-emtricitabine (Truvada). Ressentant depuis quelques jours de vives brûlures digestives accompagnées de ballonnements après les repas, il vient demander Mopralpro à la pharmacienne.

Julie C., 52 ans, est en phase de rémission d’une leucémie aiguë lymphoblastique. Sa chimiothérapie d’entretien est constituée de méthotrexate (Novatrex), 40 mg par semaine, et de mercaptopurine (Purinéthol). Elle explique à son pharmacien ressentir de temps en temps une sensation d’acidité à la fin des repas. « Une de mes amies m’a conseillé d’essayer le pantoprazole avec lpraalox. En avez-vous ? »

José T. , 62 ans, est traité par du furosémide, du périndopril et du carvédilol pour une insuffisance cardiaque. Depuis 8 jours, il prend en plus de l’oméprazole et un traitement anti-infectieux (amoxicilline, clarithromycine et métronidazole) pour un ulcère gastrique. Venant aujourd’hui acheter du paracétamol, il explique : « Depuis que je prends mon traitement anti-ulcéreux, j’ai mal à la tête presque tous les jours. Je dois le suivre pendant encore 1 semaine. On avait donné de la cimétidine à ma femme il y a quelques années pour un ulcère et elle n’avait pas ressenti d’effets indésirables. Pourquoi le médecin ne m’en a-t-il pas prescrit ? »

Roger K., 74 ans, est traité pour un diabète de type 2, une insuffisance rénale et une constipation. Il y a quelques jours, il est venu demander un médicament contre des régurgitations acides et la préparatrice lui avait conseillé Nexium Control (ésoméprazole), 1 comprimé le matin. Sa fille arrive paniquée à la pharmacie : « Papa a confondu avec l’un de ses autres traitements. Il a pris l’ésoméprazole matin, midi et soir ! Il s’en est rendu compte car il a déjà fini la boîte de 14 comprimés. »

Madeleine L., 82 ans, est traitée depuis plusieurs mois par ésoméprazole (Inexium), 40 mg 2 fois par jour, pour un syndrome de Zollinger-Ellison. Sa fille, Aude, vient aujourd’hui chercher le renouvellement de son traitement. Ennuyée, elle explique au pharmacien que sa mère est gênée en mangeant : elle tousse ou se racle la gorge au cours des repas et, parfois, elle a vraiment du mal à avaler. « Avec ses difficultés, elle commence même à avoir peur de prendre ses médicaments. Puis-je écraser les comprimés d’ésoméprazole ? »

Isabelle D., 32 ans, est une habituée de l’officine. Elle est traitée depuis 1 mois pour un ulcère gastrique non à Helicobacter pylori et vient chercher son renouvellement de rabéprazole (Pariet), 20 mg par jour. Elle en profite pour demander un test de grossesse : elle confie à la pharmacienne, qu’elle connaît depuis des années, avoir un retard de règles de 2 semaines et qu’une éventuelle grossesse est inattendue : « Ce n’était pas vraiment programmé, mais ce serait une bonne nouvelle ! J’espère que le test sera positif ! », précise-t-elle en souriant.

EFFETS INDÉSIRABLES

L’effet rebond

Analyse du cas 

Le pantoprazole est un inhibiteur de la pompe à protons (IPP). Cet IPP est indiqué dans le traitement d’entretien et la prévention des récidives d’œsophagite par reflux gastroœsophagien (RGO) chez les adultes et les adolescents âgés de 12 ans et plus. En cas de persistance des symptômes et selon les résultats de l’endoscopie digestive haute, une prise en charge au long cours peut être justifiée.

A long terme, les IPP entraînent une augmentation de la densité des cellules pariétales, des cellules entérochromaffines-likes (ECL) et de l’activité des pompes à protons. Ils provoquent également une hypergastrinémie (augmentation de la concentration sanguine de gastrine, hormone stimulant la sécrétion d’acide gastrique) en raison de l’hypochlorhydrie chronique. Bien que le mécanisme physiopathologique ne soit pas encore totalement élucidé, l’ensemble de ces facteurs pourraient donner lieu à un rebond d’acidité gastrique une quinzaine de jours après l’arrêt du traitement, se manifestant par des renvois acides et des brûlures d’estomac et dont la durée dépendrait de l’intensité de la suppression acide. De fréquence rare, ce phénomène pourrait persister jusqu’à 26 semaines. Il peut expliquer l’effet de « dépendance » parfois observé et la difficulté d’arrêt du traitement chez certains patients.

Selon la fiche de bon usage des IPP publiée en 2022 par la Haute Autorité de santé, il convient d’informer le patient du risque de survenue d’un rebond à l’arrêt du traitement. Celui-ci ne justifie pas une nouvelle prescription d’IPP, mais des antiacides ou des alginates peuvent être utilisés en complément des mesures hygiénodiététiques. Certains spécialistes suggèrent toutefois une diminution graduelle d’IPP en cas de traitement supérieur à 2 mois.

Attitude à adopter

Le pharmacien rassure M. A. en lui expliquant qu’une réapparition temporaire de l’acidité est possible à l’arrêt du traitement par IPP. Il lui rappelle les conseils hygiénodiététiques pour limiter l’acidité gastrique et lui propose un antiacide d’action locale (Rennie ou Phosphalugel, par exemple), éventuellement associé à un alginate (Gaviscon), à prendre ponctuellement au moment des troubles mais à distance d’autres traitements.

Si les symptômes persistent, une consultation médicale est nécessaire.

 

À RETENIR

 

Il convient d’informer le patient de la possible survenue d’un effet rebond à l’arrêt d’un traitement par IPP, qui ne justifie pas la reconduction du traitement.

Conseils pour limiter le risque d’acidité gastrique

Conseiller au patient de fractionner les repas pour ne pas surcharger l’estomac, de les prendre à heures fixes et de manger lentement.

Supprimer de l’alimentation les aliments identifiés à risque : alcool, café, épices, boissons gazeuses, chocolat, mets gras, etc.

Encourager l’arrêt du tabac, également reconnu comme facteur de risque.

Eviter toute activité physique trop importante ou de se pencher en avant après un repas. Attendre au moins 3 heures après avoir terminé de manger avant de se coucher. Surélever si possible la tête du lit de 45° afin de faciliter la digestion.

Déconseiller le port de vêtements serrés à la taille pour ne pas comprimer l’abdomen.

Encourager une perte de poids en cas de surcharge pondérale afin de limiter la pression sur l’estomac.

Apprendre à gérer le stress (identifié comme facteur favorisant).

Déconseiller la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en automédication, car les AINS en inhibant la cyclooxygénase de type 1 diminue la synthèse des prostaglandines E1 qui aident à protéger le tube digestif de l’acidité gastrique

Un nouveau travail stressant

Analyse du cas 

Des tremblements survenant dans un condiv de traitement au long cours par IPP peuvent faire suspecter une hypomagnésémie iatrogène. Définie par un taux de magnésium dans le sang inférieur à 0,70 mmol/l, l’hypomagnésémie est parfois asymptomatique au début et se manifeste ensuite par une fatigue, des tremblements, des vertiges et étourdissements voire, dans les formes sévères, par des troubles du rythme cardiaque, des convulsions ou des troubles du comportement.

