« Nous essayons de dissiper certaines croyances » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3393 du 27/11/2021 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3393 du 27/11/2021
 

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MON MÉTIER

Auteur(s) : Magali Clausener

Marie Ginapé est titulaire à la Martinique depuis dix ans. Un exercice aussi passionnant qu’éprouvant.

Depuis le début de la crise sanitaire, le plus marquant a été le confinement d’août 2021. Nous n’étions pas loin d’être submergés par la situation. Nous avons ressenti la peur des patients et une certaine lassitude, la vaccination étant à un seuil très bas chez nous », relate Marie Ginapé, titulaire à Basse Gondeau, à la Martinique. Originaire de l’île, la pharmacienne est revenue aux Antilles en 2010, fraîchement diplômée, et a acquis son officine en juillet 2011 après avoir travaillé durant un an dans les pharmacies de ses parents, également pharmaciens comme sa grand-mère, sa tante et ses cousines. La pandémie de Covid-19 n’a pas entamé sa motivation. Au contraire même. « Cela a valorisé notre profession, et j’étais fière de participer à l’effort pour répondre aux besoins de la population », affirme la titulaire dont l’équipe compte 2 adjoints, 9 préparateurs, 2 rayonnistes et 1 apprentie préparatrice.

Tous vivent pourtant un exercice difficile actuellement. La Martinique, comme la Guadeloupe, se caractérise par une vive opposition aux vaccins anti-Covid-19. « Notre cahier de rendez-vous pour les vaccinations était pratiquement vierge au début et la méfiance envers le vaccin d’AstraZeneca n’a pas arrangé la situation. Aujourd’hui, la demande est sensiblement en hausse », remarque Marie Ginapé.

La médecine des antivax

Aux Antilles, la population privilégie en effet la médecine traditionnelle locale, prônée par les antivax. « Durant le dernier confinement, les clients venaient avec une liste de produits en phytothérapie, en homéopathie ou en aromathérapie pour booster leur immunité. Les rayons ont été dévalisés. Nous avons fait face à des ruptures concernant des références dont l’usage était détourné, comme Vicks que les gens mettent dans leur masque pour se protéger du virus. Nous avons essayé de dissiper certaines croyances », observe-t-elle.

L’officine a été également confrontée à une forte demande de Virapic, fabriqué par un laboratoire guadeloupéen à base de zèb a pik (appellation créole de l’herbe à pic) et distribué aux Antilles. Une communication du laboratoire le commercialisant, en février dernier, qui laissait entendre un éventuel effet contre le Covid-19, a fait s’envoler les ventes.

Quelques jours avant la mise en place de l’obligation vaccinale pour les professionnels de santé et les personnes travaillant au contact du public (obligation finalement reportée au 31 décembre 2021), la titulaire avait une certaine appréhension : « Un sondage a été mené auprès des 135 officines. 65 ont répondu. 32 % des préparateurs et environ 26 % des pharmaciens titulaires et adjoints ne sont pas vaccinés et ne sont pas prêts à le faire. Et environ 86 % des titulaires rencontrent des difficultés avec leurs équipes », détaillait-elle. Marie Ginapé s’interroge également sur la campagne vaccinale antigrippale : « Je crains l’amalgame dans l’esprit des patients, alors que la couverture vaccinale antigrippale est de 16 % ». Sur ce sujet aussi, elle est bien décidée à s’investir, même si sa pharmacie a été ciblée sur la carte des « pharmanazis » ayant circulé sur les réseaux sociaux. « Cela me préoccupe pour la profession mais, à titre personnel, je ne me laisse pas impressionner. Je continue mon bonhomme de chemin », conclut-elle.

BIO Marie Ginapé

2010 Diplômée de l’université Victor-Segalen, Bordeaux (Gironde)

2011 Acquisition de son officine

2013-2014 Association dans deux autres officines à la Martinique

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