PRÉVENTION ET DÉPISTAGE : LE GRAND TREMPLIN - Le Moniteur des Pharmacies n° 3423 du 25/06/2022 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3423 du 25/06/2022
 

Les services en lien avec l’Assurance maladie

Auteur(s) : François Pouzaud

Les missions réalisées avec succès par le réseau dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 prouvent que les pharmacies d’officine doivent désormais occuper une place centrale dans la stratégie de prévention et de dépistage.

La vaccination anti-Covid-19 en officine n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a été marquée par de nombreuses négociations avec le ministère de la Santé. Il a fallu attendre le 24 mai 2021 pour que les pharmaciens soient autorisés à vacciner avec le vaccin de Moderna et jusqu’au 5 octobre avec celui de Pfizer/BioNTech. Plus tard, la mobilisation des pharmaciens et de leurs équipes tant pour la vaccination que pour le dépistage avec les tests antigéniques et les autotests supervisés ont convaincu et recueilli la faveur des chiffres : aujourd’hui, près de 19 000 officines vaccinent, et à date du 26 avril 2022, 90 % des vaccinations contre le covid-19 ont été réalisées en ville dont deux tiers par les pharmaciens. Pour le dépistage du Covid-19, les pharmacies sont également en première ligne. Trop, peut-être, car elles ne jouissent plus, en cette période de décrue de la pandémie, de la même reconnaissance de leur investissement. En 2022, l’Assurance maladie a baissé par deux fois la rémunération des pharmaciens sur les tests antigéniques. Une mesure qui stigmatise le professionnel de santé de ville le plus investi dans le dépistage. Le préjudice économique baisse à mesure que les activités de dépistage diminuent en volume avec la décrue de l’épidémie amorcée depuis début avril. Moins de 1 million de tests antigéniques sont réalisés et à peine plus de 2 000 autotests sont dispensés par semaine par les pharmaciens au début du mois de mai.

Vaccinations de l’adulte : la consécration

L’un des enjeux de la nouvelle convention pharmaceutique était de pérenniser ces deux mesures dérogatoires et de les consolider. « Les pharmacies ont toutes les compétences pour vacciner l’ensemble de la population contre la grippe, faire respecter le calendrier vaccinal et vacciner en conséquence, également contre le papillomavirus pour les jeunes adolescents dès 12 ans. Les officines doivent également devenir le lieu privilégié pour tous les dépistages », lançait Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), avant le début des négociations avec l’Assurance maladie. Après quatre mois de négociations au pas de charge, sur les dossiers de la vaccination et du dépistage, les syndicats pharmaceutiques ont été entendus par l’Assurance maladie qui accède à leur demande en écrivant ensemble un chapitre consacrant l’élargissement des compétences du pharmacien en matière de prévention : vaccinations de l’adulte, dépistage du cancer colorectal, dépistage et prise en charge des cystites aiguës chez la femme. Le ministère de la Santé a publié au Journal officiel du 23 avril 2022 un décret et deux arrêtés validant l’extension des compétences vaccinales des pharmaciens, conformément à ce qui est inscrit dans la nouvelle convention pharmaceutique. Ces divs réglementaires habilitent les pharmaciens à administrer, pour l’instant uniquement sur présentation d’une ordonnance médicale, les vaccins contre 15 maladies : grippe, rage, diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, papillomavirus humains (HPV chez les plus de 16 ans dans le cadre d’un rattrapage vaccinal), pneumocoque, hépatites (A et B), méningocoques (A, B, C, Y et W). Le droit de prescrire les vaccins qu’ils administrent attendra 2023. De même, les pharmaciens ne peuvent pas vacciner avec des vaccins à virus vivants et atténués inscrits au calendrier vaccinal.

Dépistage de l’infection urinaire : peut mieux faire

En confiant au pharmacien le dépistage des infections urinaire simples (cystite aiguë de la femme) par la délivrance d’une bandelette urinaire en vue de réaliser une analyse puis d’interpréter son résultat, l’un des objectifs poursuivis est de faciliter le parcours de soins de la patiente. Sur ce plan, il est à moitié rempli, selon les syndicats pharmaceutiques qui souhaitent que les pharmaciens puissent accompagner les patientes atteintes de cystite aiguë simple au-delà du dépistage, en étant habilités à prescrire de la fosfomycine. Et ce pour éviter les situations embarrassantes du refus de délivrance d’antibiotique du samedi après-midi en cas de cystite aiguë avérée quand le cabinet médical est fermé.

En attendant le droit de prescription pharmaceutique, la délivrance de l’antibiotique obéit au dispositif de l’ordonnance conditionnelle, déjà éprouvé avec la délivrance des antibiotiques et les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) angine, à travers l’instauration de deux parcours possibles de prise en charge. Soit la patiente se présente spontanément à l’officine où le pharmacien va s’occuper d’elle. En cas de résultat positif, il l’invite à se rendre chez son médecin traitant ou une sage-femme avec le résultat du test. Soit la patiente est orientée vers la pharmacie par son médecin traitant ou sa sage-femme pour la réalisation du test. Si le prescripteur a préalablement établi, conformément aux dispositions réglementaires, une ordonnance dite « conditionnelle » d’antibiotique, le pharmacien dispense l’antibiotique prescrit en cas de résultat positif.

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