Des cas d’hypomagnésémie ont été décrits chez des patients traités par IPP depuis au moins 3 mois (et dans la plupart des cas depuis 1 an). Le mécanisme de survenue n’est pas encore totalement identifié. Les IPP diminueraient l’absorption intestinale du magnésium. Les formes sévères d’hypomagnésémie peuvent être associées à des hypocalcémies et des hypokaliémies.

C’est pourquoi la magnésémie doit être surveillée en cas de traitement par IPP au long cours, et ce d’autant plus régulièrement que le patient suit un autre traitement hypomagnésiémiant (comme les diurétiques de l’anse et les thiazidiques, par exemple).

La prise en charge de l’hypomagnésémie repose sur l’arrêt du traitement associé à une supplémentation en magnésium.

Attitude à adopter

 

Suspectant une hypomagnésémie iatrogène, la pharmacienne oriente rapidement Mme B. vers une consultation médicale afin de réévaluer l’intérêt du traitement par IPP, de confirmer le diagnostic d’hypomagnésémie et de définir la conduite à tenir. En attendant la consultation, elle lui propose une supplémentation en magnésium.

 

À RETENIR

 

Un traitement au long cours par IPP peut être à l’origine d’une hypomagnésémie, pouvant justifier l’arrêt de l’IPP et nécessitant une correction par supplémentation en magnésium. 

Un antécédent de fracture

Analyse du cas 

 

Selon plusieurs études, une utilisation prolongée à doses élevées d’un IPP augmente de 10 à 40 % le risque de fractures, en particulier de la hanche, du poignet et des vertèbres, notamment chez les personnes âgées ou atteintes de pathologies chroniques, en raison d’une réduction de l’absorption intestinale du calcium liée à la diminution du pH gastrique.

Attitude à adopter

Compte tenu de l’âge de Mme F. et de son antécédent de fracture, le pharmacien lui préconise d’évoquer le problème avec son médecin traitant, sans attendre la prochaine consultation avec le spécialiste. Celui-ci pourra éventuellement juger opportun de mettre en place un traitement antiostéoporotique.

En attendant, le pharmacien rappelle l’importance de conserver une activité physique et les principales mesures hygiénodiététiques à mettre en place (limiter la consommation d’alcool, sortir régulièrement dehors pour assurer une exposition solaire suffisante, source de vitamine D, et consommer des produits laitiers).

 

ATTENTION !

 

Un traitement au long cours par IPP est un facteur de risque de fractures osseuses. En cas d’ostéoporose, une prise en charge adaptée doit être instaurée.

Mme V. a trop jardiné

Analyse du cas

L’association d’un érythème sur le visage et d’arthralgies chez une patiente traitée au long cours par IPP peut évoquer un lupus. Les principales atteintes lupiques sont cutanéomuqueuses, caractérisées par des lésions érythémateuses localisées le plus souvent sur le visage mais aussi possiblement sur les autres zones découvertes (mains, bras, décolleté) et des arthralgies. Cette pathologie résulte d’un dysfonctionnement du système immunitaire sous l’influence de facteurs génétiques, hormonaux, environnementaux (exposition au soleil notamment) et iatrogènes.

Parmi les médicaments incriminés, on retrouve entre autres les IPP. En effet, l’analyse de la base mondiale de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé (VigiBase) a montré récemment un lien entre la survenue – rare – d’un lupus et la prise d’IPP, en moyenne après 12 semaines de traitement. Des signaux de pharmacovigilance ont été émis pour l’ésoméprazole, le lansoprazole et l’oméprazole.

Attitude à adopter

 

La pharmacienne suggère à Mme V. que son traitement est peut-être lié à l’apparition de ses symptômes et lui enjoint de consulter rapidement un médecin pour évaluer la situation et, si nécessaire, ne pas poursuivre les prises. En cas de lupus d’origine iatrogène, l’arrêt du médicament en cause permet généralement la disparition des symptômes dans un délai de 1 mois.

 

ATTENTION !

 

Des éruptions cutanées, en particulier sur des zones exposées au soleil, associées à une douleur dans les articulations doivent faire évoquer un lupus érythémateux cutané subaigu chez un patient traité par IPP.

« Et mon prêt bancaire ? »

Analyse du cas 

La cimétidine est un antihistaminique H2 qui peut être utilisé en deuxième intention dans le traitement symptomatique du RGO sans gravité pour une durée maximale de 2 semaines. En cas de remontées acides ou de brûlures, il est possible d’administrer 1 comprimé jusqu’à 3 fois par jour.

Les effets indésirables les plus fréquemment recensés sont des céphalées, des sensations vertigineuses, des troubles gastro-intestinaux et des douleurs musculaires. Plus rarement, des atteintes hépatiques et une élévation transitoire des transaminases et de la créatinémie sont également rapportées.

Attitude à adopter

M. W. ne présentant pas de signes cliniques d’hépatotoxicité (anorexie, nausées, urines foncées, selles décolorées), le pharmacien se montre rassurant et lui explique que l’augmentation du taux des enzymes hépatiques est certainement liée à la cimétidine. Dans ce cas, elle est transitoire et réversible à l’arrêt du traitement.

Il préconise à M. W. d’en parler à son médecin lors d’une prochaine consultation. Un contrôle des transaminases, effectué 15 jours après l’arrêt de la cimétidine, s’avérera effectivement normal.

 

À RETENIR

 

La cimétidine peut provoquer une élévation des transaminases, réversible à son arrêt.

 Mme D. souffre de diarrhées sévères

Analyse du cas

Les traitements à court terme par IPP exposent fréquemment les patients à des troubles gastro-intestinaux (constipation, diarrhées, flatulences, nausées et vomissements). Dans la majorité des cas, ces troubles sont bénins et n’imposent pas l’arrêt du traitement.

Cependant, pris au long cours, les IPP sont susceptibles d’altérer la flore microbienne intestinale augmentant le risque de colonisation bactérienne de l’intestin. Cette colonisation peut être à l’origine d’infections potentiellement sévères. Des infections gastro-intestinales, rares mais graves, à Salmonella, Campylobacter et Clostridium difficile ont ainsi été rapportées chez des patients hospitalisés ou des sujets âgés traités par un IPP au long cours. Le développement de ces bactéries est favorisé par la diminution de l’acidité gastrique.

Attitude à adopter

Devant le tableau clinique décrit par Laure, la pharmacienne suspecte une gastroentérite infectieuse. Elle recommande une consultation médicale impérative et urgente. Si Mme D. ne peut être vue dans la journée par un médecin, Laure devra emmener sa mère aux urgences.

La pharmacienne rappelle par ailleurs à Laure les principaux conseils diététiques à suivre en cas de diarrhées et pour compenser les pertes hydroélectrolytiques : privilégier le riz, les carottes cuites, les compotes ou la gelée de coing, les bananes mûres, veiller à boire régulièrement (eau, tisanes, bouillons).

 

ATTENTION !

 

Un traitement prolongé par IPP peut induire une infection gastro-intestinale à Salmonella, Campylobacter et Clostridium difficile potentiellement grave.

