Les choses ont bien changé - Le Moniteur des Pharmacies n° 3438 du 05/11/2022 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3438 du 05/11/2022
 

Aidants et dépendance

Génériques et biosimilaires

Auteur(s) : François Pouzaud

Si, au début de la substitution des génériques aux princeps par le pharmacien, les personnes âgées étaient les plus réticentes, ce sont celles qui l’acceptent le mieux aujourd’hui.

La capacité du pharmacien à substituer un médicament générique à un princeps dépend de la croyance des patients dans l’équivalence entre les qualités des deux produits ou de leur faible attachement à l’original (préférence pour la marque). Elle relève aussi de leur sensibilité à la gratuité.

Depuis 23 ans, le générique subit une tension permanente. Au début, les plus récalcitrants étaient les patients sous couverture maladie universelle complémentaire (aujourd’hui appelée complémentaire santé solidaire), peu informés et ne comprenant pas bien ce qu’étaient les génériques, et les patients chroniques, plutôt âgés, polymédiqués, habitués depuis des années à leur traitement et, par nature, très attachés au conditionnement prescrit. Sans compter que faire admettre aux Français qu’un bien moins cher avait une valeur pour le système de santé s’apparentait à une véritable gageure.

Grâce aux efforts des pharmaciens et des équipes officinales, le générique a trouvé sa place au sein du système de santé…et de l’armoire à pharmacie. A tel point qu’aujourd’hui, il est incontestablement devenu un médicament du quotidien auquel nos concitoyens sont habitués, d’après les résultats d’une étude Opinion Way, « Les Français et les médicaments génériques », menée pour le Gemme (association des professionnels et des industriels du médicament générique) en février 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 1 024 personnes âgées de 18 ans et plus. Les médicaments génériques sont bien accueillis par les patients : 1 sur 2 leur donne une note de confiance supérieure à 8/10 et 9 sur 10 acceptent les génériques que leur propose leur pharmacien, dont 68 % systématiquement.

Les « antigénériques »

Malgré tout, il reste une part incompressible de réfractaires aux génériques, voire d’opposants à la substitution. Le profil de l’« antigénérique » a toutefois radicalement changé entre 1999 et 2022. Selon l’enquête conduite pour le Gemme, le score de confiance est plus élevé chez les hommes et chez les personnes de 50 ans et plus. Ces dernières, en raison de pathologies chroniques survenant à ces âges avancés, sont davantage familiarisées aux génériques que les plus jeunes. Ceux-ci acceptent les génériques de façon moins systématique ; ils sont majoritaires parmi les 7 % qui attribuent des notes exprimant un rejet de ces médicaments, alors que les 65 ans et plus affichent les meilleurs niveaux de confiance dans les génériques (69 % de notes entre 8 et 10, contre 66 % chez les 50-64 ans et seulement 45 % chez les 18-24 ans). Y aurait-il un phénomène d’incarnation chez les plus âgés ? Certainement, car, si l’acceptation des génériques est plus grande chez ces patients, c’est aussi parce qu’ils ont plus confiance en leur pharmacien que les jeunes, parce qu’ils sont satisfaits des conseils, de l’écoute et du service. Ce capital de confiance se retrouve aussi auprès de leurs aidants. Le fait que le pharmacien soit davantage reconnu comme un professionnel de santé et qu’il se soit engagé dans les nouvelles missions (vaccination, dépistage, entretiens pharmaceutiques, etc.) n’y est pas étranger.

Biosimilaires : des personnes âgées faciles à convaincre ?

La seule analogie entre médicaments génériques et biosimilaires est la perte d’exclusivité des laboratoires pharmaceutiques, et donc l’ouverture du marché à la concurrence. Mis à part cela, les biosimilaires sont beaucoup plus complexes, notamment dans leur procédé de fabrication, raison pour laquelle ils ne peuvent être strictement identiques au biomédicament de référence. La compréhension et l’adhésion du patient à la démarche de prescription et de substitution des biosimilaires sont d’autant plus difficiles à obtenir. De plus, cela n’est possible que pour des patients stabilisés.

La plupart des médicaments biologiques s’administrent par injection. La substitution est donc double, elle porte sur le biosimilaire et sur son système d’injection. Il faudra alors montrer le nouveau dispositif d’auto-injection et expliquer son fonctionnement, deux clés indispensables pour emporter le choix et l’appropriation du nouveau traitement par le patient. Il n’est pas certain qu’un patient stabilisé veuille prendre le risque de changer de médicament et de dispositif médical. Si le traitement idoine a été long à trouver, l’argument économique sera peu ou pas opérant.

Plus que le médicament à injecter, le dispositif médical est un repère, la personne âgée capable de s’autoadministrer son traitement aura donc davantage de mal à en changer, sauf si le nouveau est plus facile d’emploi, provoque moins de douleurs à l’injection et lui fait gagner en qualité de vie.

Dans le cas d’un patient âgé dépendant, tributaire d’une tierce personne pour l’administration (infirmier ou aide-soignant à domicile), le « rapport affectif » avec son traitement biologique sera moindre.

Stabilité de la substitution assurée

Effective le 7 novembre prochain, la dernière convention nationale pharmaceutique instaure une nouvelle rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) : « bon usage des produits de santé ». En tant que telle, la Rosp génériques n’existe donc plus. Dans la Rosp « bon usage des produits de santé », la stabilité de la délivrance est dorénavant un indicateur à part entière, qui donnera lieu à une rémunération maximale de 400 € pour les officines atteignant les objectifs définis dans la convention. Il n’y a aucun objectif de stabilité de la substitution générique en cours, puisqu’aucun avenant à la Rosp génériques n’a été signé en 2021 et en 2022.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !