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EXPERTISE
AUTOUR DU MÉDICAMENT
Auteur(s) : Anne-Hélène Collin
Deux vaccins contre le Covid-19 sont utilisés à ce jour en France : Comirnaty, des laboratoires Pfizer et BioNTech, et le vaccin de Moderna. Développés et mis sur le marché à un rythme sans précédent, reposant sur une technologie nouvelle à ARN messager, ils suscitent de la méfiance. Le point, entre interrogations et fake news.
Moins d’un an après le séquençage du Sars-CoV-2, les vaccins Comirnaty et Moderna sont les premiers à ARN autorisés et administrés à grande échelle. Pourtant, ce n’est pas le premier essai chez l’homme. Les vaccins à acides nucléiques sont à l’étude depuis plusieurs années. Des vaccins à ARN ont fait l’objet d’essais de phase 1 ou 2, notamment contre le virus Zika, de la grippe ou dans le traitement de certains cancers et maladies orphelines, avec des résultats prometteurs. Le développement des vaccins à ARN s’est accéléré ces dix dernières années. Principal obstacle rencontré : la taille des molécules d’ARN, « dix fois plus grosses qu’un antigène sous forme de protéine directement injecté via un vaccin traditionnel », selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ce qui impose de développer un système de transport adapté pour que l’ARN viral pénètre dans les cellules. Pfizer/BioNTech et Moderna utilisent des particules nanolipidiques pour transporter l’ARN vaccinal jusqu’au cytoplasme.
Non, l’ARN ne pénètre pas dans le noyau cellulaire où se situe l’ADN. De plus, la synthèse protéique s’effectue dans le sens ADN-ARN-protéine. « Il n’y a pas dans notre organisme d’enzyme permettant d’inverser ce sens », explique la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf). De plus, « les cellules produisant la protéine Spike à la suite de l’injection du vaccin sont rapidement détruites par le système immunitaire. L’ARN étranger ne reste donc pas longtemps dans l’organisme : il produit juste ce qu’il faut pour entraîner le système immunitaire à réagir en cas d’infection “naturelle” par le virus avant d’être éliminé », indique l’Inserm, tout en précisant : « L’injection est locale et les cellules qui reçoivent l’ARN codant pour la protéine Spike sont principalement les cellules musculaires : en aucun cas l’ARN ne va jusqu’aux cellules des organes reproducteurs (les gonades). Il ne peut donc pas être transmis d’une génération à l’autre. »
« Ces enfants, ces jeunes ne vont pas saturer le système de santé…, répondait Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé (HAS), sur France Info le 12 janvier. Ce sont leurs parents, leurs grands-parents qu’il faut protéger, qu’il faut vacciner. Et ce d’autant que vous ne savez pas du tout aujourd’hui si le vaccin empêche de transmettre [le Covid]. » C’est pourquoi la stratégie adoptée par la France est de vacciner en priorité les plus vulnérables. Selon le dernier bulletin hebdomadaire de Santé publique France, entre le 1er mars 2020 et le 11 janvier 2021, 78 % des personnes décédées avaient 75 ans ou plus.
Selon les données des fabricants, le taux d’efficacité du vaccin Comirnaty est de 52 % avec la première dose et s’élève à 95 % lorsque la deuxième dose a été administrée après 21 jours, avec une fenêtre d’administration jusqu’à 42 jours - durée limite fixée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’il est nécessaire d’espacer les doses. « Sur le plan collectif, l’obtention d’une couverture vaccinale élargie, mais fragilisée par un faible niveau d’immunité, constituera un terrain favorable pour sélectionner l’émergence d’un ou de plusieurs variants échappant à l’immunité induite par la vaccination », alertait l’Académie nationale de médecine dans un communiqué du 12 janvier. D’où l’importance de respecter le schéma à deux doses. D’ailleurs en Israël, pays mobilisé pour la vaccination (2 millions de personnes vaccinées sur 9 millions d’habitants) et marqué par l’épidémie, 17 % des cas graves de Covid-19 sont des personnes ayant reçu uniquement la première dose de vaccin.
Les vaccins disponibles protègent à près de 95 % des formes sévères de Covid-19. Quant aux effets indésirables graves, ils sont jusqu’à présent peu nombreux : 1 pour 100 000 en moyenne chez les plus de 28 millions de personnes vaccinées dans le monde. Le 15 janvier, dans son bulletin hebdomadaire, l’ANSM recensait six cas d’effets indésirables graves (quatre cas de réactions allergiques et deux de tachycardie), « avec une évolution favorable », et une trentaine de cas d’effets indésirables non graves, sur environ 250 000 personnes vaccinées avec Comirnaty. Pour la Spilf, il est probable que les réactions anaphylactiques observées soient liées à des anticorps préexistants anti-PEG, l’un des composants des vaccins.
L’agence a également été informée du décès d’un résident en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) survenu environ 2 heures après l’injection, « mais rien ne permet de conclure que ce décès est en lien avec la vaccination », tempère-t-elle. Une expertise a également été demandée à un centre de pharmacovigilance après la survenue de cas de paralysies faciales dans d’autres pays avec Comirnaty. « L’analyse de ces cas étrangers confirme que ces troubles surviennent de façon extrêmement rare avec une incidence qui ne dépasse pas celle observée chaque année en période hivernale dans la population générale. »
On manque encore de recul puisque les vaccins anti-Covid-19 n’existent que depuis moins d’un an. Cependant, les projections apportent des certitudes sur une efficacité au-delà de six mois, « probablement près d’un an, selon la présidente de la HAS. Au-delà, on ne sait pas. » Et d’ajouter : « Il n’est pas impossible qu’on se fasse vacciner tous les ans. »
Quid de l’efficacité des vaccins sur la transmission virale ? « Il n’est pas facile de recueillir des informations avec certitude, car cela implique des enquêtes épidémiologiques assez lourdes sur un très grand nombre de sujets de par le monde », expliquait Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, le 13 janvier. Avant de déclarer qu’il était « plus probable » que des vaccins puissent agir sur la transmission, « mais ce n’est pas sûr ». Quelques jours plus tôt, Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, se montrait rassurante : « Nous avons des embryons de réponses, mais pas suffisamment pour avoir un jugement. (…) Mais il y a un espoir qu’il y ait une diminution sans disparition de la transmission du virus. » Dans l’attente des conclusions, les mesures barrières s’imposent.
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