« Ma femme perd la tête ! »

Analyse du cas

Une confusion soudaine chez une personne âgée doit faire suspecter une hyponatrémie (natrémie inférieure à 135 mmol/l), qui peut également se traduire par une somnolence, une faiblesse, des nausées et des vomissements, une hypotension artérielle et des troubles neurologiques.

De fait, Monique P. est traitée par trois médicaments susceptibles d’abaisser la natrémie : l’hydrochlorothiazide (diurétique thiazidique), l’énalapril (inhibiteur d’enzyme de conversion) et le citalopram (inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine). Par ailleurs, l’ésoméprazole ajouté depuis 4 mois à ce traitement est également susceptible d’induire une hyponatrémie. Les hyponatrémies liées aux IPP s’observent surtout lors des traitements longs et chez les patients âgés. L’association de ces différents médicaments expose donc à un risque majoré d’hyponatrémie par addition d’effets indésirables de même nature.

Attitude à adopter

 

Le pharmacien suspecte une potentielle hyponatrémie. Il encourage une consultation médicale dans les meilleurs délais pour une évaluation clinique (état d’hydratation, tension artérielle, fréquence cardiaque, évaluation cognitive) et biologique (ionogramme et fonction rénale) et une réévaluation du traitement de la patiente. 

 

À RETENIR

 

Un traitement par IPP au long cours est susceptible d’induire une hyponatrémie, en particulier chez les sujets âgés polymédicamentés. Chez ces patients en particulier, la pertinence des traitements prolongés doit être régulièrement réévaluée.

Une association trop systématique

Analyse du cas

Selon l’autorisation de mise sur le marché (AMM), le lansoprazole est indiqué chez l’adulte dans le traitement préventif de l’ulcère duodénal et de l’ulcère gastrique provoqués par un traitement prolongé par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) uniquement chez les patients à risque.

La population à risque de complications gastroduodénales liées aux AINS est constituée des personnes âgées de plus de 65 ans, des patients présentant un antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal et de ceux par ailleurs traités par antiagrégant plaquettaire et/ou corticoïde et/ou anticoagulant.

Pourtant, selon l’étude observationnelle de 2015 réalisée par le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare sur l’utilisation des IPP en France à partir des données du système national des données de santé (SNDS), les IPP seraient prescrits inutilement dans 80 % des cas chez des patients ne présentant aucun facteur de risque de complications. Par ailleurs, plus de 56 % des traitements d’instauration d’IPP chez les 18-65 ans étaient prescrits en prévention ou en raison de lésions gastroduodénales dues aux AINS avec une durée moyenne de 24,6 jours. Dans 90 % des cas, les traitements par IPP et AINS avaient démarré en même temps (laissant présumer un usage préventif).

Or, un mésusage prolongé des IPP majore le risque de survenue d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses. C’est pourquoi la Haute Autorité de santé (HAS) a rappelé en septembre 2022 (dans la fiche « Bon usage des inhibiteurs de la pompe à protons ») que l’association d’un IPP à un AINS ne devait pas être systématique et a précisé les situations à risque justifiant une coprescription d’AINS et d’IPP.

Attitude à adopter

Le pharmacien connaît bien M. E. et sait qu’il ne présente aucun antécédent d’ulcère et ne prend pas d’autres médicaments. Il appelle le médecin pour discuter de la pertinence de la prescription. En accord avec celui-ci, il explique au patient que le traitement par lansoprazole n’est pas nécessaire d’emblée. Il rédige une fiche d’intervention pharmaceutique qu’il transmet au prescripteur.

Pour limiter les effets indésirables digestifs, le pharmacien conseille à M. E de prendre le kétoprofène au cours d’un repas et d’éviter pendant le traitement l’association avec tout autre AINS comme l’ibuprofène ou l’aspirine.

 

À RETENIR

 

La prescription d’un IPP en prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS ne doit pas être systématique : elle n’est justifiée qu’en présence de facteurs de risque de complications (plus de 65 ans, antécédent d’ulcère, association à un antiagrégant, anticoagulant ou corticoïde).

Utilisation à bon escient des IPP

 

D’après la Haute Autorité de santé (HAS), un quart de la population française a bénéficié d’un traitement par IPP en 2019 et, dans plus de la moitié des cas, son utilisation n’était pas justifiée. Ainsi, la commission de la transparence rappelle qu’ils doivent être mieux et moins prescrits et la HAS expose dans une fiche de bon usage, parue en 2022, les principales indications injustifiées et les règles de bon usage.

Principales indications injustifiées des IPP
 

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Dyspepsie fonctionnelle en l’absence de reflux gastroœsophagien (RGO) associés.

Soulagement des manifestations extradigestives isolées sans RGO documenté (troubles otorhinolaryngologiques, toux chronique, asthme ou douleurs dans la poitrine non cardiaque).

Prévention des lésions gastroduodénales au cours d’un traitement par AINS chez des patients non à risque de complications gastroduodénales.

Prévention des complications digestives au cours d’un traitement par antiagrégants plaquettaires ou anticoagulants chez les patients à faible risque de complication (sans antécédent d’ulcère ou d’hémorragie digestive) et en l’absence de traitement par AINS.

Règles de bon usage
 

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L’utilisation d’un IPP en association avec un AINS est pertinente chez les personnes âgées de 65 ans et plus ; en cas d’antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal après le traitement d’une éventuelle infection à H. pylori, de cotraitement avec un antiagrégant plaquettaire et/ou un anticoagulant et/ou un corticoïde.

Dans le RGO, la durée initiale du traitement est de 4 semaines.

En cas de manifestations extradigestives isolées sans RGO documenté, le recours aux IPP comme traitement d’épreuve ou test thérapeutique n’est pas recommandé.

Une étudiante avisée

Analyse du cas 

Selon la fiche de bon usage des IPP publiée par la Haute Autorité de santé (HAS) en septembre 2022, dans un condiv de reflux gastroœsophagien (RGO), un traitement par IPP ne doit être instauré que chez les patients symptomatiques (brûlures gastriques ascendantes et/ou remontées acides). Les posologies recommandées dans le RGO de l’adulte sont les demi-doses pour l’ésoméprazole, le lansoprazole, le pantoprazole et le rabéprazole, la pleine dose pour l’oméprazole et la durée d’instauration d’un traitement pour RGO ne doit pas excéder 4 semaines.

Au-delà de 4 semaines, tout traitement doit être réévalué périodiquement par le prescripteur. Il sera poursuivi en cas de symptômes persistants ou d’œsophagite sévère à la dose la plus faible possible et la mieux supportée.

Cette recommandation a pour objectif de limiter un mésusage étendu des IPP et des traitements prolongés inutilement qui exposent à des effets indésirables potentiellement graves (notamment à des troubles rénaux, mais aussi infectieux, osseux et métaboliques), ainsi qu’à une majoration du risque d’interactions médicamenteuses.

Attitude à adopter

La pharmacienne contacte le médecin pour discuter avec lui de la durée du traitement. Le prescripteur convient de revoir la patiente le mois suivant. La pharmacienne informe Mme F. qu’en accord avec le médecin elle modifie l’ordonnance et l’ajuste en portant la mention « Prescription pour 1 mois, vu avec le médecin ». Mme F. devra donc retourner voir son médecin dans 1 mois pour faire le point.

La pharmacienne enregistre son intervention dans l’outil de recueil en ligne des interventions pharmaceutiques Act-IP Officine, développé par la Société française de pharmacie clinique (SFPC). Elle rappelle en outre à Mme F. les mesures hygiénodiététiques à suivre (voir pas XX).

 

À RETENIR

 

Le traitement symptomatique initial d’un RGO sans œsophagite par IPP ne doit pas excéder 4 semaines.

Arrêter un traitement : quand et comment déprescrire un IPP dans le RGO de l’adulte ?

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Intéraction : Une mauvaise idée !

Analyse du cas 

La prise d’oméprazole (Mopralpro) augmente le pH gastrique à un pH supérieur ou égal à 3. Cette modification du pH diminue la solubilité de l’atazanavir, son absorption et ses concentrations plasmatiques, majorant le risque d’échec thérapeutique antirétroviral. Selon le résumé des caractéristiques du produit (RCP) de Reyataz, la concentration maximale d’atazanavir est réduite de plus de 60 % en cas d’administration antérieure d’oméprazole 40 mg et de 30 % pour 20 mg. L’intervalle de prise entre ces médicaments ne modifie pas les résultats.

C’est pourquoi, selon le thésaurus de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM), l’association de l’atazanavir avec l’oméprazole est déconseillée. D’après le RCP, elle n’est pas recommandée et, si elle s’avère indispensable, la posologie d’atazanavir doit être adaptée sans dépasser la dose de 20 mg d’oméprazole par jour.

Attitude à adopter

La pharmacienne informe M. G. que l’oméprazole risque de diminuer l’efficacité de l’atazanavir et en profite pour le resensibiliser aux interactions possibles avec son traitement antirétroviral.

Elle lui propose un antiacide local à avaler 1 heure avant ou 2 heures après la prise de son traitement antirétroviral. Si ce médicament s’avérait insuffisant, une consultation serait indispensable. Avec l’accord du patient, elle remonte au médecin de M. G. par messagerie sécurisée les troubles rapportés et les conseils donnés.

 

ATTENTION !

 

L’association de l’atazanavir avec l’oméprazole est déconseillée.

Méthotrexate et pantoprazole

Analyse du cas 

Le méthotrexate est principalement excrété au niveau rénal par filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire. Cette élimination s’effectue majoritairement sous forme inchangée mais également métabolisée en 7-hydroxyméthotrexate (1 à 10 %). Une diminution de la clairance rénale de ce métabolite à la suite de l’association avec le pantoprazole a été observée dans la littérature. Cette interférence augmente les concentrations sériques de ce métabolite, avec un risque accru de toxicité, hématologique notamment.

Selon le thésaurus des interactions médicamenteuses de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l’association du méthotrexate avec un IPP est déconseillée s’il est utilisé à fortes doses (plus de 20 mg/semaine). Elle est classée en interaction à prendre en compte lorsque le méthotrexate est employé à des doses inférieures.

Attitude à adopter

Du fait du traitement cytotoxique de la patiente et de sa posologie d’utilisation, le pharmacien ne délivre pas le médicament demandé par celle-ci. Il rappelle à Mme C. de demander conseil avant toute prise de médicament non prescrit par son médecin car son traitement l’expose à un risque élevé d’effets indésirables.

Il lui prodigue aussi des conseils hygiénodiététiques pour éviter cette acidité de fin de repas et lui recommande d’évoquer ce symptôme lors de la prochaine consultation avec son médecin.

 

ATTENTION !

 

La prise d’IPP est déconseillée en cas de traitement par méthotrexate à des doses supérieure ou égale à 20 mg par semaine.

M. T. a des maux de tête

Analyse du cas 

En l’absence d’antibiogramme, le traitement probabiliste d’éradication d’Helicobacter pylori consiste en une quadrithérapie IPP + amoxicilline + clarithromycine + métronidazole pendant 14 jours. Il y a quelques années, la cimétidine (anti-H2), était utilisée en seconde intention, à la place d’un IPP, dans le traitement de l’ulcère gastrique, à la posologie usuelle de 800 mg/jour. Mais depuis 2020, la cimétidine n’a plus d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de l’ulcère en raison d’alternatives médicamenteuses plus efficaces et d’un service médical rendu faible pour cette indication.

Par ailleurs, dans le cas de M. T., cet antisécrétoire gastrique n’est pas du tout adapté. En effet, aux doses supérieures ou égales à 800 mg/jour, la cimétidine est inhibitrice de cytochrome P450. De ce fait, son association avec le carvédilol est contre-indiquée car elle expose à un risque d’augmentation des concentrations du β-bloquant et de bradycardie excessive préjudiciable chez l’insuffisant cardiaque. 

Attitude à adopter

Les céphalées sont des effets indésirables fréquents de l’oméprazole (1 à 10 % des patients). Mais le pharmacien rassure avant tout M. T. :  souvent bénignes, elles nécessitent rarement l’arrêt du traitement. Il lui explique que la cimétidine lui est formellement contre-indiquée en raison de son traitement pour le cœur.

Il délivre le paracétamol, en rappelant à M. T. que l’ibuprofène est à éviter en automédication chez l’insuffisant cardiaque.

 

ATTENTION ! 

 

La cimétidine est un inhibiteur du cytochrome P450. Pour cette raison, elle est contre-indiquée, à une dose supérieure ou égale à 800 mg, en association avec le carvédilol.

Surdosage : « Est-ce que c’est grave ?  »

Analyse du cas 

La posologie usuelle des spécialités IPP disponibles sans ordonnance dans le traitement des symptômes du reflux gastroœsophagien (RGO) chez l’adulte est de 1 comprimé à 20 mg/j avec une durée maximale limitée à 14 jours, au terme desquels la persistance des symptômes doit faire orienter vers une consultation médicale. 

Comme les autres IPP, l’ésoméprazole est éliminé majoritairement par voie rénale. Cependant, aucune adaptation posologique n’est nécessaire chez le sujet âgé ou insuffisant rénal. La demi-vie est d’environ 1,3 heure.

Les cas de surdosage sont exceptionnels, transitoires et bénins. La consultation de la monographie révèle que les seuls symptômes recensés lors d’une prise de 280 mg d’ésoméprazole ont été des troubles digestifs et de la fatigue.

Attitude à adopter

 

La pharmacienne rassure la fille de M. K. et lui explique que dans certaines indications l’ésoméprazole peut être utilisé jusqu’à 80 mg/j deux fois par jour. En cas de symptômes liés à un surdosage, ceux-ci régressent en quelques jours, mais une prise en charge symptomatique peut-être instaurée. La pharmacienne préconise de prendre contact avec le médecin de M. K. lors d’apparition de troubles digestifs importants. 

 

À RETENIR

 

Aucun effet grave n’a été rapporté à la suite d’un surdosage en IPP. Une surveillance clinique et un traitement symptomatique doivent être instaurés si besoin. 

OBSERVANCE : Mme L. souffre de troubles de la déglutition

Analyse du cas 

Le syndrome de Zollinger-Ellison est une maladie rare caractérisée par de multiples ulcères digestifs récidivants associés ou non à une œsophagite. Ces lésions sont induites par une hypersécrétion d’acide gastrique liée à une tumeur du duodénum et du pancréas (gastrinome). Un contrôle permanent de cette hypersécrétion doit être assuré par un traitement antiulcéreux au long cours. Dans cette indication, la posologie usuelle d’ésoméprazole est de 40 mg 2 fois par jour.

Selon les éléments rapportés par Aude, sa mère souffre probablement de troubles de la déglutition. Ceux-ci constituent une entrave à la bonne observance des traitements dans la population gériatrique ainsi qu’un facteur de risque d’échec thérapeutique. Or, une insuffisance de traitement dans un condiv de syndrome de Zollinger-Ellison expose au risque de complications graves à type d’hémorragies ou de perforations digestives. Il faut donc s’assurer de la bonne administration du traitement.

Les comprimés formés de granules gastrorésistants d’ésoméprazole ne doivent en aucun être écrasés ou mâchés pour en faciliter la prise. Les granules du comprimé, une fois détériorés, seraient en effet inactivés par l’acidité gastrique. Chez les patients ayant des difficultés à avaler, les comprimés d’ésoméprazole peuvent toutefois être dispersés dans un demi-verre d’eau non gazeuse (les granules ne doivent ensuite pas être machés). Chez ceux en incapacité d’avaler, la solution obtenue peut être administrée par sonde gastrique.

Attitude à adopter

Le pharmacien rappelle à Aude l’importance que sa mère suive son traitement antisécrétoire gastrique pour éviter des complications digestives et conseille de disperser les comprimés dans de l’eau non gazeuse. Le mélange doit être bu dans les 30 minutes après le délitement.

Le pharmacien recommande d’emmener rapidement Mme L. consulter un médecin pour évaluer ses troubles, éventuellement réévaluer la galénique (remplacement par les granulés pour suspension buvable) et mettre en œuvre si nécessaire une rééducation orthophonique.

Il donne également des conseils pour prévenir les fausses-routes : veiller à ce que Mme L. prenne ses repas dans le calme et soit bien installée avec la tête légèrement penchée vers l’avant (de façon que l’épiglotte obture la trachée), utiliser des verres bien évasés pour favoriser l’antéflexion de la tête.

 

À RETENIR

 

Les comprimés d’ésoméprazole composés de granules gastrorésistants ne doivent jamais être écrasés. Les granules peuvent être dispersés dans un verre d’eau pour en faciliter la prise.

Modalités d’administration des IPP en cas de troubles de la déglutition

 

Les IPP sont des molécules rapidement dégradées en milieu acide. C’est pourquoi ils sont utilisés sous forme gastrorésistante et les comprimés ou les granulés ne doivent jamais être écrasés ni croqués en raison du risque d’inefficacité. Si les comprimés de pantoprazole ou de rabéprazole ne peuvent être avalés que tels quels avec un verre d’eau, certaines autres molécules et présentations peuvent constituer une solution alternative chez les patients présentant des difficultés à avaler les comprimés.

 

- Esoméprazole (gélules gastrorésistantes, comprimés gastrorésistants, granulés gastrorésistants pour suspension buvable en sachet) : les comprimés ou les granulés des gélules (après ouverture) ou du sachet peuvent être dispersés dans de l’eau non gazeuse. Aucun autre liquide ne doit être utilisé car l’enrobage entérique peut être dissout. La solution doit être bue au plus tard dans les 30 minutes.

 

- Oméprazole (gélules gastrorésistantes, comprimés gastrorésistants) : les comprimés ou les granulés des gélules (après ouverture) peuvent être dispersés dans un demi-verre d’eau non gazeuse ou mélangés avec un aliment légèrement acide comme un jus de fruit ou une compote de pomme. L’administration doit avoir lieu au plus tard dans les 30 minutes après le mélange.

 

- Lansoprazole (gélules gastrorésistantes, comprimés orodispersibles) : les gélules peuvent être ouvertes et les microgranules mélangées à une petite quantité d’eau, de jus de pomme ou de tomate, ou saupoudrées dans une petite quantité de nourriture non solide (exemple : yaourt, compote de pomme) pour faciliter l’administration. Celle-ci doit être immédiate après la préparation du mélange. Les comprimés de lansoprazole peuvent être placés sur la langue puis sucés ou être délités dans une petite quantité d’eau.

Profil particulier : Une bonne nouvelle !

Analyse du cas

Il est préférable de différer le traitement d’un ulcère gastrique découvert chez une femme enceinte. En outre, la découverte d’une grossesse chez une femme traitée pour un ulcère gastrique impose une réévaluation du traitement.

En effet, d’après la monographie du rabéprazole, cet IPP est contre-indiqué au cours de la grossesse, du fait d’un manque de données cliniques chez la femme enceinte. Un passage fœtoplacentaire (faible) a été mis en évidence chez le rat, sans preuve de risque pour le fœtus. Selon le Centre de référence des agents tératogènes (le Crat), les données concernant le rabéprazole sont rassurantes mais peu nombreuses, c’est pourquoi les autres IPP doivent être préférés chez la femme enceinte. L’ésoméprazole, le lansoprazole et le pantoprazole peuvent être maintenus dans la perspective d’une grossesse et leur utilisation reste possible quel que soit le terme de la grossesse.

Concernant les antihistaminiques H2, la famotidine est à privilégier par rapport à la cimétidine : une fœtotoxicité à type d’effet antiandrogène a été mise en évidence lors d’utilisation prolongée de cimétidine chez l’animal, mais non observée cependant chez les garçons nés de mères traitées. 

Les antiacides et les alginates produisent un effet symptomatique rapide mais ne permettent pas la cicatrisation de la muqueuse en cas d’acidité. Le choix du médicament chez une femme enceinte doit tenir compte des effets indésirables du médicament sur le transit (un sel de magnésium sera préféré à un sel d’aluminium en cas de constipation liée à la grossesse). 

Attitude à adopter

 

La pharmacienne informe Mme D que, par prudence, le rabéprazole ne doit pas être pris pendant la grossesse. Si le test est positif, il faudra impérativement qu’elle consulte son médecin pour qu’il réévalue son traitement. Cependant, la pharmacienne prend soin de bien rassurer la jeune femme, puisque les données disponibles n’ont pas mis en évidence d’effet malformatif.

 

À RETENIR

 

En prévision ou en cas de grossesse, un traitement par rabéprazole est contre-indiqué par manque de données suffisantes. Le recours à un autre inhibiteur de la pompe à protons doit être envisagé.

Utilisation des IPP en pédiatrie

 

Molécules autorisées : seules certaines présentations listées d’oméprazole et d’ésoméprazole présentent dans leurs libellés d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des indications pédiatriques. Le pantoprazole, le lansoprazole et le rabéprazole ne sont pas recommandés chez l’enfant, faute de données suffisantes. Aucun IPP n’a d’AMM chez le nourrisson de moins de 1 an et de moins de 10 kg. Néanmoins, en juillet 2022, le Nexocet (oméprazole 2 mg/ml, poudre pour suspension buvable) a reçu un avis favorable de remboursement de la Haute Autorité de santé (HAS) en cas de reflux gastroœsophagiens (RGO) pathologiques chez les enfants de 1 mois à 1 an, mais n’est pas encore commercialisé.

