Vaccins anti-Covid et patients allergiques : quels risques ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 3355 du 06/02/2021 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3355 du 06/02/2021
 
EFFETS INDÉSIRABLES

EXPERTISE

AUTOUR DU MÉDICAMENT

Auteur(s) : Yolande Gauthier

Un peu plus d’une dizaine de cas de réactions anaphylactiques au 22 janvier 2021, pour quelque 963 000 personnes vaccinées contre le Covid. Avec l’arrivée prochaine, à l’officine, d’un troisième vaccin, faut-il s’inquiéter du risque allergique ? Eléments de réponse.

Les patients nous posent beaucoup de questions sur ce sujet », témoigne Ruth Navarro, responsable de la communication au sein du conseil d’administration de la Société française d’allergologie (SFA). « Mais il n’existe aucune contre-indication formelle à la vaccination anti-Covid, hormis un antécédent avéré d’allergie à l’un des composants du vaccin ». Est principalement incriminé le polyéthylène glycol 2000 (PEG), qui intervient dans la composition des nanoparticules lipidiques encapsulant l’ARN messager des vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna. Et, par extension, certains de ses dérivés comme le polysorbate. Ce dernier est présent dans le vaccin AstraZeneca, à vecteur viral élaboré à partir d’un adénovirus de chimpanzé qui a obtenu le feu vert de l’Agence européenne des médicaments (EMA) le 29 janvier. Ce troisième vaccin homologué, qui pourrait être administré par les pharmaciens d’officine, se conserve jusqu’à 6 mois entre + 2 et + 8 °C avant perforation du flacon multidose. Deux doses de 0,5 ml espacées de 4 à 12 semaines sont nécessaires pour l’immunisation.

Deux questions à poser avant de vacciner

Dans son deuxième rapport de suivi de pharmacovigilance des vaccins contre le Covid-19 publié le 29 janvier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) comptabilisait 26 cas graves d’allergie et d’anaphylaxie, dont 9 de grade II et 4 de grade III. 84,6 % (22 cas) concernaient des femmes. Six cas sont survenus chez des patients âgés de 70 ans ou plus. La réaction allergique s’est manifestée moins de 30 minutes après l’injection pour 14 patients. Plus de la moitié (17) des effets indésirables graves de nature allergique se sont résolus en moins de 24 heures, et aucun décès n’est intervenu. « Au total, 11 cas (42,3 %) concernaient des patients avec des antécédents allergiques renseignés », précise l’ANSM. « Le PEG 2000 et le polysorbate 80 sont des allergènes connus, mais le risque est très faible. Alors que plusieurs milliers de médicaments en contiennent, environ 650 allergies seulement au PEG sont déclarées en France », rassure Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues (Syfal). La spécialiste recommande dans ce cadre de poser deux questions avant l’administration : le patient a-t-il développé une allergie connue sévère (choc anaphylactique au moins de grade III avec atteinte multiviscérale sévère menaçant la vie et imposant un traitement spécifique, tels que collapsus, troubles du rythme cardiaque, bronchospasme, etc.) au polyéthylène glycol, au polysorbate ou à un médicament en contenant ? Le patient a-t-il déjà fait une réaction allergique sévère (au moins deux organes touchés) à un autre vaccin ou à un médicament en solution injectable ? Si la réponse à l’une de ces questions est positive, le patient ne doit pas être vacciné et doit être adressé à un allergologue pour réaliser un test cutané.

Certes, des réactions allergiques à la vaccination peuvent survenir en dehors de tout antécédent « mais la probabilité est là aussi très faible, de l’ordre de 1 sur 100 000 », tempère Isabelle Bossé.

Quoi qu’il en soit une réaction allergique sévère survient généralement moins de 20 minutes après l’injection. C’est pourquoi les recommandations préconisent une surveillance rapprochée du patient pendant au moins 15 minutes après la vaccination (voir tableau). Si une réaction modérée apparaît, la prise d’un antihistaminique suffit et le patient sera surveillé jusqu’à la disparition des symptômes. Face à une réaction plus prononcée, Isabelle Bossé préconise « l’injection d’adrénaline - 0,5 mg ou 0,3 mg - et la prise de deux comprimés d’antihistaminique de type cétirizine ou ébastine, avant d’appeler le 15 pour la prise en charge du patient en milieu hospitalier ». Cette conduite est à mettre en oeuvre en cas d’apparition brutale de l’une des deux situations cliniques suivantes. La première est une atteinte cutanéomuqueuse associée à une atteinte respiratoire ou à une hypotension artérielle ou à un signe de mauvaise perfusion d’organe (syncope, collapsus, hypotonie, incontinence). Dans la seconde situation, le patient présente au moins deux symptômes parmi une atteinte cutanéomuqueuse, une atteinte respiratoire, une hypotension artérielle ou un signe de mauvaise perfusion d’organe, ou des signes gastro-intestinaux persistants. « Les personnes qui ont fait une réaction allergique ou anaphylactique n’ont pas plus de risque de réagir au vaccin anti-Covid que les autres », conclut Isabelle Bossé.

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