Déprescrire, c’est l’avenir ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 3438 du 05/11/2022 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3438 du 05/11/2022
 

Aidants et dépendance

Optimisation médicamenteuse

Auteur(s) : Matthieu Vandendriessche

En France, la pratique de la déprescription n’en est encore qu’au stade de l’expérimentation. Elle devrait prendre son essor dans une dynamique interprofessionnelle où les officines seraient parties prenantes.

C’est une pratique si novatrice que sa définition ne fait pas encore consensus. « A ce jour, la déprescription en est au stade de l’expérimentation et de travaux de recherche. Si la Haute Autorité de santé a émis des recommandations qui vont dans ce sens, il n’y a pas de cadre réglementaire, pas de nomenclature », indique Hector Falcoff, médecin membre de la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG) et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Paris 13. L’observatoire des médicaments, des dispositifs médicaux et des innovations thérapeutiques (Omedit) Grand-Est s’est penché sur la déprescription et en livre cette définition : « Processus planifié et supervisé par un professionnel de santé de retrait de médicaments ou d’une réduction de posologie lorsque les risques potentiels sont devenus supérieurs aux bénéfices attendus, en vue d’une réduction de la polymédication et de ses conséquences. » Il a lancé il y a quelques mois un appel aux médecins volontaires pour tester des outils visant à déprescrire. « Il s’agit d’identifier les classes thérapeutiques concernées, comme les benzodiazépines, les inhibiteurs de la pompe à protons ou certains antalgiques utilisés de manière inappropriée. La réflexion s’oriente également sur une typologie de patients ou sur un secteur d’activité, par exemple les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) », explique Manon Vrancken, pharmacienne chargée de ce projet mené avec l’union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux. « La déprescription est une prescription en soi », indique-t-elle. Fruit d’une concertation entre professionnel et patient, elle nécessite du temps. Tout comme l’adhésion thérapeutique, elle fait intervenir des composantes psychologiques, sociologiques, comportementales ou même scientifiques. « Le médecin doit chercher à sensibiliser le patient, à lui transmettre des connaissances sur son traitement et sur cette démarche tout à fait nouvelle, », conclut Manon Vrancken.

Incontournables bilans de médication

Pour créer une dynamique favorable, Hector Falcoff mise d’abord sur quelques praticiens motivés. « Puis, un deuxième cercle serait constitué de professionnels des maisons de santé et des CPTS, avant de s’élargir plus encore. » Le médecin milite pour une campagne d’envergure auprès de la population. « Celle sur les antibiotiques pourrait servir de modèle. Nous en sommes arrivés à ce que des patients nous demandent s’ils ont vraiment besoin d’antibiotiques et préféreraient ne pas en avoir. » Ce changement de culture implique tous les professionnels. « Les hospitaliers ont l’autorité sur les patients et les généralistes en ont la confiance. L’hôpital fait le ménage dans les traitements, mais n’a pas forcément obtenu l’adhésion du patient. Il ne faudrait pas qu’une benzodiazépine soit arrêtée d’un côté et represcrite de l’autre », pointe-t-il. Les pharmaciens d’officine ont part à cette approche. « C’est une affaire d’équipe. La déprescription ne peut se faire qu’à partir d’un bilan partagé de médication pour considérer la globalité des traitements, observer ce qui n’est pas nécessaire, ce qui manque et ce par quoi on peut remplacer un médicament », avance Sophie Dubois, pharmacienne à la CPTS Paris 13. Cette dernière porte justement dans ses axes prioritaires l’amélioration de la qualité de prescription. « Les pharmaciens sont aussi impliqués en relayant les explications du médecin et en rassurant le patient », complète Manon Vrancken. Ils pourraient en outre agir en prolongement de la démarche. « Pourquoi pas pour arrêter un hypnotique chez une personne âgée, par exemple, en l’accompagnant tous les jours pendant une semaine, puis deux fois par semaine encore quelque temps pour s’assurer de l’arrêt progressif du traitement », suggère Hector Falcoff.

Un site qui fait référence

Le site internet canadien deprescribing.org fait figure de référence pour engager une pratique de déprescription. Des algorithmes, des dépliants d’information et des études de cas y sont mis à disposition. Ce site dispose également d’une chaîne YouTube (bit.ly/3Nipkyv).

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