 

Indications : selon la HAS, chez les nourrissons et les jeunes enfants, les IPP sont rarement justifiés et ils ne sont pas utiles en cas de régurgitation non compliquée. Ils doivent être réservés au RGO persistant et gênant ou compliqué, avec œsophagite notamment (aux doses de 10 à 20 mg/j chez les enfants de 10 à 20 kg, et de 20 à 40 mg/j à partir de 20 kg pour l’oméprazole, et aux doses de 10 mg/j de 10 à 20 kg et 10 à 20 mg/j au-delà de 20 kg pour l’ésoméprazole).

 

Ils sont également préconisés chez l’enfant de plus de 4 ans dans les ulcères à Helicobacter pylori, à fortes doses. Les recommandations émises dans les autorisations de mise sur le marché (10 à 20 mg par prise en fonction du poids de l’enfant, 2 fois par jour et en association avec une biantibiothérapie pendant 7 à 14 jours) diffèrent des recommandations en vigueur depuis 2016 de l’European Society for Paediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition (Espghan) et de la North American Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition (Naspghan), soit 20 à 40 mg par prise en fonction du poids de l’enfant, 2 fois par jour et en association avec une biantibiothérapie pendant 14 jours.

L’estomac assure le début de la digestion des aliments, notamment par la sécrétion d’acide chlorhydrique, et le passage du bol alimentaire vers l’intestin. Le pH gastrique varie habituellement entre 1 et 3. 

L’alimentation influe sur la sécrétion acide de l’estomac. Par voie vagale, elle stimule les cellules G de l’antre pylorique et la sécrétion de gastrine, hormone polypeptidique qui active à son tour la production d’histamine par les cellules entérochromaffines du corps de l’estomac.

L’histamine se fixe ensuite sur les récepteurs de type 2 à l’histamine (H2) situés sur le pôle vasculaire des cellules pariétales. La fixation de l’histamine sur ses récepteurs H2 provoque une production d’adénosine monophosphate cyclique (AMPc) à l’intérieur des cellules pariétales, puis la stimulation de l’échangeur H+/K+ ATPase (appelé également « pompe à protons »), situé sur le pôle apical des cellules pariétales. Des ions H+ sont libérés dans la lumière gastrique en échange d’ions K+ qui entrent dans les cellules pariétales.

Les ions K+ accompagnés d’ions Cl- retraversent la membrane gastrique via un cotransporteur chlore-potassium. Dans la lumière gastrique, les ions H+ et Cl- se combinent pour former de l’acide chlorhydrique (environ 1 à 1,5 litre par jour).

Les antisécrétoires gastriques agissent en inhibant la sécrétion d’acide chlorhydrique par les cellules pariétales. Ce sont des médicaments utilisés pour diminuer l’hypersécrétion d’acide gastrique ou protéger la muqueuse gastroduodénale. Ils sont indiqués dans la prise en charge ou la prévention des ulcères gastroduodénaux ainsi que dans le traitement du reflux gastroœsophagien (RGO) compliqué ou non d’œsophagite.

En fonction de leur mode d’action, on distingue deux types d’antisécrétoires gastriques : les inhibiteurs de la pompe à protons et les antihistaminiques H2 (ou anti-H2).

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Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)

Identifiés par leur dénomination commune internationale (DCI) se terminant par le suffixe « -prazole », les IPP sont des dérivés imidazolés qui ont une action antisécrétoire gastrique importante.

Ils n’agissent pas au contact direct de la muqueuse gastrique. Ils sont d’abord absorbés au niveau intestinal puis distribués et secrétés au niveau des cellules gastriques, où ils sont transformés en molécules actives.

Leur efficacité s’installe progressivement et est dose-dépendante (l’augmentation du ph gastrique qu’ils induisent améliore leur biodispinibilité) : l’effet maximal est obtenu après 3 à 5 jours de traitement. Cet effet persiste même en cas de traitement au long cours.

Leur efficacité est supérieure à celle des anti-H2.

Leur mode d’action irréversible explique en effet que leur action antisécrétoire soit puissante et maintenue dans le temps : seul le renouvellement physiologique des pompes à protons environ 18 heures plus tard explique la perte d’efficacité en cas d’interruption de la prise médicamenteuse.

Selon les spécialités, les IPP sont indiqués chez l’adulte et l’enfant à partir de 1 an par voie orale ou injectable : 

- dans la prise en charge ou la prévention des ulcères gastroduodénaux avec ou sans infection à Helicobacter pylori ; la prévention et traitement des lésions digestives hautes induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ; le traitement du syndrome de Zollinger-Ellison et en prévention des hémorragies digestives hautes d’origine ulcéreuses après endoscopie thérapeutique (uniquement ésoméprazole injectable pour cette dernière indication) ;

- dans la prise en charge du RGO compliqué ou non d’œsophagite.

 
 
 
 
 

Les anti-H2

Identifiés par leur DCI se terminant par le suffixe « -tidine », les antagonistes des récepteurs de type 2 à l’histamine ont une action antisécrétoire gastrique rapide (moins de 1 heure) mais d’intensité modérée et de courte durée (environ 6 heures).

Du fait de leur effet modéré et bref, leur place dans la stratégie thérapeutique de l’ulcère ou du RGO est restreinte, mais les anti-H2 restent intéressants en cas d’intolérance ou de contre-indications aux IPP.

 
 
 
 
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Un traitement par inhibiteur de la pompe à protons (IPP) ne doit être instauré que dans les formes symptomatiques de reflux gastroœsophagien (RGO). La durée de prescription initiale ne doit pas être supérieure à 4 semaines. En cas de renouvellement, il convient de réévaluer la pertinence du traitement.

L’éradication d’Helicobacter pylori fait appel à un traitement par IPP associé à une combinaison de plusieurs anti-infectieux. La durée de traitement (de 10 à 14 jours) et le protocole anti-infectieux varient selon qu’un antibiogramme ait été ou non réalisé et en fonction des résultats de celui-ci.  

Un traitement préventif par IPP des lésions gastroduodénales liées aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) n’est justifié que chez les patients soit âgés de plus de 65 ans, soit présentant un antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal, soit traités par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde.

Un effet rebond temporaire peut survenir une quinzaine de jours après l’arrêt du traitement par un IPP. Ce phénomène de sevrage ne nécessite pas de nouvelle prescription. En complément du rappel des règles hygiénodiététiques adaptées, un traitement symptomatique ponctuel, par antiacide, pourra être proposé.

En pédiatrie, les IPP sont préconisés dans les ulcères duodénaux à Helicobacter pylori et uniquement dans les formes compliquées de RGO (avec œsophagite notamment).

Les antihistaminiques H2 (anti-H2), du fait d’une action moins intense et s’épuisant avec le temps, ne doivent être utilisés qu’en seconde intention.

En augmentant le pH gastrique, les antisécrétoires gastriques réduisent l’absorption pH-dépendante de nombreux médicaments. L’association des IPP à la rilpivirine est notamment contre-indiquée, celle à l’atazanavir ou au velpatasvir, déconseillée.

