Médicaments matures : la baisse des prix gèle les discussions - Le Moniteur des Pharmacies n° 3451 du 04/02/2023 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3451 du 04/02/2023
 
GÉNÉRIQUES

TEMPS FORTS

FOCUS

Auteur(s) : François Pouzaud*, Anne-Hélène Collin**

Les fabricants de médicaments génériques et les syndicats de pharmaciens ont boycotté, jeudi 26 janvier, le Comité de suivi des génériques pour protester contre le souhait annoncé par le Comité économique des produits de santé (CEPS) de baisser les prix de sept molécules.

C’est une première en 25 ans d’histoire du médicament générique : jeudi 26 janvier, les syndicats pharmaceutiques, le Leem (Les Entreprises du médicament) et l’association des génériqueurs Générique même médicament (Gemme) n’ont pas siégé au Comité de suivi des génériques, organisé par le Comité économique des produits de santé (CEPS) au ministère. En cause : la politique de baisse de prix sur les médicaments matures.

« Nous sommes arrivés à l’os, alerte de façon imagée Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le médicament est la seule variable d’ajustement pour contenir les dépenses de santé. » Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), est dans le même état de révolte : « Il faut trouver d’autres voies que les baisses de prix des médicaments matures pour financer l’innovation, et sans que ce soit au prix de ruptures sur les médicaments de première intention. »

Stratégie coupable

« Nous ne pouvons plus prendre les vagues des baisses de prix sans broncher, il faut désigner les coupables [le CEPS, NdlR] et expliquer à la population pourquoi les pharmacies n’ont plus ces médicaments et pourquoi les ruptures vont proliférer dans l’avenir », défend Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO).

Les industriels du générique sont étranglés : en 2023, les baisses de prix vont représenter 67,4 M€ et vont devoir faire face à une clause de sauvegarde record de 150 M€ additionnels. « Chaque acteur du générique a actuellement 150 à 200 médicaments en marge négative », glisse Stéphane Joly, président du Gemme. Avec le risque de voir des lignes de fabrication s’arrêter et les façonniers emboîter le pas. Alors que le prix moyen d’une boîte de médicament générique est de 2,85 €, les industriels des médicaments matures ne seront donc plus en capacité d’assurer leurs engagements en matière de souveraineté sanitaire.

L’Etat est-il prêt à changer de stratégie ? On peut en douter. En décembre dernier, le CEPS a fixé le cap : des baisses drastiques pour 2023 sur sept molécules et non des moindres, dont le bisoprolol, la metformine, l’atorvastatine, le pantoprazole, l’ésoméprazole… Cette dernière molécule a essuyé sept baisses de prix en 10 ans, passant de 33 € à 3,36 €.

En hausse à l’étranger

« Il faut repenser la stratégie du médicament dans une dynamique positive et non dans une stratégie de déflation », lance Pierre-Olivier Variot. C’est la voie choisie en Allemagne et au Portugal pour lutter contre les effets de l’inflation. Ces deux pays ont réévalué les prix de leurs produits matures, indique le Gemme. « Il faut des prix européens pour nos médicaments qui sont trop bas, pour limiter les ruptures et éviter les concurrences délétères, réclame Philippe Besset, précisant qu’en Allemagne il existe des primes pour l’importation de médicaments.

Le Gemme demande, lui, un moratoire sur les baisses de prix en 2023, des hausses ciblées sur des médicaments à faible prix, d’intérêt thérapeutique majeur, fabriqués en France ou en Europe, et une accélération du développement des biosimilaires et des médicaments hybrides, ainsi qu’un élargissement du Répertoire des génériques.

En tout état de cause, la profession a fait mouche. Le CEPS « a regretté que nous n’ayons pas assisté à cette réunion, et a laissé entendre qu’il ne prendrait pas de décisions de baisses de prix en notre absence », rapporte Philippe Besset.

Quant au gouvernement, il a lancé, le 25 janvier, une mission interministérielle chargée de faire des propositions sur les mécanismes de régulation et de financement des produits de santé. Des « premières pistes de solutions » sont attendues dans trois mois dans la perspective du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, puis « un rapport finalisé » dans six mois « proposant des pistes d’action à moyen terme », promet Elisabeth Borne dans sa lettre de mission.

Avez-vous commencé à "prescrire" l'un des vaccins du calendrier vaccinal ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !