BIOSIMILAIRES : CE QU’EN PENSENT LES ASSOCIATIONS DE PATIENTS - Le Moniteur des Pharmacies n° 3423 du 25/06/2022 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3423 du 25/06/2022
 

Les services en lien avec l’Assurance maladie

Auteur(s) : Matthieu Vandendriessche

Les associations de patients sont impliquées dans les orientations prises pour la mise à disposition des biosimilaires. Elles guident leurs adhérents dans un parcours de soins qui intègre de plus en plus ces médicaments. Voici ce qu’elles en pensent et ce qu’elles attendent des officines.

« Il revient aux patients de décider de leur niveau d’information »

Françoise Alliot-Launois, présidente de l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar)

« Nous sommes une association qui porte la voix de près de 20 millions de personnes atteintes de maladies articulaires et rhumatismales en France. Il s’agit de maladies rhumatismales inflammatoires, d’arthrose, d’ostéoporose, de lombalgies, de troubles musculosquelettiques ou encore de maladies rares. Environ 1,5 million de patients sont concernés par les biosimilaires du fait de traitements au long cours pour une maladie rhumatismale. La polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante, par exemple, se déclarent à un âge jeune. Le patient vit de façon chronique avec sa pathologie et son traitement. Au fil de son parcours, il ne retrouvera pas toujours la même molécule avec le même nom et la même boîte. Le patient accepte son traitement, il vit avec et doit être en capacité de se soigner en le prenant régulièrement sans l’interrompre. Il faut donc créer les conditions pour qu’il s’adapte à un nouveau médicament. Il y a une marge de progression sur le parcours global et sur la coordination entre professionnels lorsqu’on entend un patient dire qu’il a consulté son rhumatologue et que c’est son pharmacien qui lui a annoncé qu’il est traité par un biosimilaire. Nous avons constaté que le tiers des patients ne savent pas s’ils reçoivent un médicament de référence ou un biosimilaire. La moitié d’entre eux affirment ne pas connaître cette notion. Il y a un niveau minimum à acquérir pour disposer des clés nécessaires pour suivre son traitement. Des explications et informations sont délivrées. Par leurs connaissances, les patients ont besoin de prendre le pouvoir sur leur maladie et leur thérapie. Il leur revient de décider du niveau d’informations qu’ils souhaitent recevoir. Il n’est pas nécessaire de disposer d’une information approfondie sur la fabrication d’un biomédicament. Certains sont très intéressés par cela. Pour notre part, nous répondons à des questions écrites et produisons des documents d’information. Les patients apprécient l’innovation, l’émergence de nouveaux traitements. Ils considèrent les biosimilaires comme un enrichissement de l’arsenal thérapeutique. Si la confiance est là, ils seront entièrement convaincus de l’efficacité et de la sécurité de ces médicaments. »

« Les biosimilaires ne sont pas une préoccupation pour les patients »

Dr Jean-François Thébaut, cardiologue, vice-président de la Fédération française des diabétiques (FFD)

« Le recours aux biosimilaires permet à la Sécurité sociale de consacrer des ressources financières à d’autres thérapies plus onéreuses. La Fédération française des diabétiques y est bien entendu favorable dès lors que l’intérêt des patients est le premier critère pris en compte. Nous recommandons que ces médicaments soient institués d’emblée, que ce soit par un diabétologue ou un médecin généraliste dans le cadre d’une décision médicale partagée. L’abasaglar et l’insuline lispro sont déjà prescrits depuis plusieurs années. Cela n’est pas une préoccupation pour les patients. Nous n’avons pas eu de retour en ce sens. La particularité du diabète, par rapport à d’autres pathologies, est que le patient peut s’assurer immédiatement de l’efficacité de son traitement en contrôlant sa glycémie. Dans le cas de l’insuline asparte, qui peut donner lieu à interchangeabilité, il y a des précautions à prendre compte tenu de ses différentes indications et de la possibilité de l’utiliser avec un système de pompe. L’interchangeabilité doit être considérée par le médecin comme une nouvelle prescription. S’il y a changement de dispositif, il doit y avoir éducation du patient pour son maniement en autoadministration. L’information qui lui est délivrée doit être claire et impliquer toute l’équipe soignante : médecin, pharmacien et infirmier. Le fait de changer un traitement peut déstabiliser un patient atteint de maladie chronique. Il ne faut pas balayer d’un revers de main l’effet nocebo d’un traitement. De même, lorsque le médecin choisit un biosimilaire, il n’est pas recommandé de passer de l’un à l’autre en fonction des approvisionnements. C’est ainsi que nous considérons avec précaution l’argument de l’intérêt des biosimilaires dans les ruptures d’approvisionnement. »

« S’en tenir au même biosimilaire tout au long du traitement »

Pr Jean-Paul Vernant, hématologue, vice-président de la Ligue contre le cancer

« La Ligue contre le cancer est très favorable au recours aux biosimilaires. Ce sont des médicaments qui sont déjà largement prescrits par les médecins hospitaliers. Les pharmaciens d’officine peuvent aujourd’hui substituer le filgrastim et le pegfilgrastim. Au niveau des services hospitaliers, la prescription de ces facteurs de croissance hématopoïétiques est d’ores et déjà effectuée sous forme de biosimilaires. Si ce n’est pas le cas ou si une prescription émanant du médecin généraliste comportait le biomédicament de référence, le pharmacien pourrait être amené à substituer ces molécules. De la même façon qu’il délivre un générique à la place du médicament princeps, il est souhaitable qu’il puisse substituer un biomédicament de référence par un biosimilaire. Sauf en cas de mention contraire du prescripteur pour des raisons qui tiennent à la situation médicale du patient, tel que cela est précisé dans l’arrêté du 12 avril 2022. A priori, cette substitution ne présente pas de difficultés particulières. Le pharmacien d’officine n’a donc pas à en faire plus pour un médicament biosimilaire qu’il ne le fait déjà pour un générique. Dans les protocoles de chimiothérapie, le recours au générique est déjà très répandu. C’est le cas pour près de 80 % des produits de chimiothérapie auxquels on associe des facteurs de croissance hématopoïétiques. Il n’y a donc rien d’étonnant à proposer cette substitution. Ce que nous souhaitons toutefois, c’est qu’à l’instar de ce qui est recommandé pour les génériques le pharmacien s’en tienne à la même spécialité biosimilaire tout au long du traitement. »

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