Les IPP diminuent en outre l’élimination rénale du méthotrexate et majorent ainsi son risque de toxicité gastro-intestinale et hématologique. L’association IPP/méthotrexate est déconseillée pour des doses de méthotrexate supérieures ou égale à 20 mg par semaine.

La cimétidine à fortes doses est inhibitrice enzymatique : elle diminue le métabolisme des médicaments associés et augmente leur toxicité. L’association cimétidine (à une dose supérieure ou égale à 800 mg par jour)/carvédilol est, de ce fait, contre-indiquée.

Avec les IPP

S’ils sont globalement bien tolérés à court terme, la prise prolongée d’IPP majore en revanche le risque de survenue d’effets indésirables, tels que :

 
 
 
 
 
 

Avec les anti-H2

 
 
 
 

PHARMACOLOGIE

  • L’estomac assure le début de la digestion des aliments, notamment par la sécrétion d’acide chlorhydrique, et le passage du bol alimentaire vers l’intestin. Le pH gastrique varie habituellement entre 1 et 3. 

  • L’alimentation influe sur la sécrétion acide de l’estomac. Par voie vagale, elle stimule les cellules G de l’antre pylorique et la sécrétion de gastrine, hormone polypeptidique qui active à son tour la production d’histamine par les cellules entérochromaffines du corps de l’estomac.

  • L’histamine se fixe ensuite sur les récepteurs de type 2 à l’histamine (H2) situés sur le pôle vasculaire des cellules pariétales. La fixation de l’histamine sur ses récepteurs H2 provoque une production d’adénosine monophosphate cyclique (AMPc) à l’intérieur des cellules pariétales, puis la stimulation de l’échangeur H+/K+ ATPase (appelé également « pompe à protons »), situé sur le pôle apical des cellules pariétales. Des ions H+ sont libérés dans la lumière gastrique en échange d’ions K+ qui entrent dans les cellules pariétales.

  • Les ions K+ accompagnés d’ions Cl- retraversent la membrane gastrique via un cotransporteur chlore-potassium. Dans la lumière gastrique, les ions H+ et Cl- se combinent pour former de l’acide chlorhydrique (environ 1 à 1,5 litre par jour).

  • Les antisécrétoires gastriques agissent en inhibant la sécrétion d’acide chlorhydrique par les cellules pariétales. Ce sont des médicaments utilisés pour diminuer l’hypersécrétion d’acide gastrique ou protéger la muqueuse gastroduodénale. Ils sont indiqués dans la prise en charge ou la prévention des ulcères gastroduodénaux ainsi que dans le traitement du reflux gastroœsophagien (RGO) compliqué ou non d’œsophagite.

  • En fonction de leur mode d’action, on distingue deux types d’antisécrétoires gastriques : les inhibiteurs de la pompe à protons et les antihistaminiques H2 (ou anti-H2).

  • antisecretoire1.jpg

  • Identifiés par leur dénomination commune internationale (DCI) se terminant par le suffixe « -prazole », les IPP sont des dérivés imidazolés qui ont une action antisécrétoire gastrique importante.

  • Ils n’agissent pas au contact direct de la muqueuse gastrique. Ils sont d’abord absorbés au niveau intestinal puis distribués et secrétés au niveau des cellules gastriques, où ils sont transformés en molécules actives.

  • Leur efficacité s’installe progressivement et est dose-dépendante (l’augmentation du ph gastrique qu’ils induisent améliore leur biodispinibilité) : l’effet maximal est obtenu après 3 à 5 jours de traitement. Cet effet persiste même en cas de traitement au long cours.

  • Leur efficacité est supérieure à celle des anti-H2.

  • Leur mode d’action irréversible explique en effet que leur action antisécrétoire soit puissante et maintenue dans le temps : seul le renouvellement physiologique des pompes à protons environ 18 heures plus tard explique la perte d’efficacité en cas d’interruption de la prise médicamenteuse.

  • Selon les spécialités, les IPP sont indiqués chez l’adulte et l’enfant à partir de 1 an par voie orale ou injectable : 

  • - dans la prise en charge ou la prévention des ulcères gastroduodénaux avec ou sans infection à Helicobacter pylori ; la prévention et traitement des lésions digestives hautes induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ; le traitement du syndrome de Zollinger-Ellison et en prévention des hémorragies digestives hautes d’origine ulcéreuses après endoscopie thérapeutique (uniquement ésoméprazole injectable pour cette dernière indication) ;

  • - dans la prise en charge du RGO compliqué ou non d’œsophagite.

  • Effets indésirables : à court terme, les effets indésirables des IPP sont bénins et principalement constitués de céphalées et de troubles digestifs (douleurs abdominales, flatulence, constipation, diarrhées, nausées et vomissements), ne conduisant que rarement à l’arrêt du traitement.

    En revanche, au long cours, des effets indésirables graves ont été rapportés : réactions indésirables cutanées sévères, hyponatrémie, hypomagnésémie, carence en vitamine B12, colites, fractures osseuses (la diminution de l’acidité gastrique réduit l’absorption intestinale du calcium), néphrites interstitielles immunoallergiques, colites et risque d’infections, notamment digestives par Salmonella, Campylobacter et Clostridium difficile (la baisse de l’acidité gastrique favorise la colonisation bactérienne), mais aussi un surrisque de pneumopathie.  

    Contre-indications : hypersensibilité aux dérivés benzimidazolés (les antihelminthiques flubendazole et triclabendazole, par exemple), grossesse pour le rabéprazole (du fait d’une insuffisance de données chez la femme enceinte).

    Interaction médicamenteuse : les IPP sont susceptibles d’interagir avec un grand nombre de molécules dont l’absorption est pH-dépendante (et dont les concentrations plasmatiques peuvent, de ce fait, être diminuées). Ils sont notamment contre-indiqués avec la rilpivirine, déconseillés avec l’association velpatasvir/sofosbuvir, l’atazanavir, le posaconazole (médicament hospitalier). De même l’association avec les inhibiteurs de tyrosine kinase (sauf l’imatinib, le vandétanib) doit prendre en compte le risque de diminution d’efficacité de ces anticancéreux.

    Par ailleurs, les IPP sont également susceptibles de diminuer l’élimination du méthotrexate et de majorer sa toxicité. Ils sont déconseillés avec le méthotrexate à fortes doses (plus de 20 mg  par semaine).

  • Identifiés par leur DCI se terminant par le suffixe « -tidine », les antagonistes des récepteurs de type 2 à l’histamine ont une action antisécrétoire gastrique rapide (moins de 1 heure) mais d’intensité modérée et de courte durée (environ 6 heures).

  • Du fait de leur effet modéré et bref, leur place dans la stratégie thérapeutique de l’ulcère ou du RGO est restreinte, mais les anti-H2 restent intéressants en cas d’intolérance ou de contre-indications aux IPP.

  • Effets indésirables : les effets indésirables les plus fréquents sont des céphalées, des sensations vertigineuses, des troubles gastro-intestinaux et des myalgies. Plus rarement, des atteintes hépatiques et une élévation transitoire des transaminases et de la créatinémie sont possibles.

