Téléconsultation, tout rose ou pas ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 3360 du 13/03/2021 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3360 du 13/03/2021
 

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FACE-À-FACE

Auteur(s) : Fabienne Colin

L’année 2020 a été marquée par le boom des téléconsultations. Deux titulaires nous racontent comment leur officine ont développé cette activité. Un partage d’expérience qui fait l’effet d’un dopage.

Pour quelles raisons vous êtes-vous lancés l’un et l’autre dans la téléconsultation ?

C. L. A l’époque, fin mai 2020, la seule généraliste restant dans le village terminait ses consultations à 17 h 30. Il nous fallait trouver une solution pour le créneau entre 17 h 30 et 20 h, sans avoir à recourir aux urgences.

P. V. Je voulais être dans l’air du temps, car ma pharmacie de centre commercial a pour promesse client de s’inscrire dans la modernité. Par ailleurs, ici, de plus en plus de patients se retrouvent sans médecin traitant.

A quels moyens avez-vous eu recours ?

C. L. Nous sommes équipés avec la borne Medadom, pour 190 € HT par mois, matériel compris. Le dispositif comporte un ordinateur tactile et six objets, dont quatre connectés.

P. V. Je me suis lancé en janvier 2020 avec Docavenue [Ndlr : Docavenue vient de changer de nom et s’appelle désormais Maiia]. J’ai acheté le matériel pour 1 480 € sans l’ordinateur, soit le montant de l’indemnité de la Sécurité sociale pour l’achat de l’équipement. L’abonnement était d’environ 71 € par mois. Finalement, nous sommes équipés d’un écran mural de grande taille (Futuramedia m’en a laissé un quand j’ai changé ceux de la pharmacie), avec une webcam et des objets connectés fournis : un tensiomètre, un glucomètre, un oxymètre, un stéthoscope, un otoscope et une caméra dermatologique.

Avez-vous rapidement atteint un rythme de croisière ?

C. L. Le démarrage a été très tranquille, il a fallu faire connaître la téléconsultation. Au comptoir, nous informons les patients sur notre prestation, notamment quand ils nous disent ne pas avoir envie de se rendre aux urgences.

Nous communiquons aussi sur les écrans dans l’officine et à l’aide de leaflets.

La téléconsultation a vraiment pris son envol quand le médecin local est parti en vacances cet été. Nous avons pu faire du dépannage en bobologie, pour des infections urinaires, des otites, des rages de dents… Nous réalisions environ 25 téléconsultations mensuelles en juillet et août. Nous sommes au maximum à 12 depuis.

Le dispositif est-il conforme à vos attentes ?

P.V. D’un point de vue technique, nous sommes réellement très satisfaits. Nous avons cependant vite déchanté par rapport à l’aspect purement médical. Peut-être étions-nous, avant la pandémie, trop en avance ! En janvier, j’ai joué le patient mystère et j’ai été très déçu par les médecins. L’attente oscillait entre 30 et 45 minutes, ce qui ne me semble pas compatible avec le principe du dispositif. Une fois, un médecin a décroché en voiture, un autre au bord d’une piscine… La plupart ignoraient la possibilité d’utiliser des objets connectés et n’avaient pas été formés à ces outils. Sur six consultations, une seule fut de très bonne qualité.

J’en ai conclu qu’il fallait une assistance par l’équipe officinale, vu le faible niveau d’autonomie des médecins. Du coup, j’ai coupé court. Avec le recul, je crois comprendre qu’au-delà du prix la qualité de l’accompagnement du médecin est importante. Puis le Covid-19 est arrivé et avec lui les solutés hydroalcooliques, les masques et les tests. Bref, on a un peu délaissé voire oublié la téléconsultation.

Assister le patient lors de sa consultation vous semble-t-il obligatoire ?

C. L. Nous aidons la personne à se connecter, à rentrer ses paramètres (sa carte Vitale, son code reçu par SMS, etc.), à remplir un questionnaire sur les allergies… Un centre d’attente s’affiche. On sait alors qu’un médecin se libérera dans « x minutes » ou à telle heure, mais jamais au-delà de 20 minutes. J’attends ensuite que le médecin apparaisse. Puis je laisse le patient dans la pièce.

Finalement, la téléconsultation est-elle une activité rentable ?

C. L. A trois consultations par semaine, ce n’est financièrement pas rentable. Mais la téléconsultation rend de réels services et mes patients en sont satisfaits. Même la mairie promeut cette prestation au sein de ses bulletins municipaux.

P.V. Ce que je viens d’entendre me motive pour donner une seconde chance à cette méthode de soin. J’avais choisi mon prestataire du fait de l’engagement sur un an uniquement et sans leasing. Je vais continuer avec lui, car cette souplesse me convient.

C. L. Ah, moi, je suis engagée sur 24 mois. J’ai un leasing, sans option d’achat. Si je veux continuer, il faudra repartir sur un nouveau leasing.

Elle trouve que cela rend service

CHRISTINE LEROYER est cotitulaire de la pharmacie Autrement à Cérans-Foulletourte (Sarthe). Membre de Totum pharmaciens, son officine de bourg rural génère 3,3 M€ de chiffre d’affaires, dont 69 % en TVA à 2,1 %.

Il avait décidé de tout arrêter

PIERRE VUILLERMET est titulaire de la pharmacie Flandres littoral (groupement Aprium) à Grande-Synthe (Nord). Cette officine de centre commercial réalise un chiffre d’affaires de 4 M€, dont 32 % en TVA à 2,1 %.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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