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Aidants et dépendance
Observance des traitements
Auteur(s) : Matthieu Vandendriessche
Ils sont influencés par leur culture, leur milieu social, leur expérience personnelle du médicament, leurs pathologies et leur confiance dans le système de santé. Une étude canadienne a mis en évidence quatre profils de patient. Certains respecteraient la prescription de manière assidue. D’autres auraient tendance à se tourner vers l’automédication, étant critiques vis-à-vis du système de santé mais confiants dans le médicament. Ceux qui ont confiance dans le système mais pas dans le médicament pourraient avoir une attitude d’évitement. Enfin, ceux qui sont critiques vis-à-vis du système de santé autant que du médicament adopteraient d’autres solutions.
L’image de la personne âgée qui respecterait scrupuleusement son traitement ne reflète pas forcément la réalité. Au cours des entretiens pharmaceutiques que nous menons, nous constatons que les plus méfiants vis-à-vis des médicaments sont parfois ceux qui en reçoivent le moins. Quand nous prenons le temps d’investiguer, les patients ne cachent pas leurs pratiques. Par exemple, l’un d’entre eux nous a avoué diminuer de moitié le dosage de son traitement car il s’estimait trop frêle pour la dose entière.
Un des leviers difficiles à actionner est celui qui porte sur la représentation du médicament. Nous avons du mal à changer cette perception. Aller à l’encontre des croyances, cela peut être contreproductif. Aussi nous nous adaptons à un patient qui est dans le refus du médicament. En lien avec le médecin gériatre, nous travaillons sur la répartition des prises, sur les galéniques avec des formes à libération prolongée. L’idée est d’inclure la décision du patient dans les choix thérapeutiques et de trouver un compromis si les contraintes liées au médicament mettent en péril l’observance du traitement. Par exemple, la prise à jeun, à distance du petit déjeuner, de la lévothyroxine peut être un frein. Il est préférable d’autoriser une prise rapprochée du repas, sous réserve d’un petit déjeuner relativement standardisé, en accord avec le patient, et d’une adaptation du traitement à la thyréostimuline.
De manière générale, les patients sont satisfaits d’arrêter un médicament. Si nous leur posons la question, ils considèrent qu’ils en prennent trop. Parmi ceux qui sont autonomes dans la prise de leurs médicaments, nous observons qu’environ la moitié d’entre eux sont en difficulté pour la préparation ou l’administration d’au moins un de leurs médicaments. Il nous faudrait également détecter une potentielle altération de la capacité cognitive et une éventuelle perte d’autonomie dans la gestion des traitements. Les équipes de soins ne se rendent pas forcément compte de ces difficultés si les altérations ne sont pas franches.
Nous pratiquons la conciliation médicamenteuse, qui demande un croisement des données sur les médicaments pris par les patients hospitalisés. Cela nous conduit à solliciter les officinaux, et à leur transmettre un compte rendu de ce qui est décidé dans les services hospitaliers via une plateforme sécurisée de données de santé. Il est possible d’intégrer ces informations au logiciel de l’officine sous format PDF ou de les imprimer. L’officinal peut ensuite réitérer ces explications. De notre côté, nous sommes preneurs de bilans de médication récents, qui constituent une aide supplémentaire à l’adaptation des traitements. Certains officinaux nous envoient des comptes rendus où ils notent les particularités qu’ils relèvent. Ce travail, mené dans le cadre du dispositif Partage groupement hospitalier de territoire 49, a débuté en mars 2021, dans le Maine-et-Loire, et 95 % des officines y adhèrent.
MATHIEU CORVAISIER est pharmacien et assistant hospitalo-universitaire dans le service de gériatrie du centre hospitalier universitaire d’Angers (Maine-et-Loire).
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