    Un effet antiandrogénique, des cas d’impuissance, de gynécomastie et de galactorrhée ont été rapportés avec la cimétidine (réversibles à l’arrêt du traitement), ainsi qu’une thrombopénie, une leucopénie et une confusion mentale chez les sujets âgés et en cas d’insuffisance rénale sévère.

    Contre-indications : l’utilisation de la famotidine n’est pas recommandée chez l’enfant car les données concernant la tolérance et l’efficacité sont insuffisantes. Il est préférable de ne pas utiliser la cimétidine au cours de la grossesse compte tenu de son effet antiandrogénique. Pour la même raison et du fait d’un passage important de la molécule dans le lait maternel, la cimétidine doit être évitée pendant l’allaitement.

    Interaction médicamenteuse : comme les IPP, les anti-H2 sont susceptibles de diminuer l’absorption pH-dépendante de nombreux médicaments. Leur association à la forme buvable de posaconazole (à l’hôpital) est ainsi déconseillée. La cimétidine à fortes doses (supérieures ou égales à 800 mg/j) est inhibitrice enzymatique. Son association est contre-indiquée avec le carvédilol et déconseillée avec la phénytoïne, la carmustine ou la lomustine (médicaments hospitaliers) en raison du risque de majoration de leur toxicité par inhibition de leur métabolisme.

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    Antisécrétoires gastriques disponibles en spécialités conseils

    Molécules. Trois IPP sont disponibles sans ordonnance : l’ésoméprazole, l’oméprazole, le pantoprazole. Cependant, ils ne figurent pas sur la liste des médicaments de médication officinale de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) et ne sont pas autorisés à être présentés en accès direct aux patients.

    Indications. Ils sont indiqués chez l’adulte, sur une courte période, en cas de symptômes fréquents et récurrents du reflux gastroœsophagien et en l’absence de facteurs de risques (âge, autres traitements en cours, douleurs ou signes atypiques, etc.).

    Posologie et durée de traitement. Ils se présentent dans des conditionnements de 7 ou 14 comprimés ou gélules gastrorésistants de 20 mg. La posologie usuelle est d’une prise à la même heure chaque jour avant un repas. Une amélioration est normalement obtenue 2 ou 3 jours après le début du traitement. Celui-ci est arrêté à la disparition complète des symptômes, généralement en 7 jours. En cas de troubles persistants au-delà de 14 jours, le patient doit consulter son médecin.

    Signes d’alerte. Certains signes doivent faire orienter le patient vers une consultation médicale, qui ne doit pas être court-circuitée ou retardée par la délivrance d’une spécialité conseil : difficulté pour avaler, perte de poids inexpliquée, vomissements répétés, présence de sang dans les vomissures ou les selles. De même, il faut orienter les personnes de plus de 50 ans vers un médecin en vue d’une fibroscopie comme le recommande la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE) à partir de cet âge, même sans signe de gravité (absence de corrélation entre la sévérité des symptômes et la gravité des lésions), pour écarter une forme compliquée d’œsophagite ou un adénocarcinome.

    Les antisécrétoires gastriques

  • Un traitement par inhibiteur de la pompe à protons (IPP) ne doit être instauré que dans les formes symptomatiques de reflux gastroœsophagien (RGO). La durée de prescription initiale ne doit pas être supérieure à 4 semaines. En cas de renouvellement, il convient de réévaluer la pertinence du traitement.

  • L’éradication d’Helicobacter pylori fait appel à un traitement par IPP associé à une combinaison de plusieurs anti-infectieux. La durée de traitement (de 10 à 14 jours) et le protocole anti-infectieux varient selon qu’un antibiogramme ait été ou non réalisé et en fonction des résultats de celui-ci.  

  • Un traitement préventif par IPP des lésions gastroduodénales liées aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) n’est justifié que chez les patients soit âgés de plus de 65 ans, soit présentant un antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal, soit traités par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde.

  • Un effet rebond temporaire peut survenir une quinzaine de jours après l’arrêt du traitement par un IPP. Ce phénomène de sevrage ne nécessite pas de nouvelle prescription. En complément du rappel des règles hygiénodiététiques adaptées, un traitement symptomatique ponctuel, par antiacide, pourra être proposé.

  • En pédiatrie, les IPP sont préconisés dans les ulcères duodénaux à Helicobacter pylori et uniquement dans les formes compliquées de RGO (avec œsophagite notamment).

  • Les antihistaminiques H2 (anti-H2), du fait d’une action moins intense et s’épuisant avec le temps, ne doivent être utilisés qu’en seconde intention.

  • En augmentant le pH gastrique, les antisécrétoires gastriques réduisent l’absorption pH-dépendante de nombreux médicaments. L’association des IPP à la rilpivirine est notamment contre-indiquée, celle à l’atazanavir ou au velpatasvir, déconseillée.

  • Les IPP diminuent en outre l’élimination rénale du méthotrexate et majorent ainsi son risque de toxicité gastro-intestinale et hématologique. L’association IPP/méthotrexate est déconseillée pour des doses de méthotrexate supérieures ou égale à 20 mg par semaine.

  • La cimétidine à fortes doses est inhibitrice enzymatique : elle diminue le métabolisme des médicaments associés et augmente leur toxicité. L’association cimétidine (à une dose supérieure ou égale à 800 mg par jour)/carvédilol est, de ce fait, contre-indiquée.

  • S’ils sont globalement bien tolérés à court terme, la prise prolongée d’IPP majore en revanche le risque de survenue d’effets indésirables, tels que :

  • - hyponatrémie : en cas de survenue de signes cliniques évocateurs (fatigue, confusion, hypotension, etc.), un ionogramme sanguin est impératif. Sur avis médical, la posologie de l’IPP sera adaptée ou le traitement arrêté.

    - hypomagnésémie : la survenue de tremblements doit faire orienter le patient vers une consultation médicale en vue d’une supplémentation en magnésium associée à un arrêt de l’IPP.

    - augmentation du risque de fractures osseuses : en cas d’ostéoporose, une prise en charge adaptée doit être instaurée.

    - lupus érythémateux cutané : l’apparition d’éruptions cutanées, en particulier sur des zones exposées au soleil, associée à une douleur dans les articulations, doit faire orienter le patient vers son médecin.

    - infections gastro-intestinales : toute diarrhée accompagnée de fièvre, de vomissements et d’une douleur abdominale doit faire suspecter une colonisation bactérienne liée à la diminution de l’acidité gastrique et impose un avis médical urgent.

    - atteintes rénales : la prise au long cours d’IPP étant associée à un surrisque de néphrites interstitielles et d’insuffisance rénale chronique, il est important de s’assurer de la réévaluation régulière de la pertinence du traitement, en particulier chez les sujets âgés.

    Les anti-H2 peuvent principalement provoquer des troubles digestifs et des douleurs musculaires. Une élévation transitoire des transaminases (réversible à l’arrêt du traitement) est possible. Plus spécifiquement, la cimétidine est associée à des cas de gynécomastie, d’hyperprolactinémie et d’impuissance, réversibles à son arrêt.

    • Sources : liste des médicaments écrasables de l’observation des médicaments, des dispositifs médicaux et des innovations thérapeutiques (Omedit) Normandie ; base de données publique sur les médicaments.

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