« Je teste le télésoin »

Lorsqu’il apprend en juin 2020 que l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens Occitanie s’apprête à lancer en partenariat avec la plateforme TéléO du groupement d’intérêt public (GIP) e-santé Occitanie une expérimentation sur le télésoin, Daniel Fanguin, titulaire de la pharmacie d’Aubord (Gard), est l’un des premiers à se porter volontaire. « Je pratiquais déjà la téléconsultation et j’y ai vu une opportunité d’offrir un nouveau service et de maintenir le lien avec une partie de ma patientèle qui rechignait à venir à l’officine par peur du coronavirus », souligne ce pharmacien de 39 ans installé depuis 2008 dans cette commune de 2 400 habitants située à une quinzaine de kilomètres au sud de Nîmes. La mise en place a été on ne peut plus simple. Daniel Fanguin disposait déjà dans une salle de confidentialité d’un PC équipé d’un micro et d’une webcam pour les téléconsultations. « Je n’ai donc rien eu à installer. J’ai simplement suivi une formation de moins d’une heure avec le GIP afin de me familiariser avec la plateforme », confie le titulaire qui commence à proposer ce service à une clientèle très active et à des personnes âgées ayant pris l’habitude de lui envoyer leurs ordonnances.

Des usages variés

A l’heure dite, le patient se connecte à la plateforme TéléO en cliquant sur le lien contenu dans le mail de rappel de rendez-vous. « Pas besoin donc de télécharger une application, ni d’entrer un login et un mot de passe, le processus de connexion est très simple et intuitif, assure le titulaire. Cela fonctionne comme sur Zoom ou Meet. Le dialogue est fluide. J’ai même la possibilité de partager mon écran lorsque j’ai besoin de montrer un protocole de soin ou un schéma explicatif ».

Six mois après le lancement, Daniel Fanguin avait réalisé plus d’une soixantaine de télésoins : « 20 % des rendez-vous portent sur les entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication (BPM). Le reste du temps, je m’en sers pour du suivi d’ordonnances, de l’éducation thérapeutique, de l’accompagnement en micronutrition et du suivi oncologique ».

Les entretiens en visio durent de 20 minutes à 1 h 15. Lui qui n’hésite pas à consacrer beaucoup de temps à ses patients les réalise à l’officine, et parfois depuis son domicile. « Le télésoin constitue pour moi le prolongement naturel de la relation établie au comptoir », souligne le titulaire qui ne se fait d’ailleurs pas rémunérer sur ces télésoins. Il déclare simplement les entretiens pharmaceutiques et les BPM réalisés via TéléO comme le prévoit le Journal officiel du 19 mai 2020.

Daniel Fanguin est persuadé que le télésoin à l’officine a un bel avenir devant lui, « d’abord parce que les patients qui l’ont testé l’ont tous plébiscité, en reconnaissant que c’était simple et pratique. Ensuite, parce que les usages digitaux vont se développer inexorablement. C’est à nous, pharmaciens, de nous adapter aux attentes de nos patients, non l’inverse. Le télésoin constitue une opportunité de banaliser la prise de rendez-vous, de proposer de nouvelles formes de coaching, et de développer une manière inédite d’accéder aux conseils et aux soins ».