NOUVELLES MISSIONS : OÙ EST LA COHÉRENCE ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 3423 du 25/06/2022 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3423 du 25/06/2022
 

Les services en lien avec l’Assurance maladie

Auteur(s) : Matthieu Vandendriessche

Pratiquer un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) de l’angine. Puis dispenser un antibiotique sous protocole et conditionné à l’unité. Depuis dix ans, la convention pharmaceutique génère des missions comme autant de briques pour bâtir l’édifice d’un nouvel exercice officinal. Mais quels sont ses plans de construction ?

FABRICE CAMAÏONI, pharmacien titulaire à Revin (Ardennes) et vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF)

« Dans les négociations conventionnelles, nous ne sommes pas partis en nous disant qu’on allait créer la pharmacie française de demain. Nous avons appris en marchant. Les nouvelles missions ne sont pas forcément reliées les unes aux autres. Elles sont arrivées à des moments différents et pour des raisons différentes les unes des autres. Il n’y a pas de cohérence évidente mais une adéquation avec les divers types d’exercice selon l’environnement et la volonté de faire. Ces missions ont été conçues pour que tous les pharmaciens se les approprient s’ils le peuvent. Je n’ai pas envie d’entendre dire “Vous ne faites pas assez de bilans de médication” : les pharmaciens font ce qu’ils peuvent selon leur organisation et les attentes des patients. Beaucoup d’officines s’investissent dans un suivi rapide avec des résultats immédiats et une rémunération dans la foulée. Des “pharmaciens de dossier” opteront pour les entretiens pharmaceutiques. La profession met plusieurs cordes à son arc. Chacun doit s’y retrouver et aller au-delà du modèle de la dispensation du médicament sur lequel nous nous reposions il y a 30 ans. Le pharmacien n’osait pas appeler le médecin sauf en cas de situation grave. Aujourd’hui, les pharmaciens ont pris de l’assurance et s’affranchissent de cela. Mais il reste que le pharmacien correspondant ne peut agir que si le médecin lui donne son feu vert. Tant que notre exercice reste lié son aval, la mission ne se fera pas. Il faut donner de l’autonomie au pharmacien. Le ministère de la Santé sait aujourd’hui qu’il peut être un recours efficace et efficient si besoin. C’est là qu’on l’attend. Pour la prise en charge de la cystite, il y a un goût d’inachevé. Pourquoi ne pas délivrer nous-mêmes la fosfomycine lorsqu’on est implanté dans une zone de sous-densité médicale ou en dehors des heures d’ouverture du cabinet ? C’est pareil pour le dépistage du diabète. Pourquoi passer par le cabinet médical avant le laboratoire de biologie médicale après la réalisation de la glycémie capillaire à l’officine ? Plus on avance, plus on voit que le champ des possibles est immense. »

OLIVIER ROZAIRE, pharmacien titulaire à Saint-Bonnet-le-Château (Loire) et président de l’URPS pharmacien Auvergne-Rhône-Alpes

« Aucune officine ne va mettre en œuvre toutes ces missions en même temps. Certaines sont réalisables par l’ensemble des pharmaciens, quel que soit leur mode d’exercice. C’est le cas du dépistage des infections urinaires et du cancer colorectal, de la téléconsultation. Plus de 9 officines sur 10 pratiquent déjà la vaccination. Elles s’impliqueront dans les 14 nouveaux vaccins à administrer après un travail supplémentaire à fournir pendant la première année. La dispensation sous protocole intéresse tous les pharmaciens. Elle n’est pas compliquée à mettre en œuvre et répond à une attente des patients. Cela soulagerait un peu les médecins et les services hospitaliers. Mais elle est sous-tendue à une implication dans une structure d’exercice coordonné. Derrière un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) de l’angine, nous devrions tous pouvoir proposer un antibiotique, sauf en cas d’allergie aux pénicillines. Pourquoi s’arrêter en chemin ? Pourquoi pas un dépistage de la cystite puis une dispensation de fosfomycine ? L’idée est là mais la mise en œuvre est moins évidente. Il faudrait convaincre les autres membres de la structure et se faire rémunérer par son intermédiaire. Et puis cela introduit une distorsion réglementaire entre pharmacies. Il y a la même compétence et la même volonté mais, selon les communes, certains patients y auront accès et d’autres pas. Toutes les missions ne répondent pas aux attentes de tous les pharmaciens. Il ne faudrait s’intéresser qu’à deux ou trois sujets et proposer un calendrier de mise en œuvre, des formations, une organisation et des moyens pour communiquer auprès des patients. C’est une base de travail. Les nouvelles missions sont amenées à se simplifier et ainsi à se généraliser. On pourrait par exemple avoir un modèle unique d’entretien pharmaceutique. Dès lors qu’un patient chronique reçoit trois ou quatre médicaments, peu importe lesquels, il serait éligible à un accompagnement. Le pharmacien doit aussi garder ses lettres de noblesse. La dispensation du médicament devient de plus en plus technique et spécifique. Les officines devraient pouvoir continuer à fonctionner si elles ne voulaient faire que de la délivrance. Les nouvelles missions ne doivent pas être financées en appauvrissant le cœur de l’activité. »

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