« Il n’y a pas de retard français sur les nouvelles missions officinales » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3362 du 27/03/2021 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3362 du 27/03/2021
 

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Auteur(s) : Matthieu Vandendriessche

Vaccination, entretiens, tests antigéniques : la France est bien avancée en matière de missions confiées aux pharmaciens. C’est Alain Delgutte qui en fait le constat. Cet ancien président de la section A de l’Ordre des pharmaciens dirige aujourd’hui le Groupement pharmaceutique de l’Union européenne.

Nous vous avons connu à la tête de la section des titulaires d’officine à l’Ordre des pharmaciens. Comment en êtes-vous venu à présider le Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE) ?

Entre 2012 et 2019, en effet, j’ai été président du conseil central A de l’Ordre des pharmaciens. Auparavant, durant deux ans, j’ai représenté la section A auprès du GPUE. Une organisation pour laquelle j’ai été élu président pour l’année 2021, accompagné de mon confrère allemand Mathias Arnold. Par ailleurs, je suis resté membre du conseil national comme représentant de la section A auprès de l’Europe.

Quelles sont les missions du GPUE ?

Le GPUE est une association internationale à but non lucratif dont la principale mission est d’être le porte-voix des pharmaciens d’officine de 32 pays auprès des différentes instances de l’UE : la Commission européenne, le Parlement européen, le Conseil de l’UE, mais aussi l’Agence européenne des médicaments (EMA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Nous sommes consultés lors de réformes de la législation en matière sanitaire. Notre rôle est de valoriser l’officine et de la faire progresser dans ce qu’elle peut apporter aux systèmes de santé. Lors de deux assemblées générales annuelles, nous œuvrons également au développement d’une coopération entre pharmacies européennes.

Quelles sont les priorités de votre mandat ?

L’année 2021 s’ouvre dans la continuité de l’épidémie de Covid-19. Les pharmaciens européens ont acquis une expertise de terrain qu’il faut documenter et mettre en perspective pour proposer de nouvelles solutions. Nous participons par ailleurs aux consultations sur la stratégie pharmaceutique lancée fin 2020 par la Commission européenne. Un de ses principaux volets porte sur la gestion des ruptures d’approvisionnement. La création d’un espace européen des données de santé est également un dossier de l’année en cours.

Qu’est-ce que les pharmaciens européens ont en commun ?

Les différences sont liées aux réalités géographiques et sociales des pays. Mais nous avons un socle d’exercice commun : l’expertise, le service aux populations et la proximité. Partout vous retrouverez l’accompagnement au sevrage tabagique, les conseils aux voyageurs, la substitution par les médicaments génériques, l’organisation de gardes et la collecte des médicaments non utilisés. La prise en charge des maux bénins, les bilans de médication, la préparation de piluliers et l’exercice coordonné sont de plus en plus répandus. L’accompagnement par le télésoin est déjà réalisé dans une quinzaine de pays. Mais tous n’ont pour le moment pas recours aux tests antigéniques en pharmacie.

S’inspire-t-on suffisamment de ce qui se passe ailleurs en Europe ?

Pour la vaccination contre la grippe, nous nous sommes appuyés sur des expériences du Royaume-Uni et du Portugal. Les entretiens et les bilans de médication ont été un exemple anglais. Il est plus facile de convaincre sur le plan national en s’appuyant sur des résultats européens. Ces avancées sont de portée syndicale ; les deux syndicats français, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ont un siège au GPUE. Quant à la démarche qualité, elle nous vient de la Suisse, du Portugal, du Danemark et même de l’Australie. C’est encore la Suisse qui nous inspire la dispensation sous protocole. Des évolutions sont aussi consécutives à la crise sanitaire actuelle : le renouvellement des ordonnances chroniques à expiration et des traitements de substitution aux opiacés sont des missions à perpétuer et à promouvoir.

Comment la France se situe-t-elle par rapport à ces évolutions ?

Nous ne sommes pas en tête du peloton. Mais il n’y a pas de retard français. Ces dernières années, nous avons été capables de nous remettre en question et d’évoluer. A notre tour, nous sommes un modèle pour d’autres. C’est le cas pour la vaccination. Sur la sérialisation, en revanche, nous sommes en retard.

L’Europe n’a pas laissé que de bons souvenirs aux pharmaciens français. Notamment en 2008, lorsqu’il a fallu batailler ferme pour se préserver de l’ouverture du capital des officines…

Ces affaires ont permis de réaffirmer le principe de subsidiarité, c’est-à-dire que chaque pays gère sa politique sanitaire. L’Europe, quand cela fonctionne bien, on en parle moins. Elle a par exemple permis de mieux partager et d’analyser les signaux de pharmacovigilance ou encore de faciliter l’exercice au sein de l’UE à travers la reconnaissance des qualifications. Le GPUE est interrogé par les parlementaires européens quand un projet affecte la pharmacie. Nous échangeons entre pays avant de donner une vision commune.

BIO Alain Delgutte

1991

Installation en tant que titulaire d’officine à Nevers (Nièvre)

2012-2019

Président du conseil central A de l’Ordre national des pharmaciens

2021

Depuis janvier, président du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne

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